A lire, à voir, à écouter
|
Publié le 6 Novembre 2015

Indifférence à la haine : un livre de référence, signé Knobel

Depuis des années, l’historien Marc Knobel a de salutaires obsessions et une puissante détermination. 

Par Jean Philippe Moinet, éditeur, journaliste et écrivain, publié sur le Blog du CRIF le 6 novembre 2015
 
L’une de ses salutaires obsessions, sur laquelle il a beaucoup travaillé et mené de profondes recherches, est cette diffusion sans frontières, sans retenues et sans toujours grandes oppositions, des haines multi-formes qui s’entretiennent. 
 
Cet auteur y travaille depuis des années, avec la précision des historiens rigoureux doublée d’une conviction républicaine qui, chez lui, j’en témoigne modestement, est chevillée au corps. En 2012, dans « L’internet de la haine », il mettait à nu, dans un livre déjà très documenté, l’assaut des « racistes, antisémites, néonazis, intégristes, islamistes, terroristes et homophobes », cette armée d’intolérants virulents, et parfois violents, qui monte avec véhémence « à l’assaut du Web ».
 
L’année suivante, le même Marc Knobel, que la Revue Civique s’honore d’avoir en son conseil éditorial, publiait un livre « Haine et violences antisémites », où il traitait plus spécifiquement de l’antisémitisme flamboyant, qui a surgi de la première Intifada en 2000, pour se développer avec virulence de Gaza à nos quartiers parfois. Jusqu’aux événements vécus en France de ces dernières années.   
 
Redoutable anesthésie au Mal lui-même   Dans ce nouvel et important ouvrage, « L’indifférence à la haine. Racisme et antisémitisme » (Berg international éditeurs), Marc Knobel recueille utilement un nombre de textes, de données et d’analyses, qui viennent éclairer d’une lumière crue l’actuelle réalité de l’indifférence, répandue en notre société comme une redoutable anesthésie non pas à la douleur mais au Mal lui-même. Ce qui, in fine, relève, selon la célèbre formule d’Anna Harendt, d’une cruelle « banalité du Mal ». Cruelle d’abord, pour toutes les victimes ciblées, du racisme, de l’antisémitisme et de son masque si facile à porter aujourd’hui, l’antisionisme, cruelle indifférence pour toutes les victimes du terrorisme intellectuel ou moral de l’intolérance, victimes du terrorisme tout court. Qui a frappé, tout dernièrement au couteau, à Jérusalem, mais aussi à Marseille.   
 
Cette indifférence ambiante et environnante est cruelle aussi, aujourd’hui en France, pour la société elle-même: car c’est bien l’indifférence qui facilite la propagation de toutes les formes d’intolérances et d’extrémismes, y compris bien sûr, celle de l’extrême droite qui, dans toute l’Europe et tout particulièrement en notre pays, vient récupérer et instrumentaliser les peurs. Pour les transformer en propagande (qui n’a plus besoin de s’afficher d’ailleurs), qu’il s’agisse de la xénophobie ou de l’europhobie. La machine qui consiste à alimenter un extrémisme à partir d’un autre est une machine infernale, que la France démocrate et républicaine, celle des Lumières et qui transcende heureusement tous les clivages (politiques, sociaux, religieux et ethniques), va devoir enrayer. Tôt ou tard. Mais le plus tôt possible serait le mieux !... Lire l'intégralité.
CRIF
Maintenance

Le site du Crif est actuellement en maintenance