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Publié le 5 Novembre 2015

László Nemes : « L’antisémitisme est toujours un énorme business politique et économique »

« À chaque fois, l’antijudaïsme primaire trouve des façons différentes d’exister », regrette le réalisateur du « Fils de Saul ».

Propos recueillis par Robert Sender, entretien publié dans Actualité Juive le 4 novembre 2015
 
C'est découvrant le livre de témoignages « Des voix sous la cendre » que vous avez eu l’idée de votre film. Pensez-vous que sans vos origines juives vous l’auriez eue ?
 
Non. De la déportation à l’extermination en passant par les caches et la résistance, toute ma vie j’ai entendu des histoires très variées des deux côtés de ma famille hongroise, cela me mettait en colère. 
 
Je n’ai jamais trouvé la réponse, pourquoi il fallait les tuer. J’étais donc motivé. Le fait de trouver ce livre sur les sonderkommandos a représenté une illumination. Il a été écrit dans les camps. Le film m’a permis de reconnecter le culturel avec le religieux comme avec quelque chose de perdu. Mais on vit aussi avec l’impression d’exister dans un monde en ruines. 
 
Ce qui était la vie juive très riche en Hongrie au début du vingtième siècle était extrêmement varié, et enrichissant pour la Hongrie aussi. Maintenant ce n’est que l’ombre de ce que cela a été. Au quotidien, on entend des remarques sur les juifs quand on prend le tramway. 
 
Mais est-ce mieux en France aujourd’hui ? L’antisémitisme est toujours un énorme business politique et économique. L’extrême droite et les néo nazis sont puissants. Aujourd’hui en Europe, on ne dit plus « Sale juif », mais « Sale sioniste ». 
 
À chaque fois, l’antijudaïsme primaire trouve des façons différentes d’exister. J’ai préparé mon film notamment à l’école Sam Spiegel de Jérusalem dans le cadre d’un atelier pour améliorer le scénario. Plus on attaque Israël, plus j’ai envie de le défendre... Lire l'intégralité.
 
CRIF