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Publié le 30 Novembre 2012

Trois questions à Josy Eisenberg : Les 50 ans de « La source de vie »

Josy Eisenberg est un homme de livres ; diplômé de Lettres et d’Histoire, il est aussi un rabbin officiant qui a su conjuguer ses deux carrières pour offrir au judaïsme une large littérature. Il est l’auteur d’une quinzaine de livres sur l’histoire juive, le judaïsme et d’humour.

 

Josy Eisenberg est également un homme de médias qui depuis 50 ans œuvre pour faire connaître au grand public les fondements de la première religion monothéiste. À l’occasion des 50 ans de son émission, La source de vie, nous posons trois questions à Josy Eisenberg.

Comment vous est venue l’idée de cette émission ?

 

J’étais à l’époque, un jeune rabbin officiant à Montmartre et secrétaire particulier du Grand Rabbin de France. Pour moi, devenir rabbin voulait dire avoir envie de diffuser la Torah de ce fait, je donnais divers cours de Torah dans ma communauté mais le public demeurait restreint. Il fallait un moyen de diffuser le judaïsme plus largement et c’est en regardant la télévision que l’idée m’est venue. L’idée de créer une émission.

 

Il existait déjà une émission protestante et catholique. L’ORTF, à qui je me suis adressé, ne pouvait pas refuser une émission sur le judaïsme.

 

Dès septembre 1962, nous avons commencé à tourner. Je ne connaissais rien à la télévision et j’ai eu besoin de m’entourer de réalisateurs. Au fur et à mesure j’ai compris de quoi il s’agissait et je me suis mis à la réalisation.

 

Comme disait Cyrano de Bergerac « Il vaut mieux être servi par soi-même que par les autres ».

 

Depuis le début de votre carrière, vous avez interviewé de nombreuses personnalités.

Une anecdote à nous raconter ?

 

J’ai rencontré énormément de monde, toutes sortes de célébrités,  de Ben Gourion à Eli Wiesel. Ils m’ont tous marqué.

 

Une anecdote me revient en mémoire avec le Président François Mitterrand.

 

Il avait son bureau à côté de mon domicile et je le croisais souvent, avec son ami Georges Dayan, attendant un taxi.

 

C’est de cette façon que nous avons fait connaissance et très souvent, je me suis trouvé à jouer le chauffeur de taxi pour le ramener rue de Bièvre. Une amitié est née.

 

Un jour, sans que je le demande, il m’a appelé pour me proposer  la Légion d’honneur.

 

Au cours de la cérémonie à l’Elysée, le Président a fait un long discours, parlant de mes livres qu’il avait lus car il s’intéressait au judaïsme, puis il m’a posé une question :

 

« Je suis intrigué par votre dernier livre, Jacob, Rachel, Léa et les autres. La Bible raconte parfois des choses curieuses.

 

Comment Jacob, l’ancêtre d’un peuple si intelligent a-t-il pu travailler sept ans pour obtenir la main de Rachel alors que c’est Léa qu’il a trouvée dans son lit puis se remettre à  travailler sept ans supplémentaires pour Rachel ? »

 

Le protocole interdit de répondre au Président mais lors du cocktail qui suivait la remise de la Légion d’honneur, j’ai pu lui répondre :

 

« Voyez vous, lorsque l’on désire quelque chose passionnément, il arrive que l’on travaille sept ans pour l’obtenir et ne l’ayant pas obtenu que l’on doive se remettre à travailler pendant encore sept années. »

 

Mitterrand m’a pris la main et a dit : « Je ne dis plus rien ».

 

Avez-vous des projets en préparation ?

 

J’ai fait une série sur le roi David et dans cette continuité, je prépare une série sur le roi Salomon.

 

Par ailleurs, au regard de l’actualité, j’ai l’intention de faire au moins deux émissions sur les rapports historiques et contemporains entre l’islam et le judaïsme.

 

Je continue à écrire et prépare un ouvrage sur la Kabbale.

 

La Source de Vie et Judaica sont toujours diffusées le dimanche matin, sur France 2.