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Publié le 30 Mars 2015

Sassoun, association du vivre ensemble entre Juifs et Arméniens

Sassoun, association arménienne d’amitié entre les peuples Juifs et Arméniens, apporte son soutien indéfectible à l’Etat d’Israël. Elle propose un voyage passionnant (6-14 mai 2015, 9 jours et 8 nuits) en Arménie, premier pays à édicter en 301 le christianisme comme religion d’Etat

Par Véronique Chemla.

 

Créée en 1992 par Paul Kieusseian, victimologue, et Loïc Ohanian, podologue, Sassoun, association arménienne d’amitié entre les peuples Juifs et Arméniens, apporte son soutien indéfectible à l’Etat d’Israël. Elle propose un voyage passionnant (6-14 mai 2015, 9 jours et 8 nuits) en Arménie, premier pays à édicter en 301 le christianisme comme religion d’Etat. Au programme du circuit attrayant : rencontre avec des Arméniens juifs et chrétiens, traversées de paysages variés, découverte d’un patrimoine religieux et culturel remarquable, dont la bibliothèque Matenadaran inscrite dans la Mémoire du monde de l’UNESCO  (Organisation des Nations unies pour l’Education, les Sciences et la Culture). 

Dans tous les rassemblements à Paris en solidarité avec l’Etat d’Israël ou contre l’antisémitisme, tous deux sont là. Qui forme ce duo loyal à toute épreuve ? Paul Kieussean, victimologue, et Loïc Ohanian, podologue. Deux enfants français de survivants du génocide commis contre les Arméniens par des Turcs (1915-1916).
"Mes parents sont nés en Turquie près d’Ankara; ma mère a vu son père déporté, tué, et jeté dans une fosse commune avec la plupart des hommes du village. Ils sont arrivés en France en 1920 échappant au génocide des Arméniens, perpétré par l’Empire Ottoman dès 1915. Ils étaient enfants à leur arrivée à Marseille, âgés respectivement de dix et douze ans", avait confié Paul Kieussean à l'agence de presse Guysen International News, le 20 avril 2012.

Enfants d’Arménie et d’ailleurs

 A l’origine de cette proximité avec Israël, peuple et Etat, l’amitié qui les lie, depuis leurs études au début des années 1980, à Israël Feldman, victimilogue franco-israélien et représentant de Sassoun en Israël.
« J’ai rencontré Loïc Ohanian au début des années 1980, alors qu'étudiant, j'occupais un poste d'animateur au Blanc-Mesnil, dans une maison de jeunes. Ce qui m'a frappé, c'est que bien qu'étant un Arménien, Loïc avait pour Israël (le pays) et pour le peuple Juif, un amour sincère et véritable ! Loïc avait un frère jumeau, Jean-Marc (malheureusement décédé depuis), et tous les deux se sont engagés dans le rapprochement entre le peuple arménien et le peuple juif, malgré des oppositions, à cause de la compétition des victimes - les Arméniens reprochent en général aux Juifs de ne pas assez évoquer leur génocide au profit de la Shoah -, et du problème du rapprochement entre la Turquie (leur génocidaire) et l'Etat d'Israël. Ils n'ont jamais failli à leur mission ! En août 1987, Loïc Ohanian a payé un encart dans Le Monde » en soutien à Israël, se souvient Israël Feldman.

Et d’ajouter : « Par la suite, j'ai rencontré Paul Kieusseian, lors de mes études en faculté de médecine avec lui. Paul est devenu médecin à Issy-les-Moulineaux, ville à composante arménienne importante. Dès le début de nos entretiens, Paul a aussi manifesté un grand désir de rapprochement entre les Arméniens et les Juifs. Cela n'a pas été facile pour lui, à cause de l'opposition de certains membres de sa communauté ! Il a également tenu bon. En 1984, j'ai fait mon aliyah, ce qui a été un grand choc pour Paul. Il ne comprenait pas ma décision ! Du coup, il est venu me voir en Israël, pour comprendre ma démarche. Cette visite a été décisive pour lui. Il a décidé de créer à son retour l'Association « Sassoun » avec les frères Ohanian. Depuis, cette association ne cesse de soutenir les Juifs, l'Etat d'Israël. Ils m'ont invité à deux reprises en Arménie, et je les ai invités plusieurs fois en Israël, où ils ont été reçus avec honneur, par les plus grandes autorités du pays ».

