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Publié le 12 Septembre 2013

Expier les fautes du père

Par Thomas Sotinel

 

Cinéaste apprécié du régime nazi, et particulièrement de Josef Goebbels, Veit Harlan a réalisé en 1940 Le Juif Süss. Après la victoire des Alliés, un tribunal allemand l'a acquitté, tout en qualifiant le film "d'acte d'agression contre les juifs". Veit Harlan avait un fils prénommé Thomas, né en 1929. Thomas Harlan a construit sa vie contre son père. Il a fui l'Allemagne pour la France, avec l'aide de Michel Tournier. Il est revenu dans son pays où, après s'être essayé au théâtre en compagnie de Klaus Kinski, il a lutté pour mettre au jour la responsabilité de criminels nazis qui vivaient alors en paix.

 

Je te porterai jusqu'à la fin de mes jours, comme une faute

En quelques dizaines de pages paroxystiques, Thomas Harlan refait les zigzags qui l'ont éloigné et rapproché de son père, lui proposant ce sacrifice que Veit Harlan ne peut plus refuser : "Je te porterai jusqu'à la fin de mes jours, comme une faute. (...) Laisse-moi être ton fils aîné, je t'en prie." Cette prière monte du lit de mort d'un des représentants les plus marquants de la génération allemande qui a dû expier les crimes de pères étrangers au remords.

 

Veit. D'un fils à son père. Dans l'ombre du "Juif Süss"

par Thomas Harlan

Capricci éditions, 148 pages, 15 €

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