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Publié le 12 Octobre 2015

Etude du CRIF n°37 « La vague complotiste contemporaine : un défi majeur », par Pierre-André Taguieff

Pour le trente-septième numéro de la collection des Etudes du CRIF, Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées, directeur de recherche au CNRS, publie un texte particulièrement remarquable : « La vague complotiste contemporaine : un défi majeur ». Pierre-André Taguieff est le spécialiste français du complotisme.

Par Marc Knobel directeur des Etudes du CRIF
(Etude consultable ci-dessous)

Les croyances complotistes sont anciennes. Mais, la grande nouveauté du XXe siècle aura été en la matière la diffusion planétaire de quelques thèmes majeurs de la mythologie conspirationniste occidentale, autour de ses deux principaux noyaux, l'antimaçonnisme et l'antisémitisme, résume Pierre-André Taguieff.
 

Comment cela fonctionne-t-il ? « Notre époque, où la guerre se confond avec la paix, où l'ami ne se distingue plus de l'ennemi et où, dans les relations internationales et le monde économico-financier, le mensonge, la désinformation et la manipulation règnent sans rencontrer de notables résistances, est particulièrement favorable à la multiplication des représentations ou des récits conspirationnistes ». S’ajoute « la suspicion à l'égard des autorités traditionnelles (enseignants, intellectuels, journalistes, dirigeants politiques). » Enfin, le complotisme a trouvé assurément dans le Web « un moyen d'expression privilégié et un puissant instrument de persuasion. »
 
Reste que, pour le philosophe, les professionnels du complotisme sont (et resteront) de grands amateurs de « zones d'ombres », au point d'en voir partout ou de les inventer. Ils ont l'art de les exploiter à des fins politiques.  
 
Dans ces conditions, comment lutter contre le complotisme alors même que toute tentative de régulation est vécue comme la preuve qu’il y a bien un complot ? 
 
A cette question complexe, le philosophe répond qu’il faut arracher un conspiration¬niste convaincu à son univers de certitudes faisant de lui un initié heureux. « Car, comme le souligne le neurophy¬siologiste Alain Berthoz, la capacité d’avoir plusieurs points de vue et d’en changer s’acquiert dans l’enfance. Le sens de la pluralité des points de vue et la flexibilité dans les jugements doivent s’acquérir en même temps que l’habitude de discuter sans haine avec des contradicteurs. Cette hygiène de l’esprit doit être placée au cœur de l’école. Car le Web n’attend pas pour endoctriner les jeunes... »
 
Un numéro à lire absolument ICI.