Ils ont créé HEVEL-France, une association d'aide aux peuples victimes de la violence, et réunissant Arméniens, Juifs et Noirs. Affiliée à HEVEL International, membre de la World Society of Victimology, HEVEL-France récuse toute concurrence des souffrances. Elle « rappelle que chaque fois qu’un peuple victime marque un point dans son combat pour la dignité, cela conforte les autres peuples victimes, même si le chemin peut sembler encore plus long à parcourir : toute compétition entre victimes ne profite qu’aux bourreaux. Les peuples victimes ne peuvent vaincre le négationnisme que s’ils s’unissent et s’entraident ; afin de comprendre et d’expliquer les mécanismes et les procédés des négations ; afin de guérir ensemble du traumatisme trans-générationnel ; et afin de prévenir de futurs génocides ». Elle organise des colloques, notamment celui en 2005 intitulé « Arméniens, Juifs, Tutsis : des peuples face au négationnisme ». 

HEVEL-France a aussi poursuivi le quotidienLibération pour avoir diffusé en Une , dans son édition du 30 septembre 2000, la photographie de l’étudiant américain Juif Tuvia Grossman au visage ensanglanté placé devant un policier israélien brandissant un gourdin en le présentant à tort comme un jeune Palestinien blessé par ce policier. Or, Tuvia Grossman venait d'être frappé par une foule palestinienne et était protégé par le policier israélien. Le 3 avril 2002, la XVIIe chambre du Tribunal de Grande instance de Paris a condamné Libération et Associated Press à indemniser Tuvia Grossman pour atteinte à son image, ainsi que pour « erreur flagrante » caractérisée : Associated Press avait « fourni la photographie de Tuvia Grossman à ses correspondants en présentant à tort le jeune homme comme appartenant à la communauté palestinienne » et Libération avait « publié le cliché litigieux en le légendant de la même manière erronée et en lui attribuant ainsi une signification et une portée qu'il ne pouvait avoir ».

En 2005, Paul Kieussean et Loïc Ohanian ont aussi signé, à titre personnel et comme dirigeants de HEVEL-France, l’Appel du Collectif Urgence Darfour.

Sassoun

En 1992, Paul Kieusseian et Loïc Ohanian ont fondé l’association arménienne d’amitié entre les peuples Juif et Arménien, par extension Arménie-Israël, Sassoun qui apporte son soutien indéfectible au peuple Juif et à l’Etat d’Israël.
« David de Sassoun est un héros arménien qui a résisté à l’envahisseur avec une poignée d’hommes et Sassoun, en hébreu, signifie la joie : l’union de nos deux peuples apporte donc résistance d’un petit nombre et joie ! Sassoun est une association arménienne à but humanitaire souhaitant resserrer les liens entre Arméniens et Juifs, à travers une collaboration à tous les niveaux, notamment culturelle, scientifique, intellectuelle et commerciale », avait expliqué Paul Kieussean à Guysen le 20 avril 2012.
Et de poursuivre : « L’existence de l’Etat d’Israël, depuis 1948, est un exemple et un espoir pour le peuple Arménien. Nous sommes convaincus que l’union entre les Arméniens et Israël par les échanges qu’elle suscite ne pourra être que bénéfique. Lors d’une table ronde à Erevan, Israël Feldman avait bien résumé notre similarité : « Si le peuple Juif porte la souffrance du père en tant que premier peuple monothéiste, le peuple Arménien porte la souffrance du fils en tant que première nation chrétienne ». Au delà du rapprochement entre nos deux peuples nous œuvrons pour la défense du peuple Juif et d’Israël dans toutes les circonstances afin de lui rendre justice. Devant le danger de l’antisémitisme, de l’antisionisme (antisémitisme politique), notre association se veut être un allié éclairé afin de pouvoir répondre, par la connaissance, à la haine aveugle, à la désinformation. Sassoun est membre du Conseil constitutionnel des Arméniens de France (CCAF, Conseil de coordination des organisations arméniennes de France) qui regroupe la majorité des associations arméniennes. Nous apportons en son sein une parole d’amitié et d’échange entre nos deux peuples. Nos activités se font par nos écrits que nous diffusons dans les média arméniens et français - par exemple, la lettre publiée dans Le Monde par Loïc Ohanian -, en étant présent aux manifestations pour le peuple Juif et Israël - attentat de Copernic, sortie des Juifs d’URSS, sortie des Juifs de Syrie, libération du soldat Guilad Schalit, attentat de Toulouse, etc. -, mais aussi dans des moment plus festifs, tels la célébration du jour de l’indépendance d’Israël et le congrès des amis d’Israël en France en avril 2012. L'association SASSOUN est animée d’un immense espoir de paix et de justice ».

