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Publié le 24 Juillet 2007

Eurabia. L’axe euro-arabe Par Bat Ye’or (*)

L’idée d’une « Union méditerranéenne » dans le sillage du « processus de Barcelone » inauguré en 1995 par les quinze pays membres de l’Union Européenne, n’a pas que des partisans. Parmi les détracteurs convaincus de cette initiative, l’historienne Bat Ye’or, célèbre spécialiste de la dhimmitude, qui craint la transformation de l’Europe en « Eurabia », une extension culturelle et politique du monde arabo-musulman. Pour elle, « le palestinisme, nouveau culte de l’Europe, substitué à la Bible, façonne dans Eurabia les mythes fondateurs du jihad, c’est-à-dire la suprématie morale et politique de l’islam ». Incisive et pessimiste, elle ajoute, en préambule à un ouvrage bien documenté, que nous vivons dans « une société où les antisémites sont promus à de nombreux postes de contrôle et de pouvoir. Adopté à l’origine par opportunisme politique, l’antisionisme de l’Europe est devenu, sous la pression du jihad, le bouclier protecteur et l’ultime rempart d’une stratégie cultivée dans la poltronnerie et la lâcheté assortie de versements de tributs ». On le voit, comme toujours, Bat Ye’or n’a pas sa langue dans sa poche.


Au cours des ans, nous explique-t-elle, les choses se sont faites progressivement. Tout d’abord, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, un axe euro-arabe judéophobe et antiaméricain s’est reconstitué. Formé par les mouvements euro-nazis et fascistes, pour la plupart financés par la Ligue Arabe. « Son développement, affirme l’auteur, a franchi un seuil dans les années 1960, quand le général de Gaulle fit de la coopération avec le monde musulman « la base fondamentale de la politique étrangère française » ». Et Bat Ye’Or d’ajouter : « La France entraîna dans cette voie l’Europe, qui mit en œuvre une politique euro-arabe hostile à Israël et aux États-Unis, sous la dénomination de Dialogue euro-arabe (DEA) ». Au début, le DEA s’établit comme un marché économique : les pays de la CEE s’engageaient à soutenir la politique arabe contre Israël et, en échange, ils bénéficiaient d’accords économiques avec les pays de la Ligue Arabe. Puis, au fil des ans, « Le Dialogue euro-arabe réussit à transformer en trente ans la civilisation européenne en une culture hybride, Eurabia, sous-tendue par l’antioccidentalisme et la judéophobie ».
La politique imposée peu à peu par l’appareil du DEA repose sur six piliers principaux :
1/ L’utopie andalouse avec le mythe de l’âge d’or
2/ La supériorité culturelle de la civilisation islamique sur l’Europe
3/ La création d’un véritable culte palestinien européen
4/ La culpabilité européenne
5/ L’antisionisme/antisémitisme
6/ L’antiaméricanisme et l’antichristianisme
Et, tandis que la politique d’ouverture culturelle et scientifique en direction des Arabes se développait, le boycott d’Israël, dans les mêmes domaines s’organisait. Alors que le racisme antijuif se propageait dans les campus européens, une campagne hostile cibla les universitaires israéliens désormais exclus des programmes de recherches de l’UE. Un véritable apartheid.
Le diagnostic de Bat Ye’or est sévère. Pour elle, « la vision unilatérale de l’histoire, fondée sur la victimologie arabe, …laisse présumer que ce Dialogue conduira les Européens à s’enfoncer davantage dans les voies de la dhimmitude ».
Inquiétant !
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Jean-Cyrille Godefroy. Mars 2006. 352 pages. 22€