#VieCommunautaire - Investiture du nouveau Grand Rabbin de Strasbourg

La dernière installation officielle a eu lieu il y a trente ans, lorsque René Gutman a succédé à Max Warschawski. C'est dire l'importance de la cérémonie qui a longuement rassemblé fidèles, élus et représentants des autres religions, hier en fin d'après-midi, dans la synagogue de la Paix, à Strasbourg,

Très applaudi, René Gutman était venu spécialement de Jérusalem, où il est désormais établi, pour passer symboliquement le témoin à Harold Avraham qui est à la tête « d'une des communautés les plus prestigieuses, les plus respectées et les plus influentes d'Europe », a dit celui qui fut son grand rabbin de 1987 à 2017.

« Faites comme moi c'est-à-dire autrement »

Il a invité son successeur à faire preuve « d'une fidélité infidèle » à son égard : « Faites comme moi, c'est-à-dire autrement. » René Gutman a ensuite évoqué les fidèles, « un ensemble vivant », et a exhorté Harold Avraham Weill à être « la voix de nos frères dans le monde. »

Après lecture du décret de nomination, la transmission du talith, le châle de prière, a marqué officiellement le changement de grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin.

« La destinée plus que mon mérite m'a placé en haut de cette chaire », a commencé Harold Weill, citant le grand rabbin Deutsch, l'un de ses prédécesseurs. La mémoire de tous a été évoquée dans les différents discours qui ont ponctué la cérémonie.

« Seule une conscience aiguë de l'existence [du passé] de ce qui touche à notre identité la plus intime, est de nature à nous permettre d'appréhender un futur serein », a-t-il poursuivi.

« En ces temps particulièrement troubles, dans une société en pleine mutation et en perte de repères, où des voix continuent à s'élever pour nier ou effacer une partie de cette histoire et de cette mémoire, nos textes pluri-millénaires ainsi que notre tradition agissent comme des balises. » Et d'ajouter, « il me paraît important, voire fondamental, que les communautés religieuses, portées par leurs hommes de foi, puissent continuer à s'ériger en modèle, à participer au débat sociétal en donnant matière à penser, et à contribuer à la fraternité et à la paix sociale, à laquelle nous aspirons toutes et tous. » Il a aussi lancé un appel aux jeunes : « Aidez-moi à dessiner la communauté de demain. »

Les interventions du préfet Jean-Luc Marx, du président du consistoire, Jean-Paul Kling, du grand rabbin du Haut-Rhin, Claude Fhima, du président du consistoire central, Joël Mergui, ou encore du grand rabbin, Pinchas Goldschmidt, président de la conférence des rabbins européens, ont donné au moment sa gravité. Les psaumes interprétés par le choeur d'hommes de la synagogue, ainsi que les chants, ont donné à la cérémonie une grande intensité.

Parmi les nombreux remerciements prodigués à la communauté, au consistoire, à sa famille, à ses parents, son épouse, ses enfants, Harold Weill a également eu une pensée émue pour sa grand-mère paternelle Selma Weill qui enfant l'amenait à la synagogue et « a forgé l'adulte que je suis devenu aujourd'hui. »