"Somnambules et Terminators", de Gérard Rabinovitch

 
Entretien par Noemie Halioua, publié sur Jewpop le 21 novermbre 2016
 
Gérard Rabinovitch participera à la 7eme Convention Nationale du Crif, le 4 décembre 2016 à Paris, sur le thème "Les maux des Français juifs".
 
Alors que l’on vient de commémorer les attentats du 13 novembre 2015, le philosophe et sociologue Gérard Rabinovitch, dans son nouvel et passionnant essai « Somnambules et Terminators » (Editions Le Bord de l’eau), aborde avec acuité cette « troisième vague génocidaire » que représente le djihadisme, après la Shoah et le génocide des Tutsis. Pour l’auteur, notre société se trouve démunie devant ces « zombies », ainsi qu’il qualifie justement les adolescents et jeunes adultes sans humanité ni conscience montant à l’assaut d’un Occident en plein déni de réalité. Des « Terminators », asservis  – mais paradoxalement totalement installés dans les modernités contemporaines de communication – désireux d’en finir avec un « monde libre » devenu somnambule. Dans un entretien pour le magazine L’Arche, Gérard Rabinovitch évoque la montée des périls, la destructivité, et le conflit à l’intérieur des civilisations.
 
Le titre de votre nouvel ouvrage « Somnambules et Terminators » a de quoi intriguer. Quelle réalité vise-t-il ?
 
Gérard Rabinovitch : C’est évidemment un adossement à la trilogie « Les Somnambules » de l’écrivain, juif allemand, Herman Broch, qui consigna et identifia bien en amont, sous le règne de Guillaume II, les prémisses d’une crise morale, identitaire, d’un délabrement des valeurs ; une ambiance délétère dans laquelle le nazisme fit plus tard son nid. Une œuvre prémonitoire qui explorait loin en arrière, les semences toxiques de ce qui se profilait des désastres imminents à venir. C’est aussi une façon imagée de pointer le mélange d’empêchement de penser, d’aveuglement, d’indolence, d’indigence et d’ignorance « volontaire » qui paralyse la compréhension lucide de ce qui se trame aujourd’hui et s’annonce, si l’ensemble collectif la « Cité commune » ne réagit pas. Et ne se dégage pas de ses routines de savoir et de nomination, de ses grilles de lectures obsolètes qui n’attrapent plus rien de la réalité.
Quant à « Terminators », c’est bien sûr une allusion aux films de James Cameron, le fil de plausibilité d’une disparition de l’Espèce humaine par auto et hétéro destructivité qui les sous-tend ; et une allusion aux paradoxes temporels qui font s’entrecroiser et s’entrelacer fictivement des temps différents. Dans notre réalité d’époque, je vise par cette allusion la coexistence et l’entrelacement aujourd’hui d’une modernité technique aux potentialités incommensurables avec des immobilités psychiques archaïques, et leurs mauvais effets. C’est aussi une allusion au Totalitarisme dont un des paradigmes est la fin de l’Histoire, de viser l’achèvement, la fermeture, d’en « terminer » avec toute forme d’incertitude ; et la clôture du devenir humain. Une des caractéristiques, il me semble, du paradigme totalitaire réside dans l’écrasement en fusion de l’origine des temps et de la fin des temps... Lire l'intégralité.
 
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