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Publié le 24 Juillet 2018

#Crif #VeldHiv - Les cérémonies de la journée nationale en mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et en hommage aux Justes organisées par les Crif régionaux

Dimanche 22 juillet, les Crif régionaux ont organisé des cérémonies de commémoration en mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et en hommage aux Justes de France.
Crédit photo : Viviane Attard  - Cérémonie du Crif Grenoble-Dauphiné
 
  • Crif Grenoble-Dauphiné - Cérémonie du 22 juillet 2018
La cérémonie de la journée nationale en mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et en hommage aux "Justes" de France s'est tenue le dimanche 22 juillet 2018 au Monument de la Déportation, sur l'Esplanade des Communes Compagnon de la Libération, à Grenoble. Elle a débuté par l'allumage de bougies par les enfants de l'Ecole Juive de Grenoble, dirigée par Madame Rachel Lahiany.
Dans un discours très applaudi, Yves Ganansia, président du Crif Grenoble-Dauphiné, a expliqué que cette date dans le calendrier hébraïque correspond à la destruction du 1er et du 2ème Temple de Jérusalem, et à de nombreuses catastrophes qui ont jalonné le destin des Juifs au cours de leur histoire mouvementée.
Concernant la Rafle du Vel d'Hiv, le président du Crif a évoqué la responsabilité du gouvernement de Vichy et a rappelé la mémoire de toutes les victimes de la Shoah, insistant sur l'importance de continuer à transmettre cette mémoire vive, à l'heure où les derniers témoins directs s'éteignent, tels Simone Weil ou Claude Lanzmann. Yves Ganansia a également souligné le rôle admirable des « Justes parmi les Nations », qui, au péril de leur vie, ont permis de sauver les trois quarts des Juifs de France. Ces Justes sont l'honneur de la France d'hier et doivent inspirer la France d'aujourd'hui. Il a eu une pensée particulièrement émue pour Anne-Marie Mingat, résistante et Juste, décédée en décembre 2017, et qui, à l'âge de 22 ans, employée à la mairie de Domène en Isère, a sauvé de nombreux juifs en leur fournissant des faux papiers, et a caché des armes, des résistants, ainsi qu'une famille juive réfugiée.
Puis, le préfet de l'Isère, Lionel Beffre, a lu l'allocution de Madame Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées.
La cérémonie s'est achevé par le dépôt des gerbes des associations et les salutations aux porte-drapeaux.

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  • Crif Strasbourg - Cérémonie du 22 juillet 2018

Discours de Pierre Haas, Délégué du Crif Strasbourg à télécharger au bas de cet article

  • ​Crif Toulouse-Midi Pyrénées - Cérémonie du 22 juillet 2018

Article publié sur le site de La Depeche

Simone Veil, Hanna Arendt, Claude Lanzmann, le philosophe Emmanuel Lévinas, Georges Bataille ou Robert Antelme : tous ces passeurs de mémoire, ont trouvé place hier matin dans les trois discours lus devant le monument de la Résistance à l'occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux «Justes de France».

L'horreur des camps était inscrite à jamais dans la chair de beaucoup d'entre eux. Et pour tous le devoir de lucidité face à la barbarie nazie a tenu lieu de boussole pour tenter de comprendre l'inimaginable sans dédouaner le genre humain. «La banalité du mal n'énonce nullement que le mal est banal, mais que le banal est susceptible de produire un mal sans nom, un mal inouï», a rappelé au nom du Crif Roger Attali à travers les mots d'Hanna Arendt. Dans son message lu par le directeur de cabinet du préfet Marc Tschiggfrey, Geneviève Darrieussecq a opposé les deux visages de la France sous l'occupation : celui «de l'obscurité et de la collaboration et (celui) de la lumière des justes». Deux réalités humaines révélées par l'horreur face à laquelle chacun a choisi de se positionner. «Il y a eu la France de Vichy responsable de la déportation de 76 000 juifs, dont 11 000 enfants, mais il y a eu aussi tous les hommes, toutes les femmes, grâce auxquels les trois quarts des Juifs de notre pays ont échappé à la traque». Pour la secrétaire d'État auprès du ministre des armées le constat de Simone Veil est porteur d'espoir puisque «lorsque des Français collaboraient avec l'ennemi, des hommes et des femmes incarnaient l'espérance et le respect de la dignité humaines».

