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Publié le 26 Juin 2012

Le Rabbin Dephine Horvilleur récemment nommée au Conseil National du Sida

Delphine Horvilleur répond aux questions de la rédaction du CRIF.

Au sein même de la communauté juive, il nous faut lutter contre certains préjugés persistants, et permettre que ce sujet ne soit pas tabou, y compris dans nos synagogues et nos familles

Que représente cette nomination au Conseil National du Sida?

 

Le CNS, créé en 1989 par décret présidentiel, est chargé d’émettre des avis et des recommandations sur toutes les questions posées à la société par le sida et le VIH, et de les soumettre aux autorités politiques. Sa particularité est d’être un véritable de lieu de réflexion interdisciplinaire. Vingt-quatre membres y siègent, parmi lesquels des spécialistes du virus, des praticiens hospitaliers, des psychologues, des épidémiologistes, des économistes… mais également un représentant de chaque religion et tradition philosophique. J’ai l’honneur d’y représenter la tradition juive et de porter ainsi la voix du judaïsme dans ces importants débats de société.

 

Comment concevez-vous, en tant que rabbin et en tant que femme, votre rôle dans ce Conseil?

 

Les questions posées par le VIH/sida à notre société sont nombreuses et complexes.  Elles sont d’ordre politique, économique, social, mais aussi éthique. Quelle doit être notre politique de santé et d’accueil vis-à-vis de populations migrantes, en quête de soin dans notre pays ? Comment concevoir aujourd’hui la prévention, le dépistage, l’accès au traitement, la pénalisation de la transmission ? Débattre de ces questions, c’est interroger les principes fondamentaux de droits des personnes, tout en considérant les impératifs de santé publique et d’intérêt général. Le judaïsme, dont les penseurs ont tant exploré les questions du lien au collectif et la responsabilité de l’individu pour le groupe, peut et doit apporter au débat ses contributions.

 

Quels sont les principaux points sur lesquels vous allez insister sur les plans sanitaires, social et du point de vue de l'éthique?

 

Il me semble essentiel de rappeler que les réponses à apporter aux questions de société ne sont jamais purement scientifiques, médicales, politiques ou économiques.  Ces questions sont aussi ‘religieuses’, au sein littéral du terme : elles questionnent la nature des liens (‘religere’ : acte de relier) que l’individu tisse avec ses proches, sa famille, sa culture, la société qui l’entoure. Comme chacun le sait, le sida est une maladie autour de laquelle de nombreux a priori et préjugés s’expriment. Les discriminations dont souffrent les personnes contaminées sont courantes. Elles accentuent parfois leur vulnérabilité et leur isolement dans la maladie. Il est nécessaire de penser leur situation dans toute sa complexité, en garantissant la dignité des malades. Au sein même de la communauté juive, il nous faut lutter contre certains préjugés persistants, et permettre que ce sujet ne soit pas tabou, y compris dans nos synagogues et nos familles.

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