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Publié le 15 Décembre 2015

Le pogrom de Iaşi et la Shoah en Roumanie (Pogromul de la Iaşi si Holocaustul în România), sous la coordination de Carol Iancu et Alexandru-Florin Platon (*)

Le terrible pogrome de Iasi, premier massacre de masse de la Seconde Guerre mondiale, a marqué à jamais la mémoire juive de Roumanie.

Une recension de Jean-Pierre Allali
 
Cet ouvrage reprend pour l'essentiel les actes du colloque international « 70 ans depuis le pogrom de Iasi (28-30 juin 1941). Histoire et mémoire », organisé par la faculté d'histoire de l'université Alexandru Ioan Cuza de Iaşi, qui s'est tenu les 26 et 27 juin 2011. Une série de nouveaux textes y a été ajoutée. En tout, vingt-cinq contributions de qualité dues à la plume de spécialistes venus de Roumanie, de France, d'Israël, de Suisse, de Moldavie et des États-Unis.
 
Le terrible pogrome de Iasi, premier massacre de masse de la Seconde Guerre mondiale, a marqué à jamais la mémoire juive de Roumanie et l'on doit être reconnaissant aux auteurs de nous rappeler les circonstances qui ont précédé le drame, les conditions dans lesquelles il a été commis et les leçons qui ont pu en être tirées pour l'Histoire. Ce pogrome fit entre 13 000 et 14 000 victimes dans une ville qui comptait alors 45 000 Juifs. Les gens furent massacrés dans les rues, dans leurs appartements, poursuivis et assassinés dans des caves où ils pensaient avoir trouvé refuge. Beaucoup furent exécutés dans la cour du bâtiment de la police. Sans oublier les morts de soif et de faim dans des wagons de marchandises hermétiquement scellés.
 
Selon leurs auteurs, les textes sont en français ou en roumain, mais, dans les deux cas, une traduction résumée est proposée. De remarquables développements concernent la correspondance diplomatique française qui a été précautionneusement dépouillée et qui révèle de nombreux éléments. Ainsi en est-il, par exemple, d'une lettre inédite de l'ambassadeur Pierre Charpentier sur le procès des responsables du pogrom. Le rôle essentiel du Grand rabbin Alexandre Safran est analysé avec finesse ainsi que celui des rabbins et du rabbinat de Iaşi, tout comme le rendu du cinéma, du théâtre de la littérature et même de l'architecture postcommuniste dans la préservation de la mémoire des événements dramatiques vécus par les Juifs roumains.
Très intéressant.
 
Note :
(*) Éditions de l'université Alexandru Ioan Cuza de Iaşi. 2015. 366 pages. Ouvrage publié avec le concours de l'université Paul Valéry. Montpellier 3.
CRIF