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Publié le 1 Septembre 2020

Stop Boycott - "De quoi le boycott d'Israël est-il le nom ?" - Morceaux choisis

Cette semaine, découvrez les bonnes pages du livre "De quoi le boycott d'Israël est-il le nom ?" de Joël Kotek et Alain Soriano. Les deux auteurs seront les invités de la prochaine Conversation du Crif, jeudi 3 septembre.
De quoi le boycott d'Israël est-il le nom ? de Joël Kotek et Alain Soriano (2020) - Morceaux choisis
 
 
II partie - BDS est-il antisémite ?
 
1. Des accusations précises
 
Dans les pays occidentaux, le débat sur BDS porte sur la question rhétorique suivante : l’antisionisme affiché de BDS est-il une forme de racisme ? Des intellectuels comme Umberto Eco, des politiques comme Martine Aubry, pourtant peu favorables aux thèses de la droite israélienne, le pensent. Des chercheurs l’avancent ; des pays tels l’Allemagne l’ont établi, tout comme des jugements aux États-Unis, mais aussi en France. Un seul exemple, la condamnation, en mai 2012, d’Olivia Zemor, la Présidente de CAPJPO par la Cour d’Appel de Paris à 1000 € d’amende avec sursis pour avoir mis en ligne en juillet 2009 une vidéo tournée dans un supermarché d’Evry 2 appelant au boycott des produits israéliens. La cour d’appel estima qu’«en choisissant de diffuser des propos outranciers et notamment l’affirmation selon laquelle acheter un produit en provenance d’Israël équivaut à acheter une balle qui va tuer un enfant palestinien » . Cette nouvelle condamnation souligne en quoi le boycott, tel que pratiqué, en tout cas, par la CAPJPO, constitue aux yeux de la loi française un véritable délit, c’est-à-dire en aucun cas une forme de liberté d’expression. D’un autre côté, l’honnêteté impose de souligner que l’organisation dirigée d’une main de fer par Olivia Zemor est sans doute la branche la plus sectaire de la mouvance BDS française.
 
2. Les dénégations de BDS
 
BDS serait-il antisémite? Il va de soi qu’Omar Barghouti, son fondateur, réfute avec véhémence tout soupçon d’antisémitisme. À l’en croire, «le mouvement BDS n’a jamais visé les Juifs ou les Israéliens en tant que Juifs (…)» et le porte-parole de BDS de dénoncer un « honteux chantage à l’antisémitisme». «Israël, et sa machine de propagande bien huilée, accuse immédiatement tout supporter de BDS d’être antisémite.
 
C’est une forme d’intimidation pour faire taire toute contestation.
C’est une tactique particulièrement utilisée contre les Européens et les Américains qui soutiennent le boycott, les rendant coupables de l’Holocauste. Tactique qui permet à Israël, depuis des décennies, de forcer au silence face à l’oppression que subissent les Palestiniens. (…) Le mouvement BDS se réclame de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il est non sectaire et rejette toutes les formes de racisme, y compris l’islamophobie, l’antisémitisme et les dizaines de lois israéliennes racistes (…).» L’appel de BDS ne serait en rien discriminatoire, ne devrait absolument pas être interprété comme une punition collective à l’encontre de la population israélienne. Le boycott ne viserait que les institutions israéliennes, pas les individus, «si toutefois ces individus sont clairement détachés de toute organisation israélienne, sioniste ou liée au gouvernement israélien ».
 
On voudrait le croire n’était la réalité des faits. Le fossé paraît immense entre ce que le mouvement dit et ce qu’il fait. Si le mouvement rejette en théorie le boycott des personnes sur base de leur identité (comme leurs citoyenneté, opinion, «race», sexe ou religion), sa mise au ban vise en pratique tout individu en lien avec l’État juif, à l’exclusion de ceux, extrêmement peu nombreux, qui se désolidarisent totalement du projet sioniste. Le discours lénifiant de BDS est rejoint par celui de ses branches, comme BDS-France qui assure également dans sa charte ne pas viser « des personnes ou des groupes en raison de leur origine ou de leur religion juive, ni les entreprises ou leurs produits», mais bien «la politique coloniale d’occupation israélienne et ses partisans». La réalité est loin d’être aussi limpide si l’on songe aux campagnes de boycott menées sur le terrain.
 
Que BDS n’appelle pas au meurtre des Juifs est une réalité, mais comment interpréter autrement sa dénonciation des Israéliens-tueurs-d’enfants tout particulièrement au miroir de la définition de travail de l’IHRA, l’International Holocauste Rememberance Alliance (IHRA), adoptée en juin 2017 par le Parlement européen après les gouvernements allemand, autrichien et britannique, et par la France, par le discours du Président Emmanuel Macron au Dîner du Crif en février 2019? Cette définition est fondamentale pour préciser l’étroite frontière entre antisionisme et antisémitisme.
Est considérée comme antisémite, toute critique qui :
 
  • « nie au peuple juif le droit à l’autodétermination, en prétendant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est une entreprise raciste.
  • fait preuve d’une double morale en exigeant d’Israël un comportement qui n’est attendu ni requis d’aucun autre pays démocratique.
  • utilise des symboles et images associés à l’antisémitisme classique (par ex : l’affirmation que les Juifs ont tué Jésus ou les meurtres rituels) pour caractériser Israël et les Israéliens. • fait des comparaisons entre la politique actuelle israélienne et celle des nazis.
  • tient les Juifs de manière collective pour responsables des actions de l’État d’Israël ».

À ce titre, l’idée de boycott intégral d’Israël qui est prônée dans les faits par BDS – sans même évoquer sa finalité politicide et ethnocidaire – pose question. Que penser d’un mouvement qui se présente comme pacifiste, mais diabolise son ennemi pour susciter sa nécessaire destruction ? Que penser d’un collectif citoyen, mais dont l’unique solution au conflit qui l’oppose à son adversaire est la disparition pure et simple de celui-ci? Car de quoi le boycott est-il le nom, sinon de l’israélicide, pour reprendre le concept forgé par Pierre-André Taguieff !

Découvrez l'intégrlalité du livre dans quelques jours, sur le site du Crif

 

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Le Crif en conversation avec...

Joël Kotek & Alain Soriano, Co-auteurs du livre De quoi le boycott d'Israël est-il le nom ? 

"De quoi le boycott d'Israël est-il le nom ?"

Jeudi 3 septembre à 18h, en direct sur la page Facebook du Crif

Nos invités seront intérrogés par Robert Ejnes, directeur exécutif du Crif.