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Publié le 18 Juillet 2017

#France - Rafle du Vél d’Hiv : Le discours historique d’Emmanuel Macron par François Heilbronn

Retour sur le discours bouleversant, digne, juste et complet du président de la république pour les 75 ans de la rafle du Vél d’Hiv.

Avez vous entendu ce discours ? Avez vous entendu ces mots ? Tous ces mots dits avec une force peu commune, une émotion palpable. Ces mots que nous attendions tant et espérions tant.

J’ai écouté, ré-écouté ce discours. Puis j’ai lu, relu ce beau texte. J’ai relu ce texte, où j’ai vu défiler en un court moment 40 ans de mes combats, 73 ans des combats de nos pères, pour la vérité, la dignité et la justice.

Tout d’abord, dire la réalité historique du crime et de la complicité de l’Etat français, de l’administration française dans la déportation et l’assassinat de près de 76.000 Juifs de France.

Au fil de ce billet, je citerai en les présentant les phrases qui m’ont le plus touché.

Sur le rôle et la représentativité du régime de Vichy :

«Je récuse les accommodements et les subtilités de ceux qui prétendent aujourd’hui que Vichy n’était pas la France, car Vichy ce n’était certes pas tous les Français, vous l’avez rappelé, mais c’était le gouvernement et l’administration de la France.»

Sur les origines intellectuelles de Vichy, et la responsabilité des intellectuels et des hommes politiques antisémites des années 30. Et il n’oublie pas de trouver à l’origine des crimes antisémites de Vichy, la trace des Drumont, Brasillach et Céline :

«Il est si commode de voir en Vichy une monstruosité née de rien et retournée à rien ; de croire que ces agents sortis de nulle part reçurent à la libération le juste châtiment qui les élimina de la communauté nationale.

C’est commode, c’est commode, oui – mais c’est faux.

C’est parce que Vichy dans sa doctrine fut le moment où purent enfin se donner libre cours ces vices qui, déjà, entachaient la IIIème République : le racisme et l’antisémitisme…

Ce supplice, leur supplice, qui défie l’entendement, qui défie les mots a commencé ici, le 16 juillet 1942 au matin, parce qu’en France dans la conscience de citoyens français, de dirigeants politiques français, de fonctionnaires français, de journalistes français, l’antisémitisme et le racisme avaient fait leur chemin insidieusement, lentement ; avaient rendu l’infâme tolérable jusqu’à en faire une évidence, jusqu’à en faire une politique d’Etat: la politique collaborationniste.

C’est la France de Je suis partout, de Bagatelles pour un massacre, c’est la France où Louis Darquier de Pellepoix, déjà lui, peut sans être inquiété une seconde proclamer en 1937 : “Nous devons résoudre de toute urgence le problème juif, soit par l’expulsion, soit par le massacre”. C’est la France où l’antisémitisme métastasait dans l’élite et dans la société, préparant insidieusement les esprits au pire.

Parce que oui, mes amis, la barbarie n’avance pas à visage découvert. Elle ne porte pas l’uniforme. Et lorsque les bottes nazies frappent le pavé de Paris, il est déjà trop tard

Et Emmanuel Macron n’analyse pas seulement de manière parfaite cet antisémitisme violent des années 30 qui ouvre la voie à la collaboration française, il dénonce aussi cet antisémitisme qui s’est réveillé en France depuis le début des années 2000 et qui a conduit au meurtre de 10 juifs en France, pour le simple fait d’être juif :

«En France aujourd’hui, cette corruption des esprits, cet affaiblissement moral et intellectuel que sont le racisme et l’antisémitisme sont encore présents et bien présents. Ils prennent des formes nouvelles, changent de visage, choisissent des mots plus sournois.

Et puis un jour, parce qu’on s’est tu, parce qu’on n’a pas voulu voir, le passage à l’acte intervient. Alors ce qui était des mots, ce qui n’était chez les uns que de la haine formulée différemment et chez les autres une forme de lâcheté ou une complaisance à ne pas vouloir voir, alors cela devient des vies fauchées et des gestes qui tuent

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