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Publié le 10 Juin 2020

Interview Crif - Frédéric Potier : "Le racisme est un mal profondément ancré, qui vient de loin."

Face à l'émotion internationale suscitée par le meurtre de George Floyd aux Etats-Unis, les sociétés du monde s'interrogent sur leur propre rapport au racisme. Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, nous parle des réponses de l'Etat.

Le Crif - La mort de George Floyd a suscité une vive émotion partout dans le monde, et notamment en France. Cet événement d'une terrible violence a relancé le débat du racisme en France et de son insertion jusque dans les institutions de la République. Selon vous, existe t-il un racisme structurel en France ?

Frédéric Potier - Non, je ne pense pas qu'il existe un racisme structurel en France, ni de racisme systémique ou de racisme d'Etat. Il faut se méfier de ces raccrourcis et des rapprochements que l'on est tenté de faire avec les Etats-Unis par exemple. Le racisme y répond à des mécanismes de ségrégation raciale très anciens et très ancrés, notamment à cause de l'histoire de l'esclavage aux Etats-Unis.

Je crois qu'il ne faut pas oublier que tous les discours racistes doivent être combattus, d'où qu'ils viennent.

 

Le Crif - Il y a quelques jours, certains media français ont révélé des messages racistes échangés entre des policiers sur Facebook. Quelle est la réponse de l'Etat ?

Frédéric Potier - La réponse de l'Etat, c'est "Tolérance Zéro", tout simplement ! 

On doit attendre un très haut niveau de condamnation vis-à-vis de ces échanges et des sanctions exemplaires. La justice a été saisie et les réponses qu'elle donnera devront être à la hauteur de cette attente. Il ne faut surtout pas laisser penser qu'il pourrait y avoir une impunité dans ce genre d'affaires.

 

Le Crif - Quelles sont les réponses de l'Etat - à travers la DILCRAH notamment - face au racisme d'aujourd'hui, en France ?

Frédéric Potier - Il faut d'abord noter qu'il y a eu un vrai changement au niveau de la formation des gardiens de la paix, des policiers, depuis quelques années. Aujourd'hui, l'Etat propose de former et de sensibiliser ces professionnels vis-à-vis des délits tels que le racisme, l'antisémitisme ou encore l'homophobie.

Il faut bien comprendre que le niveau d'exigence de la société a évolué, et que l'Etat doit se montrer à la hauteur. La majorité des policiers ne se reconnait pas dans le discours racistes. Je pense qu'il faut avoir pleinement conscience que les mentalités ont changé et ne pas rester dans les grandes déclarations.

Au-delà des formations et des recontres régulières dans les Ecoles, la DILCRAH soutient 900 projets liés à la lutte contre la haine. Nous travaillons en partenariat avec de nombreuses associations - dont le Crif, afin de bénéficier de leurs expertises dans le domaine. 

Le racisme est un mal profondémment ancré, qui vient de loin. Il est fondé sur la peur de l'Autre et la xénophobie. Au quotidien, il prend souvent une forme incidieuse, qui peut concerner l'embauche, le logement, l'origine des parents, et qui ne doit jamais être banalisée.

 

Pour aller plus loin : 

La matrice de la haine, de Frédéric Potier. Les droits d'auteur de cet ouvrage seront reversés au Mémorial de la Shoah.

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