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Publié le 24 Octobre 2014

Quelques journées à Auschwitz

Par Jean Massonnet, Prêtre du diocèse de Lyon, Docteur en théologie et membre de l’AJCF, publié sur le site de l’AJCF le 23 octobre 2014

Depuis longtemps, je désirais connaître le site emblématique de la Shoah. (…)

Le silence de ce camp crie, le sol crie. (…)

Un séjour prolongé à Auschwitz, plus qu’une simple visite, est l’occasion d’intérioriser et de dynamiser la marche vers une humanité qui connaîtra la fraternité à laquelle elle est appelée, celle de filles et fils de Dieu.

L’occasion m’a été donnée cet été d’un séjour en Pologne. Depuis longtemps, je désirais connaître le site emblématique de la Shoah. Grâce à l’accueil d’une sœur de Sion, ancienne élève à mes cours d’hébreu biblique, je commençais par une visite de Cracovie (27 juillet – 1er août) ; quatre jours pleins pour découvrir les richesses touristiques de cette ville et les environs. Déjà les témoignages de la présence juive invitaient au souvenir et me préparaient à la deuxième partie de mon séjour à Auschwitz du 1er au 6 août. Les conditions d’hébergement dans le « Centre de dialogue et de prière » proche d’Auschwitz I sont excellentes, en particulier l’accueil des animateurs, le père Manfred Deselaers et Sœur Mary.

Je voulais prendre le temps de me laisser imprégner, autant que possible, de la réalité de ce qui s’était déroulé dans ce lieu. Lors de la première journée, j’ai rejoint une visite guidée en français. De telles propositions sont faites pour les différents groupes linguistiques. Ce fut d’abord la visite d’Auschwitz I, le premier camp, dont les bâtiments sont assez bien conservés. Puis transport pour le deuxième camp, à un peu plus de deux kilomètres, Auschwitz II, ou Birkenau : vaste espace de 171 hectares, qui contenait plus de 300 baraques, dont ne restent pour la plupart que les fondations. Long parcours, à partir de la rampe ferroviaire où arrivaient les convois avec leurs futures victimes ; visites de quelques baraquements encore debout, où l’on pouvait se figurer une idée de l’entassement et de la promiscuité auxquels les détenus étaient livrés ; passage auprès de ce qui reste des lieux de déshabillage, chambres à gaz, fours crématoires dynamités par les nazis, mais dont les restes sont encore témoins de leur forfait ; reconstitution du parcours des déportés qui, ayant échappé à la sélection, subissaient les étapes destinées à faire d’eux des esclaves privés d’humanité : déshabillage, tonte, désinfection, douche, rasoir, tatouages… ; passage près de ces étangs où furent dispersées les cendres silencieuses de combien de centaines de milliers de victimes ? Traversée du bois on l’on obligeait, des photos le prouvent, femmes et enfants à se déshabiller, faute de local, avant d’entrer dans la chambre à gaz… ; parcourir une des longues allées entre les baraquements et imaginer ce que pouvait être la vie de ceux qui y étaient entassés… Lire la suite.

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