Actualités
|
Publié le 28 Novembre 2012

Trois questions à Jean-Marie Le Guen, député socialiste

Jean-Marie Le Guen, député socialiste du XIIIè arrondissement, avait été en septembre 2011, un des premiers signataires d'une lettre adressée au précédant Président de la République pour le prévenir des risques que représenterait un soutien de la France à la demande de reconnaissance d’un statut d’Etat membre à l’ONU pour la Palestine.

A l’approche d’un nouveau vote à l’ONU, il explique pourquoi la résolution du conflit israélo-palestinien ne pourra que passer par une négociation entre les représentants légitimes des deux peuples.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé qu'il demanderait le 29 novembre aux Nations unies d'accorder un statut d'État non membre à l'ONU pour la Palestine. Le Ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé que la France voterait en faveur de ce statut. Etes-vous surpris? Quelle est votre réaction ? Pensez-vous que la France aurait du s'abstenir de soutenir cette initiative unilatérale?

 

JMLG : Je suis convaincu que la paix passe par la création d’un Etat palestinien à côté d’Israël mais je ne suis pas certain que cette démarche unilatérale permette une reprise rapide des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Or, comment parvenir à la paix sans négocier ? Je trouve donc qu’un vote en faveur de l’admission de la Palestine en tant qu’Etat non membre observateur de l’ONU ne s’imposait pas. Je dirais même que compte tenu des événements récents à Gaza et des échéances électorales à venir, ce n’est pas le bon signal à envoyer à Israël. Ce pays se sent déjà suffisamment isolé sur la scène internationale, ce n’était pas la peine d’en rajouter. Pour que la population israélienne prenne à nouveau le « risque » d’essayer de faire la paix, c'est-à-dire d’envisager des compromis qui seront forcément douloureux, il faut la rassurer et lui montrer que ses amis et alliés, dont la France, la soutiennent dans ses aspirations légitimes.

 

Justement, l’Etat d’Israël a dû défendre sa population contre les attaques de roquettes en provenance du Hamas. Devant cette violence meurtrière, Laurent Fabius a mis en avant le rôle de l’Iran dans l’approvisionnement en armes de la bande de Gaza. Les menaces auxquelles se confronte l’Etat d’Israël pour sa sécurité vous semblent-elles suffisamment reconnues par la communauté internationale ?

 

JMLG : Je déplore que la communauté internationale, et notamment l’ONU, soit restée silencieuse aux nombreux appels du gouvernement israélien qui lui demandait d’agir contre les tirs de roquettes continuels depuis la bande de Gaza qui, je le rappelle, a été totalement évacuée par Israël en 2005. Aucun pays, aucun dirigeant ne resterait les bras croisés dans une situation pareille. Israël n’avait donc pas d’autre choix que d’intervenir militairement. Il l’a fait avec mesure mais, compte tenu de la situation sur le terrain, il est impossible d’éviter les victimes civiles. On ne peut que les regretter évidemment mais le Hamas en est co-responsable, comme il est co-responsable du maintien du blocus de la bande de Gaza et de la situation humanitaire dans laquelle se trouve sa population. Même si je suis convaincu qu’il faut traiter séparément le dossier des négociations avec les Palestiniens et celui du nucléaire iranien, il est évident que l’Iran mène une guerre (à peine) larvée contre Israël par Hamas – et Hezbollah – interposé. Il semblerait même que l’attentat de Sofia n’y soit pas étranger. La communauté internationale ne doit pas ignorer cette situation et probablement étendre les sanctions contre l’Iran.

 

Après le vote de l'ONU, quelles initiatives la France pourrait-elle prendre, pour faciliter la reprise du dialogue mais aussi pour favoriser le développement d'une culture de paix face aux incitations à la haine continues présentes dans les discours du Hamas et dans certains médias palestiniens?

 

JMLG : Il ne fait pas de doute que l’Assemblée Générale votera en faveur de l’admission de la Palestine à l’ONU. Je souhaite qu’Israël ait la sagesse d’en prendre son parti : en votant pour l'admission de la Palestine, les Etats arabes vont de facto reconnaitre Israël dans les frontières de 1967, son droit à l'existence dans la sécurité et accepter une solution négociée à la question des réfugiés ! Ces mots figurent dans la résolution présentée par les Palestiniens ! Il faut qu’Israël les prenne au mot et tende à nouveau la main aux Palestiniens et aux Etats arabes pour engager des négociations de paix. C’est le seul moyen d’assurer sa sécurité à long terme. Je ne doute pas que François Hollande, qui a fait montre de son amitié pour Israël à plusieurs reprises, apporterait le soutien de la France à une initiative en ce sens.Les messages de haine véhiculés par le Hamas voire par les chaines publiques palestiniennes sont inacceptables. Nous avons peu de moyens de pression sur le Hamas mais je suis favorable à ce que l’Union Européenne et la France demandent fermement à l’Autorité Palestinienne, qu’elles soutiennent financièrement, de mettre fin à ces campagnes.

Maintenance

Le site du Crif est actuellement en maintenance