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Publié le 31 Août 2015

La France et les Chrétiens d’Orient : une problématique devenue aussi diplomatique

La tragédie des Chrétiens d’Orient est sous-estimée, en Europe, quant à son importance du point de vue humanitaire, sécuritaire et géopolitique.

Par Marc Knobel, Directeur des Etudes du CRIF, publié dans la Revue Civique le 29 août 2015
La cause et tragédie des Chrétiens d’Orient est souvent sous-estimée, en Europe, quant à son importance du point de vue humanitaire, sécuritaire et géopolitique. Dans cet article, rédigé par l’historien et chercheur Marc Knobel, Directeur des Etudes du CRIF, pour la Revue Civique, cet auteur attire l’attention sur la première grande conférence internationale qui se tient à Paris, alors que les fanatiques criminels de Daesh continuent de massacrer, et d’enrôler, au Proche Orient et ailleurs. Opportune mise en perspective d’une problématique essentielle.
Le 8 septembre 2015, le Ministère des affaires étrangères organise à Paris une conférence internationale pour répondre à l’appel à l’aide des minorités syriennes et irakiennes.  Au moment où les marchés internationaux dévissent et les bourses mondiales subissent de très fortes chutes ; au moment les préoccupations géopolitiques et diplomatiques sont si nombreuses, il est important que la France continue de se préoccuper du sort des chrétiens d’Orient. Il appartient à la France, probablement, de jouer un rôle éminent en la matière et de tenter de sortir l’Europe de son inertie. L’enjeu est donc de taille pour la diplomatie française.
Rappel des faits
Première à s’être mobilisée sur le dossier des chrétiens d’Orient après la chute de Qaraqosh en août 2014, la France prit l’initiative. Déjà, Laurent Fabius et Bernard Cazeneuve (28 juillet 2014) expliquent que la France vient en aide aux déplacés qui fuient les menaces de l’Etat islamique et se sont réfugiés au Kurdistan : « La France est prête, s’ils le souhaitent, à en favoriser l’accueil au titre de l’asile. Nous avons débloqué, une aide humanitaire exceptionnelle pour leur porter assistance. La France continuera de mobiliser dans les prochains jours la communauté internationale pour que soit assurée la protection de ces populations… » Ce que la France fit, mais il faudra attendre quelques mois pour qu’une initiative diplomatique soit proposée.
En visite officielle à Rabat, le 9 mars 2015, le Ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, appelle la communauté internationale à se mobiliser pour défendre les chrétiens d’Orient. « J’ai décidé de convoquer le Conseil de sécurité des Nations Unies … pour une réunion qui sera consacrée à la situation des chrétiens d’Orient et des autres minorités », annonce le chef de la diplomatie française, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue marocain, Salaheddine Mezouar. Quelques jours plus tard, le ministre commente cette initiative, dans une interview exclusive à La Croix (27 mars 2015)[1].
En premier lieu, Laurent Fabius souligne être « fidèle à la tradition » de la France depuis François 1er, en mobilisant la communauté internationale en faveur des chrétiens d’Orient, « en train d’être éradiqués ». Le Ministre précise que la France saisit le Conseil de sécurité sur la question : « Les chrétiens d’Orient sont en train d’être éradiqués. Compte tenu de l’extrême gravité de la situation, nous voulons poser un geste fort. Nous présidons le Conseil de sécurité, nous avons donc décidé de le convoquer sur ce sujet. C’est une première. J’espère que la Charte d’action que nous allons proposer sera une contribution utile. »
Selon le Ministre, la Charte comporte quatre volets :
-Le premier volet est humanitaire afin de ne pas prendre seulement en compte les déplacés et les réfugiés, mais de permettre également leur retour.
-Deuxième volet est sécuritaire : la coalition, les forces irakiennes et d’autres doivent pouvoir assurer leur sécurité aux minorités pourchassées.
-L’aspect politique. En Irak comme en Syrie, les États doivent assurer une place satisfaisante à chacune des communautés qui les composent.
-Enfin, dernier volet, la lutte contre l’impunité : la France souhaite que le Conseil de sécurité saisisse la Cour Pénale Internationale pour les crimes commis... Lire l'intégralité.
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