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Publié le 18 Mai 2020

Interview Crif - Journée mondiale contre l'homophobie : rencontre avec le Président du Beit Haverim

Il y a près d'un an, le Beit Haverim - Groupe juif LGBT de France - a rejoint l'Assemblée Générale du Crif. Cette association juive défend la cause LGBT. A l'occasion de la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie, nous avons interrogé Alain Beit, le Président de l'association.

Le Crif - Alain Beit*, vous êtes le Président du Beit Haverim ("La Maison des Amis") depuis six ans. Parlez-nous de l'association, de son histoire et de ses objectifs.

Alain Beit - Le Beit Haverim a été créé en 1977, cinq ans avec la dépénalisation de l'homosexualité en France. Vous pouvez vous en douter, je n'y étais pas encore (rires) ! A l'époque, le Beit était composé d'un groupe - principalement de juifs.uives ashkénazes - qui se réunissait plus ou moins en secret.

Après la dépénalisation, l'association a déposé ses statuts et a du déclarer les membres qui la composaient. Beaucoup se sont montrés réticents, pour des raisons évidentes. C'est une femme, Martine Gross, qui s'est portée volontaire pour être reponsable de l'association. Elle est ainsi devenue la première Présidente du Beit Haverim.

Quand je suis devenu Président du Beit Haverim, j'ai affiché une volonté claire de faire passer l'association de l'ombre à la lumière. Je suis pourtant quelqu'un d'assez discret, mais j'avais vraiment envie que les gens puissent enfin nous identifier et qu'on permette de susciter le débat.

Nous devons être visibles et tendre la main aux juifs.uives qui peuvent ressentir le besoin d'être accompagné.e.s dans leur orientation.

Aujourd'hui, nous sommes entendus, et c'est déjà un bon début. Parmi les propositions que je fais régulièrement, il y a l'idée d'une éducation des Rabbins et des responsables religieux sur l'accueil des jeunes qui se questionnent sur leur identité et leur orientation. 

Le Beit Haverim est également très mobilisé sur des questions pratiques liées à la vie juive quand on est LGBT (ndlr. : Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres). Comment embaucher des traiteurs cashers, comment convaincre un Mohel de circoncire son enfant, etc.

La question des enfants de parents en situation de monoparentalité ou d'homoparentalité se pose aussi de plus en plus. Ces enfants sont là, il faut apprendre à les inclure dans nos communautés sans les stigmantiser.

L'association propose aussi des activités et moments de partage selon les grands événements du calendrier juif et national. Par exemple, ce dimanche, j'organise un Facebook Live pour préparer un cheese-cake pour Shavouot !

Enfin, le Beit Haverim est bien évidemment très mobilisé pour la lutte contre l'homophobie et la transphobie.

 

Le Crif - Hier, c'était la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie. Le ministère de l'Intérieur a annoncé une hausse de 36% des infractions (agressions et injures) homophobes et transphobes par rapport à 2018. Comment l'homophobie se traduit-elle en France ?

Alain Beit - Aujourd'hui, la haine homophobe s'exprime majoritairement sur Internet et les réseaux sociaux. C'est un canal non négligeable. 

Ensuite, il y a bien-sûr les agressions et les insultes dans la rue. Plusieurs actes homophobes ont récemment eu lieu juste parce que deux hommes ou deux femmes se tenaient la main dans la rue.

Ces actes homophobes sont finalement presque trop intégrés par les LGBT qui modifient leurs comportements pour ne pas "attirer les problèmes". C'est quand même un comble ! C'est d’autant plus abérrant que de nombreux LGBT ont choisi de vivre à Paris pour pouvoir y vivre en sécurité...

Ces dernières années, les débats sur la PMA, bien qu'ils aient été nécessaires, ont également beaucoup attisé l'homophobie.

 

Le Crif - En France, on observe une hausse de toutes les formes de haine (antisémitisme, racisme, homophobie, etc.). Le Président du Crif Francis Kalifat a souvent rappelé l'importance de lutter contre ces haines avec la même vigueur, mais en respectant les spécificités de chacune. Selon vous, comment peut-on lutter efficacement contre l'homophobie aujourd'hui ?

Alain Beit - Pour moi, il faut en passer par ce que j'appelle la "convergence des luttes". Je partage l'avis de Francis Kalifat et je pense qu'il faut comprendre et combattre les haines dans leurs spécificités. Cependant, il me semblerait bon que les militant.e.s qui luttent chacun dans leurs champs d'actions se rencontrent davantage et unissent leurs expertises.

Aujourd'hui, il nous faut aller vers des publics non-acquis et faire, tous ensemble, entendre nos voix. J'entends travailler sur ces sujets avec le Crif.

 

*Pour préserver ses proches de son activité militante, Alain a choisit d'utiliser ce pseudonyme.

 

Dimanche, retrouvez Alain sur Facebook pour une préparation de cheese-cake spécial Shavouot !

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