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Publié le 25 Juillet 2019

Nos jours heureux - L'Hachomer Hatzaïr : le mouvement de jeunesse à l'esprit pionnier !

Les jolies colonies de vacances... Il fait beau, il fait chaud, ça sent vraiment les vacances ! Cette semaine, nous vous proposons une série d'articles sur les mouvements de jeunesse juifs en France ! Aujourd'hui, on rencontre Alain Grabarz, le Président de l'Hachomer Hatzaïr France, pour tout savoir sur un mouvement de jeunesse à l'esprit définitivement pionnier !
Le Crif - L'Hachomer Hatzaïr est un mouvement de jeunesse ancré depuis des années dans le paysage associatif juif. Parlez-nous de cette association à l'esprit pionnier !
 

Alain Grabarz - Le mouvement Hachomer Hatzaïr (la jeune garde) est née dans le judaïsme de la Pologne du début du 20ème siècle, plus précisément en 1913.

Dans ce monde juif en crise, coincé entre traditions et modernité, des jeunes ont décidé de créer un mouvement de jeunesse empreint des idéaux du sionisme et du socialisme. Il convient de rappeler que le sionisme n’était pas toujours bien vu dans le judaïsme d’Europe Centrale et Orientale.
Ces jeunes se sont révoltés contre le monde dans lequel ils évoluaient en prônant le sionisme réalisateur, la lutte sociale, l’égalité entre filles et garçons et en laïcisant la manière d’être juif (c’est la raison pour laquelle les activités se déroulent le shabbat).
Le mouvement repose sur le principe suivant : l’éducation des jeunes, par les jeunes, et pour les jeunes.
Le mouvement Hachomer Hatzaïr s’est développé et est devenu un acteur important de la vie juive. Son implantation en France date de 1933, avec Henry Bulawko.
 
Depuis sa création, l'Hachomer a participé aux grands moments de l’histoire du peuple juif : acteur actif de la création et de la consolidation de l’État d’Israël ; membre important de l’organisation sioniste au sein de laquelle il a insufflé l’esprit pionnier ; durant la Seconde Guerre Mondiale, les membres de l’Hachomer ont été parmi les principaux leaders des révoltes dans les ghettos.
L’Hachomer défend une vision du monde, forme des jeunes à être des cadres actif et responsables et contribue à une vie juive moderne et adaptée à son temps.
L’Hachomer est essentiellement implanté en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Australie. Depuis quelques années, le mouvement s’est réimplanté sur les terres qui l’on vu naître : la Pologne et l’Ukraine.
 
Le Crif - A partir de quel âge un enfant peut-il rejoindre l'Hachomer Hatzaïr ? Combien de temps y reste t-il? Racontez-nous un parcours type au sein du mouvement.
 
Alain Grabarz - Le mouvement Hachomer Hatzaïr accueille les enfants à partir de l’âge de 8 ans. Et c’est généralement entre 18 et 20 ans qu’un jeune cesse d’être actif au mouvement. Tous ne restent pas 10 ans, même si c’est le cas pour de nombreux jeunes. 
Le parcours type : un jeune qui arrive à l’Hachomer Hatzaïr intègre son groupe d’âge (la shirva) ; le groupe est l’unité de base au mouvement. Ce groupe prend un nom différent selon l’avancement en âge et en connaissances chaque année ; les jeunes sont ce que nous appelons en hébreu des hanikhim (ceux reçoivent la formation). Quand les jeunes du groupe ont 15 ans, le groupe choisit un nom qui sera le sien jusqu’à la fin de la présence de ses jeunes à l’Hachomer. Le nom est celui d’un kibboutz de l’Hachomer. Les jeunes de ce groupe ne sont plus des hanikhim : ils deviennent des bogrim (cadres) et commencent à prendre des responsabilités au mouvement.
Un des postes clés est celui de madrikh, c’est-à-dire celui/celle qui est responsable d’une shirva et de l’éducation des jeunes. Quand un jeune cesse d’être actif à l’Hachomer, le plus généralement il est étudiant en France ou en Israël. 
Pour ma shirva, à la fin des années 1970, le nom choisi a été Eylon (un kibboutz situé dans le nord d’Israël). 
 
