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Publié le 8 Juillet 2020

Hommage – Disparition de Léo Bergoffen, rescapé d’Auschwitz-Birkenau

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Léo Bergoffen, survivant d’Auschwitz-Birkenau et inlassable témoin, le 5 juillet 2020 à Angers. Il avait 98 ans. Nous adressons nos sincères condoléances à sa femme, Odette Blanchet-Bergoffen, résistante française et Juste parmi les Nations, à sa famille et à ses proches.

Léo Bergoffen naît à Berlin le 30 octobre 1922 dans une famille juive. Son père Jakob est Tchèque, sa mère, Felli, est Polonaise. Son frère aîné, Max, est né en 1921.  

En 1933, alors âgé de 11 ans, il est contraint à l’instar des milliers d’écoliers berlinois de défiler devant le nouveau chancelier allemand, Hitler. Peu de temps après, il est exclu de l’école en raison de ses origines juives.

Fuyant l’antisémitisme et les lois antijuives, la famille Bergoffen quitte la ville de Berlin pour Prague en 1938. Mais un an plus tard, à l’arrivée de l’armée allemande, Léo et ses parents fuient à nouveau, cette fois en France. Ils s’installent à Angers en mars 1939, quelques mois avant l’invasion allemande et l’instauration du gouvernement de Vichy.

En juin 1942, Léo fuit seul en direction de la « zone libre ». Il part en éclaireur, espérant faire venir ses parents. Malheureusement, il est arrêté le 26 août 1942 par la gendarmerie française, et livré aux Allemands en tant que juif étranger.

Transporté au camp d’internement de Drancy, il est déporté le 2 septembre 1942 au camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau dans le convoi n°27. Il a 20 ans. Seules 30 personnes sur les 1 015 présentes dans ce convoi ont survécu.

Son âge et sa bonne condition physique le sauve d'une mort précipitée. Il est sélectionné pour le travail forcé. Léo survit aux terribles conditions dans le camp, au typhus puis à la marche de la mort. Il est libéré le 11 mai 1945 par l’armée soviétique.

A sa libération, Léo Bergoffen est considérablement affaibli et amaigri, il est hospitalisé. Il pèse à peine plus de 40 kg.

Il découvre alors le sort de ses parents, arrêtés puis déportés le 20 juillet 1942 à Auschwitz-Birkenau par le convoi n°8, parti d'Angers. 800 personnes ont été déportées par ce convoi. Ils n’ont pas survécu.

De retour en France, lors d'une conférence du Dr Lazar-Moscovici, également déporté à Auschwitz par le convoi n°8, Léo rencontre Odette Blanchet, qu'il épousera. Léo et Odette se sont mariés le 26 février 1946 et ont partagé 74 heureuses années de vie commune. Ils ont un fils, Jacques. 

"Loïc Cochennec, professeur d’histoire bien connu à Angers, et proche du couple Bergoffen depuis une quinzaine d’années a déclaré dans un article dédié à Léo : « Il se passait toujours quelque chose avec les élèves et le travail de mémoire que je leur demandais prenait alors une épaisseur après cette rencontre. Je retiens aussi la seconde partie de la vie de M. Bergoffen, lorsqu’il rencontre Odette. Il était arrière-grand-père depuis peu et cette famille construite fut sa plus belle victoire. »" (Source : Ouest-France)

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Léo et Odette Bergoffen. Crédit photo : © Josselin Clair

En 2016, Léo Bergoffen est nommé chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur.

Odette Blanchet-Bergoffen est une résistance française et Juste parmi les Nations (titre décerné par Yad Vashem le 10 mai 1944). Elle a sauvé la vie de deux enfants juifs.

A Berlin, deux stolpersteines rendent hommage aux parents de Léo, Jakob et Felli Bergoffen. Les Stolpersteines sont des créations de l'artiste berlinois Gunter Demnig. Ce sont des pavés de béton ou de métal de dix centimètres de côté enfoncés dans le sol. La face supérieure, affleurante, est recouverte d'une plaque en laiton qui honore la mémoire d'une victime du nazisme.

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© David Yates (Source : Stolpersteine Berlin)

 

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