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Publié le 3 Juillet 2015

Jihadisme : le cri d'alarme de Malek Boutih

"On pourrait basculer dans un phénomène de masse", affirme-t-il.
 

Par Marie-Amélie Lombard-Latune, publié dans le Figaro le 2 juillet 2015
Dans un rapport qu'il vient de transmettre à Manuel Valls, et que Le Figaro s'est procuré, le Député PS Malek Boutih décrit «une jeunesse frustrée, prête à basculer». Il craint que la dérive islamiste en France ne se transforme en phénomène de masse.
«Génération radicale»: le titre du rapport que le Député PS de l'Essonne Malek Boutih vient de transmettre au Premier ministre, et que Le Figaro s'est procuré, traduit bien son contenu. Dès la troisième ligne, il aborde son sujet: «L'analyse et la prévention des phénomènes de radicalisation et du jihadisme en particulier.» C'est une lecture politique que livre l'ancien Président de SOS-Racisme, mandaté après les attentats de janvier. Il ne biaise pas avec son sujet, qui concerne avant tout la dérive islamiste d'une partie de la jeunesse française, sachant que près de 65 % des individus impliqués dans les filières jihadistes ont moins de 25 ans. Le Député assure que son enquête a conforté son hypothèse de départ: «Le succès des recruteurs jihadistes auprès des jeunes repose sur l'adhésion à un projet politique entrant en résonance avec leurs préoccupations internationales et leur rejet de la société démocratique occidentale, plus qu'à une doctrine religieuse fondamentaliste.» D'où cette conséquence: «Une grande partie de la jeunesse se détourne de notre modèle de société.»
Le jihad, une «solution» globale
Reprenant les chiffres, notamment ceux, en hausse croissante, des départs de jeunes Français pour la Syrie, l'auteur du rapport estime que «la radicalité islamiste est dans un mouvement ascendant au sein de notre société», qu'il met en parallèle avec le niveau historique de l'extrême droite. Cependant, «face aux autres offres radicales qui visent la jeunesse, le jihadisme a une longueur d'avance, aussi bien dans sa dimension politique que théorique, note le Député. Pour un jeune homme, une jeune femme assoiffée d'action, le jihad serait l'évidence. Il ne s'agit pas simplement d'assouvir réellement des pulsions meurtrières ou des envies de guerre. La dimension théorique du jihad est la plus complète dans son rejet de la démocratie, dans la désignation de responsables à abattre et enfin dans l'affirmation d'un contre-modèle total. Au creux de l'offre idéologique des forces politiques traditionnelles, le jihad propose des explications et une solution globale.» Conclusion sans appel: «Le jihadisme est bien la radicalité qui prédomine aujourd'hui dans l'offensive antidémocratique.»
Un phénomène de masse?
Les signalements recueillis par le numéro vert, destiné aux familles ou aux autorités que la dérive d'un jeune inquiète, sont éclairants sur la diversification des individus prêts à basculer dans l'extrémisme. Mais Malek Boutih va encore plus loin: «L'ampleur du phénomène et sa pénétration dans tous les milieux, avec la radicalisation de jeunes étudiants, et de jeunes filles en particulier, indiquent qu'on pourrait basculer dans un phénomène de masse.» «Si les premières vagues de jihadistes comportaient essentiellement des individus fragilisés, plus faciles à recruter, désormais les recruteurs ciblent des proies au profil plus stable et moins détectable et on peut penser que ce phénomène va s'amplifier», ajoute-t-il… Lire l’intégralité.