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Publié le 25 Février 2015

Crif/Mémoire - Etude du Crif : Négationnisme, histoire d’une idéologie antisémite (1945-2014)

Dans ce numéro des Etudes du Crif, l’historienne Valérie Igounet, éminente spécialiste de l'extrême droite et du négationnisme, retrace avec minutie la genèse d'une idéologie particulièrement perverse et abjecte et de ses nombreuses variations dans le temps et dans l'espace. Elle brosse aussi le portrait de quelques provocateurs, illuminés et haineux, en quête de respectabilité et de publicité.

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Par Valérie Igounet, Historienne et écrivaine. Préface par Marc Knobel, Directeur de la collection des Etudes du Crif

En raison de sa nature et de son ampleur, le génocide perpétré par le régime nazi contre les Juifs a profondément marqué l'histoire contemporaine. Cependant, réactualisant la longue tradition antisémite qui prévalait jusque-là en Occident, les négationnistes se plaisent à dénoncer un prétendu complot juif international qui aurait fabriqué de toutes pièces cette « escroquerie du XXe siècle » dans le but de justifier l'existence de l'État d'Israël et d'extorquer de scandaleuses réparations à une Allemagne innocente. Nous le voyons ici, le négationnisme est l'aspect le plus pervers de l'antisémitisme : celui qui consiste à nier la Shoah.

Dans ce numéro des Etudes du Crif, l’historienne Valérie Igounet, éminente spécialiste de l'extrême droite et du négationnisme, retrace avec minutie la genèse d'une idéologie particulièrement perverse et abjecte et de ses nombreuses variations dans le temps et dans l'espace. Elle brosse aussi le portrait de quelques provocateurs, illuminés et haineux, en quête de respectabilité et de publicité.
Bien évidemment, le négationnisme ne résulte en aucun cas d’un raisonnement scientifique et d’une démarche historique ainsi que veulent le faire croire ceux qui se désignent comme « révisionnistes », précise l’historienne. Eux prétendent opérer une révision de l’histoire et instaurer ainsi le doute quant à leurs intentions. Ils veulent avant tout imposer leur théorie comme un courant historiographique. Mais, il s’agit là essentiellement d’un discours politique – fabriqué de toutes pièces – forgé par des idéologues antisémites.

Ce discours a évolué, s’est politisé, a été vulgarisé, instrumentalisé et porté par différents hommes de main. Depuis l’après-guerre, cette nouvelle forme d’antisémitisme s’exporte au-delà des frontières, explique Valérie Igounet.
Nous le savons, le négationnisme reste l’un des fondamentaux des discours d’extrême droite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En France, depuis pratiquement la création de son parti en 1972, Jean-Marie Le Pen – et certains idéologues et cadres du FN – intègre le négationnisme dans leurs visions et offres politiques.

Aujourd’hui, le négationnisme est sans conteste un instrument de propagande politique utilisé par certains pays. En Iran, il faut parler d'un négationnisme d'État. Rappelons la conférence de Téhéran en 2006 réunissant une soixante de négationnistes. Six ans plus tard, Ahmadinejad remet à Robert Faurisson, le « messie » auto-proclamé du négationnisme, un premier prix « honorant le courage, la résistance et la combativité » du négationniste dans le cadre d'une conférence antisémite internationale sur « l'hollywoodisme et le cinéma ». C’est ainsi que, dès le début des années 2000, Robert Faurisson a commencé une nouvelle carrière. On le voit en Iran... mais aussi sur la scène du Zénith, en décembre 2008, invité par un certain Dieudonné M'Bala M'Bala. Ce jour-là, Dieudonné déclenche une ovation en l'honneur de Robert Faurisson à qui il décerne un « prix de l'infréquentabilité et de l'insolence ».
Faurisson est accueilli sur scène par une accolade et l’odieux trophée lui est remis par une personne déguisée en… déporté juif.

Enfin, l’apparition d’Internet apporte à cette propagande monstrueuse une toile de fond considérable. Aujourd’hui, sa diffusion à une échelle internationale s’effectue essentiellement par ce vecteur.
Le Président de la République, François Hollande, a évoqué et pourfendu à plusieurs reprises, mardi 27 janvier 2015, la thématique du complot lors de son discours au Mémorial de la Shoah à Paris.
« Pour combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître et le nommer. L’antisémitisme a changé de visage. Il n’a pas perdu ses racines millénaires. Certains de ses ressorts n’ont pas changé depuis la nuit des temps: le complot, le soupçon, la falsification », a-t-il dit lors d'un hommage aux 76 000 Juifs de France déportés sous le régime de Vichy. « Mais aujourd’hui, il se nourrit aussi de la haine d’Israël. Il importe ici les conflits du Moyen-Orient. Il établit de façon obscure la culpabilité des Juifs dans le malheur des peuples. Il entretient les théories du complot qui se diffusent sans limites. Celles mêmes qui ont conduit au pire », a-t-il ajouté.
Et d'insister sur la nécessité de « prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c'est d'abord par le verbe que s'est préparée l'extermination ».

Nous devons combattre le négationnisme et faire entendre notre voix contre la haine, les préjugés et les mensonges. Par la pédagogie, l'éducation, mais aussi par la loi, il faut combattre partout (de la Turquie à l’Iran) le fléau négationniste.

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