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Publié le 3 Novembre 2015

Un homme dangereux, par Émilie Frèche (*)

Réalité et fiction semblent s'entremêler pour notre plus grand plaisir.

Une recension de Jean-Pierre Allali
 
Émilie est écrivaine. Certains de ses ouvrages ont été portés à l'écran dont l'un, qui fera sa célébrité, consacré à la tragique « Affaire Ilan Halimi ». 
 
Ce qui lui a valu, d'ailleurs, d'être missionnée par le ministère de l'Éducation nationale pour parler de racisme et d'antisémitisme dans des établissements scolaires en zone d'éducation prioritaire. Un mari, cardiologue réputé, Adam Lenczner, et deux enfants, deux filles, Suzanne et Léa. La vie rêvée et parfaite, au demeurant. Pas si sûr, quand on y regarde de près. 
 
Émilie a des problèmes de santé : une thyroïde qui fait des siennes, cela s'appelle la maladie de Hashimoto. Incurable, mais pas orpheline. Et, surtout, Émilie et Adam n'ont plus de rapports sexuels depuis de longues années. Ce qui n'empêche pas la narratrice d'être très amoureuse de son mari. 
 
« Tiens, aujourd'hui, cela fait sept cent quarante huit jours qu'Adam et moi n'avons rien fait ! ». Pas de quoi s'affoler car, pour ce qui est du sexe, un certain Benjamin, ami retrouvé, est sollicité à l'occasion. Une relation à caractère hygiénique dépourvue de passion. 
 
Adam, lui, de son côté, est préposé à « lui faire les cheveux ». C'est au moment de la sortie en salle de son roman, Un vrai salaud, consacré à son père, que la vie d'Émilie va basculer. 
 
Elle rencontre l'« homme dangereux », Benoît Parent, journaliste, écrivain passé de mode, juré dans de nombreux prix, la soixantaine, un mètre quatre vingt-sept, « une allure sévère, des petites lunettes à monture en titane qui n'arrangeaient rien, pas de lèvres, une carrure imposante, un trois quarts austère et des chaussures à grosses semelles ». 
 
Côté santé, ce n'est pas la joie : de l'arthrose et, pour ce qui est de la gaudriole, pas certain qu'il assure encore, le grand Benoît. Cerise sur ce gâteau pourri, Benoît Parent est un grand antisémite devant l'Éternel. Antisémite, antisioniste et anti-israélien. En plus très près de ses sous ! 
 
Et c'est de cet homme qu'Émilie va s'éprendre et perdre littéralement la tête, abandonner sa famille et ses amis ! Plus tard, pour tenter de l'oublier et en forme de catharsis, elle se lancera dans l'écriture d'un livre sur lui, sur ce véritable cancer. 
 
Modernité oblige-l'action se passe en 2015-le téléphone portable, les textos et autres SMS ont un rôle non négligeable dans le récit.
 
La tragédie des grands parents d'Émilie, Dorit et Chaskiel, originaires d'Odessa, au temps de la Shoah, s'inscrit comme une histoire dans l'histoire de ce beau roman aux accents parfois autobiographiques. 
 
Réalité et fiction semblent s'entremêler pour notre plus grand plaisir. À découvrir.
 
(*) Éditions Stock. Août 2015. 288 pages. 19,50 euros
 
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