Parmi les 4 000 justes honorés hier Laurent Escribe nommé juste parmi les nations en août 2015 avait 78 ans en mai 1940. Il faisait office de maire par intérim du village de Briatexte, dans le Tarn lorsque 330 Belges sont venus s'y réfugier, a rappelé son arrière-petit-fils Benjamin Tournier. Parmi eux, Israël Presburg, son épouse Virginia et leurs deux garçons Paul alors âgés de 13 ans et Willem 8 ans choisissent rester à Briatexte lorsqu'une fois l'armistice signé, les réfugiés regagnent la Belgique. En dépit des faux papiers que lui a fourni Laurent Escribe Israël Presburg est interpellé et déporté à Auschwitz. Mais après la libération Virginia et ses deux fils quittent le village sains et saufs pour retrouver Anvers. Depuis 2015 Benjamin Tournier raconte chaque année dans les écoles l'histoire de son arrière-grand-père dont le nom est désormais gravé sur la stèle des justes parmi les nations dans le jardin des plantes de Toulouse.

  • Crif Centre - Cérémonie du 22 juillet 2018

Discours de Eliane Klein, Déléguée du Crif Centre

Nous sommes sur cette Place de la République où nous étions rassemblés, plus d'une centaine  en mars dernier, pour rendre hommage à Mireille Knoll, sauvagement assassinée par son voisin. 13ème victime juive française depuis 2003. Victime, comme les précédentes, de la haine antisémite.

Je reviendrai sur ce sujet, source de chagrin, de colère et d'inquiétude.

Donc , en cette journée nationale à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites- les Tziganes et les Juifs- commises par l'Etat français sous l'autorité du gouvernement de Vichy, et  en hommage aux "Justes des Nations", ces femmes et ces hommes, d'origine souvent modeste, connus ou inconnus, qui ont sauvé des Juifs, en particulier des enfants, pendant l'occupation, malgré les risques encourus. Ils témoignent que les êtres humains ont d'autres options que la soumission à un régime criminel. J'ajoute ici le secours apporté par des organisations juives et des associations caritatives chrétiennes.

Hommage à Mr et Mme Labidoire et Mr et Mme Pajon( fille de Mr et Mme Poulain)" Justes des Nations," présents à cette cérémonie.

Nous sommes sur cette Place de la République pour rappeler les terribles évènements advenus si près d'ici, où, après la Rafle du Vel d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942, 13.152Juifs, dont plus de 4.000 enfants furent internés dans les camps de Pithiviers et Beaune la Rolande. Puis, ils furent envoyés directement ou via Drancy- les enfants arrachés à leur mère- dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau pour y être assassinés. Leur "crime" pour les nazis et leurs complices français : être nés juifs.

Ce qui s'est passé ici  est l'un des épisodes les plus tragiques de notre histoire: la complicité active du gouvernement de Vichy, la collaboration à un crime sans précédent, la SHOAH, l'anéantissement programmé de tout un peuple. Arrestations et internement avaient été précédés, dès octobre 40, par le fichage, l'exclusion, la spoliation, avant même , parfois, la demande des Allemands.

L'abrogation du Décret Crémieux le 8 octobre 40,, en Algérie, faisait des citoyens juifs français  des parias

Le projet d'extermination des Juifs n'aurait pu être menée sans le zèle servile, la collaboration de l'administration et des services de police de Vichy. Toutes les mesures prises , signant la faillite de la Démocratie, ne provoquèrent que très peu de protestations. " Combien furent précieux, alors les cris de quelques rares protestataires dans le désert de la soumission"( Michel Winock). Car le crime contre l'humanité perpétré sur le sol européen est advenu dans le silence assourdissant, l'indifférence des nations à l'origine du terrible sentiment de solitude ressenti par de si nombreux Juifs de France.

