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Publié le 23 Février 2015

L'ombre des préjugés, par Guta Tyrangiel Benezra (*)

« Je laisse des traces...alors j'ai vécu »
 

Une recension de Jean-Pierre Allali
Toute la vérité, rien que la vérité. Dans ce récit autobiographique, l'auteur a décidé de tout dire sur sa vie. Même si certains détails peuvent étonner, choquer même. Car, affirme-t-elle en conclusion : « Je laisse des traces...alors j'ai vécu ».
Juive errante, selon ses dires, l'auteur, née Guta Tyrangiel, a, au fil des pérégrinations de sa vie, changé d'identité. Enfant cachée, elle fut Genowefa Filipiak, adolescente, Genia Jaszczuk, femme mariée Geneviève Benezra.
Alors que sa mère et sa sœur Hannah ont été brûlées vives dans un camp en janvier 1943 et que son père, peu après, a été assassiné au ghetto de Varsovie, Guta, petite rescapée juive polonaise de la Shoah va se retrouver à Strasbourg dans les années soixante et entreprendre des études supérieures. C'est là qu'elle va connaître Claude, un Juif marocain, son futur mari. Le couple aura deux enfants, deux filles, Annouchka et Patricia.
Puis c'est le Canada où la famille se retrouve à Ottawa. Malgré de nombreux diplômes, la réussite professionnelle de Guta n'est pas au rendez-vous. On a l'impression qu'elle est soit très poissarde, soit une râleuse inguérissable. Son mari n'est pas en reste, qui parle de retourner en France. C'est le temps des séparations. Au fil des pages, l'auteure, de manière un peu impudique, raconte ses aventures extra-conjugales. Au début des années 80, nouveau tournant avec l'installation en Israël. « J'ai quarante ans, dit Guta et je me comporte comme une jeune fille...célibataire ». Guta papillonne et ses filles sont à l'armée.
En 1992, Claude est tué dans le fameux accident d'avion du Mont Sainte-Odile. C'est à cette époque que notre héroïne se lance dans la peinture et dans la poésie. Et même dans le cinéma. Sans trop de succès avoue-t-elle. De nombreuses pages sont consacrées à la situation actuelle en Israël et à la lutte contre l'antisémitisme. Le titre du dernier chapitre est une forme d'aveu : « Sois belle et tais-toi ». Sympathique, mais parfois un peu déroutant.
Note :
(*) Éditions L' Harmattan. Décembre 2014. 148 pages. 14,50 euros.
 

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