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Publié le 1 Avril 2019

Crif/Opinion - Comprendre Alain Finkielkraut en 5 points

Demain, les Amis du Crif vous invitent à une rencontre exceptionnelle avec le philosophe Alain Finkielkraut. A cette occasion, et pour parfaire vos connaissances sur notre invité, le Crif vous propose de faire le point sur ce personnage marquant.

Demain, il va falloir pousser les murs de l’hôtel Intercontinental. En effet, dès l’annonce de la soirée des Amis du Crif en présence du philosophe Alain Finkielkraut, le standard du Crif a croulé sous les appels. Remplie en quelques heures, la salle l’aurait tout autant été si elle était deux fois plus grande.

Pourquoi un tel engouement ? Certes, la « philo » est redevenue à la mode, avec quelques penseurs contemporains qui enflamment les plateaux de radio et de télévision (ainsi que Twitter). Néanmoins, pour Alain Finkielkraut, il y a quelque chose de différent. Il provoque toujours des réactions vives qu’on l’aime ou qu’on le déteste. Tout le monde a un avis sur lui, et il est souvent tranché.

Et vous ? Connaissez-vous les écrits du philosophe ? Qu’avez-vous lu de lui ?

Que ce soit pour briller en société, pour poser une question pertinente demain soir, ou juste pour votre culture personnelle, voici, en cinq points, quelques pistes pour comprendre Alain Finkielkraut.

Finkielkraut : le philosophe « mécontemporain ».

Cette formule de Charles Peguy résume une partie de la pensée d’Alain Finkielkraut. Déçu par l’époque, le philosophe s’en prend notamment à notre époque dans son essai « la défaite de la pensée ». Notre société ne « pense » plus. La culture se serait détachée de la pensée et des valeurs, chacun s’appropriant des valeurs qui « lui plaisent », plutôt que des valeurs liées à l’éducation, la culture, l’identité. L’esprit des Lumières a laissé ainsi place à l’intolérance et l’infantilisme : pour faire court, Lady Gaga a dépassé Mozart, et Banksy Picasso.

Finkielkraut : le philosophe qui se dit « proche des ploucs »

Au mois de décembre, Alain Finkielkraut a accordé un long entretien au Figaro dans le cadre de la crise des Gilets Jaunes. Il se définit alors comme « plus proche des ploucs que des branchés ». Tout en rappelant qu’il abhorre les actes de violence (dont il a lui même été victime en pleine rue par l’un de ces gilets jaunes), le philosophe rappelle qu’il ne peut que constater avec désolation que la mondialisation, au lieu de provoquer « l’apothéose de l’Occident », se transforme en « défaite ». Les commerces ferment, les grandes surfaces se multiplient, les gens « ordinaires » sont délaissés. Ce sont ces gens là dont Alain Finkielkraut se soucie.

Finkielkraut et l’identité.

Dans son essai « l’identité malheureuse », l’académicien se désole de la désintégration de l’identité française, dans une sorte de melting pot qui transformerait la France en « auberge espagnole ». « Quand le cybercafé s'appelle "Bled.com" et que la boucherie ou le fast-food ou les deux sont halal, ces sédentaires font l'expérience de l'exil (…). Ils n'ont pas bougé mais tout a changé autour d'eux », écrit-il alors. C’est cet essai en particulier qui lui vaut d’être assimilé par certains à Renaud Camus, théoricien du « grand remplacement », chouchou des identitaires et suprémacistes.

Finkielkraut : celui que d’autres aiment détester.

C’est un point commun qu’il a avec BHL : les gens adorent le détester. Que ce soit en reprenant ses mimiques, en le prenant à partie dans la rue (lors de Nuit Debout, lors d’une manifestation de Gilets Jaunes), ou évidemment sur les réseaux sociaux, chacun a une vacherie à dire sur Finkielkraut. Et pourtant peu ont lu ses écrits. Est-ce son côté conservateur/réactionnaire ? Son franc parler qui change le public de la langue de bois médiatique ? En tous cas le philosophe arrive à cristalliser diverses haines… et s’en accommode : une agression ou des insultes ne l’ont jamais fait taire, bien au contraire.

Finkielkraut : bien plus que ce que vous en connaissez

La carrière d’Alain Finkielkraut ne date pas des derniers « buzz » que vous connaissez tous. Ainsi, son essai co écrit avec Pascal Bruckner « le nouveau désordre amoureux », paru en 1977, est toujours une lecture hautement recommandable. Son livre « Le Juif imaginaire » où il raconte ce judaïsme d’après guerre (il est né en 1949 et ses parents ont échappé à la déportation) offre un bel éclairage sur cette génération post 39/45. Vous découvrirez peut-être le personnage Alain Finkielkraut lors de la soirée des Amis du Crif, nous vous recommandons de découvrir également ses écrits… et la liste est longue.

Sophie Taïeb