"Ce qui peut résumer l'Hachomer ? "Paam shomer, tamid shomer" !"
 
Le Crif - Combien de jeunes Français juifs sont membres de votre association ? Chacun peut-il, sans différence de pratique religieuse, du milieu social ou d'origine, rejoindre l'Hachomer Hatzaïr ? 
 
Alain Grabarz - Aujourd’hui en France, il y a environs 200 jeunes membres de l’Hachomer.
Chacun peut y venir avec sa manière de vivre le fait d’appartenir au peuple juif. L’Hachomer est un mouvement de jeunesse laïque ; il n’y a pas de pratique religieuse, pas de prière, pas de casherout. Nous avons des jeunes qui arrivent de familles traditionnalistes ; nous faisons en sorte qu’ils puissent vivre leur pratique religieuse sans que cela ne soit imposé au collectif et que les activités du mouvement ne soient impactées. Je rappelle que nos activités ont lieu le samedi, le Shabbat.
 
Quant au milieu social, une des bases idéologiques de l’Hachomer étant le socialisme démocratique, nous accueillons les jeunes de toutes les origines sociales. Aucun de nos jeunes ne doit être empêché de participer aux activités pour des questions financières, et ce sont les principes d’égalité et de solidarité qui sont mis en œuvre et qui fonctionnent à l’Hachomer.
L’origine de nos jeunes n’est pas une question qui se pose à nous : à partir du moment où sont acceptés les principes de base de l’Hachomer (le sionisme, la laïcité, l’égalité entre tous et toutes les membres, la démocratie, une vision sociale-démocrate de la société) alors les portes de sa shirva s’ouvrent au jeune.
Les enfants n’arrivent pas à l’Hachomer par hasard ou parce que les parents ont vu de la lumière en passant devant le local : nous sommes clairs sur ce que nous transmettons aux enfants.
 
Le Crif - L'été est-il un moment particulier pour les jeunes de l'Hachomer Hatzaïr ? Des activités ou voyages sont-ils organisés ?
 
Alain Grabarz - Je dirais que tous les moments de l’année sont particuliers pour les jeunes de l’Hachomer Hatzaïr. Tous les samedis (et plus pour les bogrim) ils se retrouvent pour les activités.
 
L’été est encore plus particulier évidemment puisque les jeunes se retrouvent ensemble durant près de 3 semaines en juillet pour le mahané kaïts (camp d’été). Cette année, ils sont près de Toulouse. Un thème est choisi pour ce camp et décliné pour chaque shirva, avec des activités sportives, des jeux, des marches et des moments bien spécifiques propres à l’Hachomer.
 
Il y a également un camp d’hiver de 10 jours dans les Alpes au moment des vacances scolaires de décembre. Ces camps sont souvent l’occasion d’intégrer de nouveaux jeunes.
Après le mahané kaïts, les bogrim participent à un séminaire de formation d’une semaine début août soit en Israël soit en Europe avec les bogrim des pays européens dans lesquels l’Hachomer est implanté.
 
Ces camps d’été et d’hiver ne sont pas des colonies de vacances au sens classique : les moniteurs ne découvrent pas les jeunes sur le quai de la gare puisqu’ils les voient toute l’année ; ils contribuent à la cohésion de la shirva. Et en septembre, tout le monde se retrouve et accueille les nouveaux.
 
Je finirai par la phrase en hébreu qui symbolise la force et l’esprit que l’Hachomer insuffle à ceux qui y ont passé leur jeunesse : "Paam shomer, tamid shomer". Et oui, "quand on a été membre de l’Hachomer, on le reste toute sa vie".
 
 
Propos recueillis par Marie-Sarah Seeberger
 
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