Je reviendrai sur cette notion de silence, synonyme d'indifférence, de lâcheté, d'abandon, de solitude qui n'est pas sans écho aujourd'hui. "Des prémices de la guerre jusqu'à sa fin, les gouvernements démocratiques, les organisations humanitaires internationales,  le Pape, etc.. se sont tus devant la persécution et l'extermination des Juifs(Gérard Rabinovitch ).. on pourrait multiplier les exemples de soumission , de démission, d'aveuglement et de lâcheté. L'absence de volonté de sauver les Juifs fut masquée par de nombreux alibis..A la Conférence d'Evian en 1938, la SDN avait maintenu les législations restrictives sur l'accueil des Juifs menacés de mort. Aucune aide ne fut décidée, seulement un prêche de bons sentiments Toutes les frontières se fermèrent à quelques exceptions près (Shanghaï)).La conférence n'aura servi qu'à justifier la politique allemande contre les Juifs.

En décembre 38, Von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich, invité à dîner au Quai d'Orsay, exigea que les Ministres juifs , Georges Mandel et Jean Zay, ne soient pas présents. Le Quay d'Orsay s'exécuta. En 1943, dernier appel des Juifs de Varsovie lors de l'insurrection du Ghetto: "Le monde de la liberté et de la justice se tait et ne fait rien".

En fait très rares étaient les leaders démocrates( tel Winston Churchill) qui prenaient la mesure de ce qui se dessinait.

Aussi les questions qui nous hantent: "C'est arrivé, cela peut donc arriver de nouveau"( Primo Lévi). Comme l'a écrit l'historien Georges Bensoussan:"L'Histoire du Régime de Vichy illustre cette fragilité de la Démocratie quand ses principes fondamentaux sont bafoués, quand on permet à des idéologies totalitaires de pénétrer l'espace républicain".

L'Histoire de la mise à mort industrielle des Juifs d'Europe prend tout son sens si elle nous permet de décrypter le présent, la féroce actualité du présent, de voir ce que l'on voit et surtout de le nommer. Cette réflexion m'amène à exprimer ici mon inquiétude et ma colère.

Colère face au déni- ce "cancer aux effets ravageurs"( Elisabeth Badinter) qui a prévalu depuis des décennies.

Ce déni fait de silence, souvent pire que les mots, de minimisation, voire de négation, d'excuse "sociologique"ou de "psychiatrisation", d'un antiracisme dévoyé, de l'intimidation pour empêcher la pensée et la parole, déni de milieux médiatiques, politiques ou judiciaires. Et surtout, le refus obstiné de nommer le mal: l'islamisme.

Sans faire un parallèle avec le nazisme, ni même avec l'antisémitisme des années 30 ( trop souvent évoqué pour ne pas regarder le présent),je cite l'historien Elie Barnavi: "Que de souffrances l'humanité ne se serait-elle pas épargnée si l'on avait consenti à voir dans "Mein Kampf" ce qu'il étalait au grand jour, à savoir un programme d'action qui allait être méthodiquement exécuté à la face des démocraties sceptiques".

Et que voit-on aujourd'hui?

La violence d'une idéologie totalitaire, celle de l'islam politique-islam radical-celle de la Confrérie des Frères musulmans, dont les liens historiques avec le nazisme sont à l'origine de la propagation d'une idéologie antisémite mortifère dans le monde-  ayant pénétré une frange de notre société: "cet islamisme a le même visage de l'homme ordinaire que celui des SS de la Division Das Reich, des hommes pétris de haine et de violence qui tuent d'autres hommes"( Barbara Lefebvre). Cette haine, également propagée par le Wahhabisme, a mené les tueurs-islamistes français à frapper le coeur  de notre civilisation, la Démocratie et les valeurs et principes qui la fondent, à attaquer la France laïque dans sa "manière de vivre", policiers, militaires, journalistes, un prêtre, le public du "Bataclan", personnes aux terrasses des cafés, la foule de la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016....tous victimes de cette barbarie.

