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Publié le 4 Septembre 2015

Juifs et Chrétiens, partenaires de l'unique alliance, témoins et passeurs, par Bruno Charmet (*)

Un livre érudit et passionnant.

Par Jean-Pierre Allali
Militant de longue date du dialogue interreligieux et plus particulièrement du rapprochement entre Juifs et Chrétiens, Bruno Charmet est le directeur de l'Amitié Judéo-chrétienne de France et expert auprès du Service national de l'Église catholique pour les relations avec le judaïsme.
Le livre qu'il nous propose est, a priori, une présentation de figures, connues ou moins médiatiques, des « témoins et passeurs », douze, si l'on s'en tient aux titres des chapitres : Emmanuel Levinas, le rav Élia'hou Éliezer Dessler, Bernard Dupuy, Colette Kessler, Saint Éphrem le Syrien, le cardinal Jean-Marie Lustiger, le cardinal Charles Journet, Jacques Maritain, Jules Isaac, Maurice Blondel, Léon Brunschvicg et Aimé Forest.
Mais, à la lecture, il apparaît très vite qu'on est en présence d'un livre gigogne car la description de la vie et des combats de chaque personnage est accompagnée de chapitre relatifs à ceux qui les ont connus et côtoyés ou encore qu'ils ont étudiés ou, parfois, combattu. Dès lors, ce sont des dizaines d'autres figures que l'on découvre au fil des pages : Paul Ricœur, Martin Heidegger, J.G. Fichte, le peintre Benn, Josy Eisenberg, le cardinal Albert Decourtray, Jean-Paul II, le père Patrick Desbois, Élie Wiesel, Monseigneur Daniel Pézeril, Édith Stein, Henri Irénée Marrou, Gabriel Marcel, Stanislas Fumet, Lucien Rebatet, Raïssa et Véra Maritain, le pape Pie XII, Léo Kubowitzki, Mgr Montini, Albert Camus, Paul Claudel, François Mauriac, Léon Blum, le Grand rabbin de Rome, Elio Toaff, Gaston Fessard, le maréchal Pétain, Henri Bergson, l'abbé Georges Duret, Jacques Madaule, Jacques Chevalier, Jeanne, Dominique et Michel Forest, le père Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus, René Le Senne, Louis Lavelle et d'autres encore.
L'ouvrage s'ouvre sur une belle discussion autour du récit de l'hospitalité d'Abraham. Ce dernier était assis à l'entrée de sa tente, en quête de passants fatigués par la chaleur afin de les inviter à partager l'ombre de son logis.
Parmi les nombreux sujets abordés : la création du Comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme, la déclaration de repentance du père Dupuy puis celle de Drancy, Nostra Aetate, l'absence de Dieu à Auschwitz, la rafle du Vél d'Hiv, le pogrom de Kielce, la modification de l'oraison du Vendredi Saint, « Pro perfidis judaeis » et le massacre d' Oradour-sur-Glane.
On notera que l'auteur cite, à plusieurs reprises, Richard Prasquier, président d'honneur du CRIF, notamment pour son action en faveur d'un mémorial érigé à la mémoire du cardinal Lustiger et Roger Bennarrosh, vice président honoraire du CRIF, co-fondateur du MJLF.
Dans son introduction, l'auteur suggère qu'il n'est pas nécessaire de lire toutes les notes. Il ne faut surtout pas le suivre. S'il est vrai que l'appareil critique de l'ouvrage est un peu lourd, il est d'une richesse exemplaire et fait partie intégrante du tout.
Un livre érudit et passionnant.
Note:
(*) Éditions Parole et Silence. 2015. Préface de Marguerite Léna. 290 pages. 25 euros.
CRIF