A ce titre, Paul Kieussean et Loïc Ohanian ont accompagné en Israël, du 22 au 29 avril 2012, le quintette à cordes arménien Naïri, qui s'était produit dans le cadre des amitiés judéo-arméniennes.Trois concerts étaient programmés à Jérusalem et à Tel Aviv.
« L’histoire du peuple Juif constitue un miracle de l’histoire. A savoir que ce peuple, dispersé sur la surface du globe, en butte aux persécutions les plus terribles, et qui retrouve son identité après presque 2000 ans est un fait unique. En tant qu’Améniens, nous avons aussi un passé de souffrances et un histoire quelque peu similaire : persécutions, diaspora, etc. Ceci nous a poussés vers une véritable et profonde réflexion et par voie de conséquence à établir un pont d’amitié entre nos deux peuples », explique Loïc Ohanian.
« Les Arméniens ont eu une histoire quelque peu comparable a celle du peuple Juif : un passé de souffrances et d’errance, une diaspora, un génocide - la Shoah étant cependant un événement unique dans l’histoire de l’humanité -, une période très longue sans pays, et enfin une résurrection avec un Etat, en 1948 pour les Juifs et pour nous en 1991. Donc deux jeunes pays ne pouvant compter que sur eux-même afin d’exister, souvent dans la douleur et les conflits. C’est dans la confrontation amicale avec des amis juifs, tels qu' Israël Feldman, ou bien nos amis de "Hevel" (Association Internationale d'aide aux victimes de la violence) que notre pensée s'est petit à petit construite en faveur d'Israël », surenchérit  Paul Kieussean (entretien publié par Guysen).

Pour leur engagement, Paul Kieusseian et Loïc Ohanian ont reçu le 2 mai 2004 le Prix des droits de l’Homme du B’nai Brith de France, en présence de Roger Cukierman, président du CRIF.
Ils entretiennent des relations « excellentes et sincères » avec les principales organisations françaises Juives, dont le CRIF(Conseil représentatif des institutions juives de France). 
Ils ont co-écrit Recettes pour l’anéantissement du peuple Juif(Editions L'Àpart de l'esprit, 2013).
Le 29 janvier 2014, lors du diner annuel du Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France (CCAF), Paul Kieusseian a présenté Sassoun à Charles Aznavour, invité d’honneur de la soirée. L’artiste lui a confié avoir des petits-enfants Juifs américains. Que lui a répondu Paul Kieusseian ? « Je suis pro-israélien ».
« Notre engagement est concret. Ne nous trompons pas de victimes. Israël est isolé sur la scène internationale. Très souvent, trop souvent, nous assistons à une véritable collusion des nations à l’égard de ce pays. C’est injuste », s’indigne Loïc Ohanian.
Au printemps 2015, l’association Sassoun organise un voyage en Arménie. « 2015 est l’année de la commémoration du 100e anniversaire du génocide ayant visé les Arméniens. A cette occasion et dans le cadre de l’amitié judeo-arménienne, l’association Sassoun a voulu organiser ce séjour. Nous avions organisé un voyage similaire il y a quatre ans. Cela avait été couronné de succès et s’était révélé une expérience très positive pour les participants », relève Loïc Ohanian.