La barbarie est à l'oeuvre dans certains lieux en France, où une "contre-société" fait régner sa loi, ou l'antisémitisme est devenu un véritable code culturel, auquel s'ajoute un antisionisme virulent-"antisémitisme justifié, une aubaine"( Jankélévitch).

Je ne citerai pas toutes les dérives, exactions allant jusqu'aux crimes, infligés à une partie des Juifs de France, seulement quelques faits: En 2002, "Les Territoires perdus de la République" décrivaient les atteintes à la laïcité, l'antisémitisme, le racisme et le sexisme sévissant en certains milieux scolaires, études confirmées par les travaux de l'Inspecteur général de l'Education nationale Jean-Pierre Obin. Ces études ont été volontairement ignorées. Je rappelle qu'il n 'y a plus d'élèves juifs dans les écoles publiques de Seine St Denis, que de très nombreuses familles juives quittent les villes de banlieue, (ou s'exilent), que lors de manifestations à Toulouse ou à Paris, en 2014, les cris de "mort aux Juifs", "Juifs, la France n'est pas à toi", ont retenti, sans oublier la tentative de pogrom contre les Juifs réfugiés dans la Synagogue de la rue de la Roquette.

Enfin, autre source d'inquiétude et de colère: l'appel au boycott total de tous les échanges, économiques, scientifiques, culturels, sportifs, israéliens par des militants pro-palestiniens nous rappelle le boycott total institué par les nazis dès les années 30 de tous les produits juifs , mais aussi les médecins, les écrivains, les artistes, etc..( petit rappel: silence des  médias sur les enfants enfermés dans la grotte en Thaïlande,  localisés et sauvés grâce à la technologie israélienne).

La logique du boycott signifie la négation de l'autre, c'est un meurtre symbolique qui nous fait entendre "une petite musique de mort" de l'Etat d'Israël, qui serait "en trop" , comme les Juifs l'étaient pour les nazis.( Meïr Waintrater et Georges Bensoussan).

Enfin, comme j'avais déclaré au début de mon intervention, nous étions ici pour un hommage à Mireille Knoll, 13ème victime depuis 2003 des crimes antisémites perpétrés par des islamistes français." En France, seul pays où des Juifs sont assassinés pour ce qu'ils sont depuis 1945"( Luc Rosenzweig).  La présence de plus d'une centaine de personnes, malgré la pluie a été un réconfort. "Des yeux grand fermés se sont ouverts"

Sans faire la liste de toutes les victimes, je voudrais rappeler Ilan Halimi et Sarah Halimi.

Le premier, sauvagement torturé pendant 21 jours et assassiné par une "bande de barbares", crime non  qualifié comme antisémite pendant un temps

Sarah Halimi, battue à mort et défenestrée, assassinée comme "le diable" aux cris d"'ALLAH HOUAKBAR".Totalement occulté par les médias "de référence", le crime a été requalifié en crime antisémite après 11 mois de combat judiciaire.

Je reprends les termes d'Elisabeth de Fontenay," veillant à la singularité des victimes et à leur mort violente", Ilan et Sarah, représentaient, l'un et l'autre, un monde cohérent et fragile, et leur assassinat, chaque fois, la destruction d'un monde".

En conclusion, la lutte contre l'antisémitisme nous concerne tous , citoyens français,  car ce qui menace les Juifs , menace nos libertés, menace la République, la fragilise. Il nous appartient d'être fermes sur nos valeurs, la laïcité, la liberté.

"Aux  pouvoirs publics de faire respecter la loi de la République, d'avoir le courage des mots, contre la barbarie, La liberté a un prix, c'est celui du combat"( Georges Bensoussan).

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