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Publié le 2 Octobre 2019

Interview Crif - Le Crif à la découverte du musée de la Libération de Paris

À l’occasion du 75ème anniversaire de la Libération de Paris, ce 25 août, la ville de Paris a inauguré le nouveau Musée de la Libération de Paris – musée du général-Leclerc – musée Jean-Moulin. Entretien avec Sylvie Zaidman, Conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée de la Libération.

Entretien réalisé par Marc Knobel, Directeur des Etudes au Crif, avec Sylvie Zaidman, Conservatrice en chef du patrimoine, directrice du Musée de la Libération

Le Crif - Le musée du général Leclerc – musée Jean Moulin, se trouve Place Denfert-Rochereau au 4, Avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy, à Paris. Le musée porte les voix et les récits de celles et ceux qui ont résisté, et pose la question centrale de l’engagement, au cœur d’un monde en guerre. Pourriez- vous nous raconter son histoire?

Sylvie Zaidman : En 1994, pour le cinquantième anniversaire de la Libération de Paris, le musée Jean Moulin et le mémorial du maréchal Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris ont été inaugurés dans des locaux situés au-dessus de la gare Montparnasse, sur la dalle Atlantique. Le premier avait été réalisé grâce au legs d’Antoinette Sasse, amie de Jean Moulin, et le second à partir d’une donation de la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque. 

La directrice des deux musées, Christine Levisse-Touzé, a développé une grande activité scientifique sous forme d’expositions, de conférences et de publications. Cependant la localisation, le manque de visibilité depuis la rue et les difficultés d’accès n’ont pas permis le développement de la fréquentation des visiteurs.

Il a donc été proposé de transférer espace muséographique et réserves dans un lieu plus approprié. Le pavillon Ledoux de la place Denfert-Rochereau hébergeait le laboratoire d’essai des matériaux de la ville de Paris et l’inspection générale des carrières. Situé sur la voie empruntée par le général Leclerc le 25 août 1944, il abritait l’accès à un abri de défense passive occupé par le colonel Rol et l’état-major des FFI de la région parisienne durant la semaine de la libération de la capitale. La Maire de Paris a annoncé le déménagement en 2015. Après quatre ans d’études et de travaux, le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin a été inauguré le 25 août 2019, dans le bâtiment rénové par l’agence Artene, dans une nouvelle scénographie signée par l’agence Klapisch-Claisse qui permet la visite du poste de commandement du colonel Rol. 300 documents, photographies et objets permettent au visiteur d’entrer dans cette histoire, de se l’approprier et de réfléchir sur ce passé si proche de nous. 

 

Le Crif - Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs, ce qu’est le musée, et surtout les collections qui y sont présentées ainsi que les différentes salles ? Le parcours de visite est-il chronologique ? Le musée traite-t-il de l'ensemble des thèmes liés à la Seconde Guerre mondiale ?

Sylvie Zaidman : La proposition qui est faite au visiteur est de découvrir la vie et l’engagement de Jean Moulin et de Philippe de Hauteclocque, deux hommes qui ne se sont jamais rencontrés et qui se sont engagés contre l’Occupant nazi durant la Seconde Guerre mondiale. Ils nous permettent de découvrir la guerre, l’Occupation et le quotidien des Parisiens, la résistance et la répression, les combats clandestins et militaires, la Libération de la capitale. Un accent particulier a été mis sur la médiation pour rendre l’histoire accessible à tous les publics. Les objets exposés permettent au public d’entrer dans un contact intime avec une personne (le fauteuil ou les skis de Jean Moulin), d’aborder une action ou un fait d’arme (la victoire de Leclerc à Koufra), de comprendre, grâce aux cartes animées, l’espace-temps de la guerre. Des cartes interactives incitent à aller plus loin sur une thématique, comme la Résistance ou la persécution des Juifs. Des archives filmées et des témoignages complètent la présentation. 

 

Le Crif - Quel est le rôle du Conseil scientifique, qui est présidé par le professeur André Kaspi ?

Sylvie Zaidman : Le musée est doté d’un conseil scientifique composé de près de 30 personnalités: conservateurs de musée, d’archives, enseignants, professeurs d’université, historiens, personnes qualifiées. Toutes ont apporté leur avis sur les orientations du projet, le choix des objets, les textes. Le président Kaspi a joué un rôle éminent dans la discussion et les échanges, qui ont considérablement enrichi la présentation initialement proposée. 

 

Le Crif - Quels sont les musées partenaires ? S’agit-t-il d’une synergie avec d’autres institutions porteuses d’histoire ?

Sylvie Zaidman : Le musée, installé depuis de longues années dans le paysage muséal parisien, joue son rôle de médiation et de transmission aux côtés des autres institutions : archives, musées, centres de recherche, mais aussi éducation nationale puisqu’il organise avec le rectorat de Paris le concours de la résistance et de la Déportation. Le Mémorial de la Shoah, du Mont-Valérien, les Archives nationales, le musée de la Résistance nationale, le musée de l’Armée ou le musée de l’Ordre de la Libération sont des partenaires scientifiques et éducatifs, tout comme le CHRD de Lyon ou la Fondation de la Résistance, par exemple. Nous espérons travailler avec les institutions qui le souhaitent à une mise en réseau des propositions du public.

PLACE DENFERT-ROCHEREAU
75014 PARIS

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Crédit photo : Vue de la façade du pavillon Ouest © Pierre Antoine