Le but de Sassoun ? « Mieux nous connaître et partager nos valeurs d’humanisme. Montrer la grande complémentarité entre nos deux peuples. Rapprocher la culture arménienne et juive car le peuple Juif est le premier peuple monothéiste et le peuple arménien est reconnu comme le premier peuple à avoir accepté le christianisme comme religion d’Etat. Les destinées de nos deux peuples s’entrecroisent et, jusqu’à ce jour, il existe une communauté juive d’Arménie, peu nombreuse certes, mais très dynamique  ».
Les principales étapes et originalités de ce séjour touristique : « L’aspect culturel est bien évidemment illustré par la visite de la capitale; Erevan, et le Maténadaran, institut-musée regroupant les manuscrits les plus riches du monde, et bibliothèque inscrite en 1998 dans la Mémoire du monde de l’UNESCO : « Sa collection d’environ 17.000 manuscrits couvre tous les domaines de la culture et de la science arméniennes de l’Antiquité et du moyen âge : histoire, géographie, grammaire, philosophie, droit, médecine, mathématiques, cosmographie, théorie du calendrier, chronologie, alchimie, chimie, traductions, littérature, miniatures, musique, théâtre. Elle comprend aussi des manuscrits en arabe, en persan, en syriaque, en grec, en latin, en amharique, dans certaines langues de l’Inde, en japonais, etc. De nombreux documents dont la texte original a disparu et qui ne sont connus que par leur traduction arménienne, ont été préservés dans ce centre voué à la conservation du patrimoine culturel. La fondation du Matenadaran remonte à l’invention de l’alphabet arménien, en 405". La collection du Maténadaran "se compose d’environ 17000 manuscrits englobant tous les domaines de la culture et de la science de l’Arménie ancienne et médiévale ainsi que des manuscrits en arabe, en perse, en grec, en éthiopien, en japonais, etc. »

« Nous visiterons le musée d’histoire d’Arménie - il "donne une vision exhaustive des 3000 ans d’histoire du pays à travers plus de 150.000 pièces dont les remarquables objets du royaume d’Ourartou et des pièces provenant du site de Karachamb du IIe millénaire avant J.-C." -, la cathédrale d’Etchmiadzine, saint siège de l’église apostolique arménienne, Garni-temple païen "construit au Ier siècle après Jésus-Christ, sur le canyon triangulaire de la rivière Azad, et qui avait servi de résidence d’été aux rois Arméniens, et unique temple hellénistique conservé sur le territoire de l’Arménie, les autres étant détruits après l’adoption du christianisme". Nous nous rendrons au lac Sevan, réservoir d’eau du pays et dont la dimension est similaire à celle du lac Leman, "Perle Bleue”, lac d’eau fraîche d’origine volcanique, et le seul lac situé actuellement sur le territoire arménien. Nous rencontrerons la communauté juive de Erevan : l’histoire des Juifs d’Arménie remonte à environ 2800 ans. Nous nous recueillerons dans un vieux cimetière juif remontant au XIe siècle ». Last, not least, un conférencier reconnu, Israël Feldman, psychologue, victimologue, apportera des éléments de réflexion quant à nos deux peuples ».

Au programme aussi : le musée d’Histoire d’Arménie et  le musée et le mémorial de Tsitsernakaberd, la Colline aux hirondelles. Un mémorial dédié aux victimes arméniennes du génocide de 1915. Et le monastère de Gherart et la Haute vallée de l’Azat : inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO, le "monastère de Gherart abrite un certain nombre d'églises et de tombes – pour la plupart troglodytes – représentatives de l'apogée de l'architecture médiévale arménienne. Cet ensemble de bâtiments médiévaux situé au milieu des escarpements, à l'entrée de la Vallée de l'Azat, s'intègre à un paysage d'une grande beauté naturelle".

 

Contacter l’agence SABERATOURS  en mentionnant le voyage de Sassoun
11, rue des Pyramides. 75001 Paris
Tél. : 01 42 96 13 0
Nombre de places limitées. Date limite d’inscription : 3 avril 2015

http://www.veroniquechemla.info/2015/03/sassoun-association-armenienne-damitie.html 

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