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Publié le 19 Juillet 2017

#Crif #VeldHiv - Cérémonie à Bordeaux

Discours d'Albert Roche, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine.

Cérémonie à Bordeaux - Albert Roche

En ce 16 juillet 2016, nous sommes réunis pour le 75 ème anniversaire de la rafle du Vélodrome d’hiver ;

Cette journée nous invite à repenser la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs de France et tout particulièrement, dans la plus grande rafle organisée, les 16 et 17 juillet 1942 par la police française aux ordres du Maréchal Pétain et du tristement célèbre René Bousquet.

Plus de 13 000 juifs, hommes, femmes, enfants, vieillards, les uns valides, les autres malades, furent ainsi raflés et envoyés comme des bestiaux, à la promesse d’une mort certaine, parfois en cours de route, la plupart à leur arrivée au camp de la mort.

Les mots sont, et seront toujours trop faibles pour qualifier l’horreur ordinaire, la terreur silencieuse, et l’effroi d’une mort imminente, qu’aucune transcendance n’a pu enrayer.

Au silence du ciel, répondait alors, le silence de la terre, celui des bourreaux et celui des victimes.

Ce silence assourdissant sur le génocide en cours, fut également celui des chancelleries qui ne surent ou ne purent, ou peut être ne voulurent pas intervenir dans la lente agonie d’une solution finale, largement présagée dans le livre programme d’Adolphe Hitler, publié en France dès 1925.

La véritable question de notre temps et des temps qui viennent est celle du silence, car comme le dit Paul Auster, le silence oblitère tout.

Ne pas dire pour ne pas déranger, ne pas dire pour ne pas vexer, ne pas dire par précaution, par souci de l’autre, ou par peur d’occuper l’espace physique et psychique, ne pas dire pour éviter l’exagération, ou pour se mettre à l’abri des faussaires.

Ne pas dire, voilà bien le symptôme d’une maladie moderne où nous ont conduit certains nostalgiques d’une politique de discrimination, là ou nous conduisent également certains irresponsables, qui, sous couvert d’humour et du droit à l’expression libre, mettent en doute le passé, nient et renient l’Histoire patiemment écrite par de vrais historiens.

Ces officines nauséabondes sont une offense à la mémoire des disparus, morts pour rien, si le mot rien convient à la condition juive.

Il est également une injure vivante aux quelques survivants qui ont sauté des trains, qui se sont échappés par miracle ou par volonté farouche de survivre.

Oui, à n’y prendre garde, le silence oblitère tout.

75 ans après la tragédie et la forfaiture de l’Etat français, reconnue officiellement par le Président de la République Jacques Chirac, en 1995, 75 ans après, le silence n’est plus acceptable.

Comme le dit le Talmud, « le temps est venu », Higuya€ Zman. Le temps est venu de considérer comme politiquement, non le silence, mais le dire et le témoignage.

Il en va tout d’abord de la transmission aux générations futures.

Un jeune homme de 14 ans, regardait un documentaire sur les camps de la mort et me demanda : « qui sont les acteurs principaux qui jouent dans ce film ?

La culture cinématographique, le développement du cinéma fantastique et de toutes ses applications ludiques, ne permettent plus de mesurer la portée et la signification précises de la plus grande et la plus horrible des entreprises de destruction massive d’êtres humains depuis que l’homme est sorti de ses origines animales.

Les grands nombres ont une capacité d’oblitération du réel. Ils nous éloignent de la prise de conscience d’un phénomène répétitif tel que la mise à mort.

Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent, comme le chantait Jean Ferrat. Le poète n’a pas dit six millions. Le nombre est trop abstrait pour frapper les esprits, mais la liste interminable de tous les déportés recensés notamment par serge Klarsfeld, donnent une idée vertigineuse de l’horreur perpétrée. Ecrire ces noms, ou les inscrire sur la pierre, c’est encore faire allégence au silence. C’est pourquoi, nous saluons l’initiative des fils et descendants de déportés, qui annuellement brisent le silence et lisent publiquement à haute voix, les noms de tous les déportés qui laissèrent leur vie, leurs espoirs, et leurs projets dans une salle de douche transformée en piège mortel au Zyclon B.

Dans la tourmente de 42, dans l’espace improbable de cette Europe de l’est devenue le plus grand cimetière juif pour l’éternité, certains, souvent les plus jeunes, tout juste sortis de l’enfance, ont survécu, les uns pour témoigner comme Samuel Pisar, les autres pour en souffrir tel Elie Wisel, d’autres encore pour en tirer une énergie vitale irréductible, une force face à l’adversité.

Dans cette dernière catégorie, je veux rappeler la mémoire de Simone Weil qui aurait fêté ses 90 ans le 13 juillet 2017.

 

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