Blog du Crif - Cher Nicolas Bedos...

27 Août 2020 | 2519 vue(s)
Catégorie(s) :
France

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Actualité

Patricia Sitruk est membre du Comité directeur du Crif

Les Occidentaux restent prudents quant à la désescalade russe.

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Antisémitisme

En tant que lecteur de la newsletter du Crif, bénéficiez d'un tarif préférentiel ! La place à 15 euros au lieu de 20 euros. Réservations par téléphone : 01 43 27 88 61 avec le code CRIF           

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

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Israël

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires !

Dans le cadre du match de foot qui doit opposer le RC Strasbourg au Maccabi Haïfa FC, le Préfet de la Région Grand-Est a publié ce matin un arrêté inquiétant et profondément dérangeant. Je me suis entretenu avec le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l'Intérieur, et avec le Directeur de Cabinet du Préfet du Bas-Rhin. Un nouvel arrêté devrait être publié, supprimant notamment l'interdiction des drapeaux nationaux et des signes de soutien aux deux équipes.

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Opinion

La 77ème cérémonie du Yizkor organisée par le FARBAND - Union des Sociétés Juives de France s'est déroulée dimanche 2 octobre 2022, à 11h30 au cimetière de Bagneux. 

À l'aube de 5783, découvrez les vœux de Yonathan Arfi pour Roch Hachana. 

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Par Chloé Blum

Cher Nicolas Bedos,

Je prends l’initiative, probablement naïvement portée par la douceur de cette fin d’été, de répondre au message que vous avez posté cette semaine sur Instagram.

Franche amatrice de blagues bien senties et d’un certain humour empreint de cynisme, je peux affirmer que, oui, je peux rire. Même si je ne peux pas rire de tout.

Je suis une femme française, juive, profondément républicaine, de gauche. Je ne vais jamais à Deauville, je préfère la côte landaise. La majorité de mes amis n’est pas juive. Je suis allée à l’école de la République, et je préfère ne pas mettre de mezzouza devant ma porte parce que je ne veux pas attirer l’attention.

Je vis tranquillement à Paris. Mais les messages de la même veine que celui que vous avez jugé bon de poster hier perturbent cette tranquillité.

Pourtant, c’était presque drôle. C’était presque cynique. Oui, mais voilà, c’était aussi – et surtout – un peu idiot.

Avec une comparaison bien au fait de l’actualité, vous sous-entendez qu’un Palestinien serait mal à l’aise, pas à sa place, peut-être même un peu en danger, dans ce que vous implicitez être un « lieu juif », Deauville.

Que cela signifie-t-il ? Que les Palestiniens sont antisémites et n’aiment pas se trouver dans un milieu juif ? Que les juifs du monde sont hostiles aux Palestiniens ? Dans les deux cas, c’est absurde, et vous le savez.

Je sais bien que vous n’êtes pas, Nicolas Bedos, antisémite. Je sais faire la différence. Je sais que vous n’êtes pas cet ennemi empli de haine contre lequel il faut, sans cesse et sans compromis, se battre. Et c’est pour ça que je prends le temps de vous expliquer ce qui me gêne.

En un message, vous avez exprimé le malaise qui gangrène depuis des années l’interminable débat de l’importation du conflit israélo-palestinien en France : les Français juifs, surprise, ne sont pas israéliens.

Si un Palestinien peut avoir pour ennemi un Israélien – et un Israélien avoir pour ennemi un Palestinien, je ne vois pas ce que le Français juif vient faire là-dedans.

La colère, la haine, et la frustration qui endeuillent Israéliens et Palestiniens depuis plus de soixante-dix ans entrainent avec elles une formidable complexité, que les politologues du monde n’ont pas encore percée à jour.

Par contre, la colère, la haine, et la frustration qui endeuillent la communauté juive de France, et l’ensemble de la communauté nationale qui subit l’antisémitisme sur son sol, elles, s’expliquent malheureusement d’une manière beaucoup moins complexe.

Elle s’explique quand un terroriste tue des enfants juifs devant une école pour venger les enfants palestiniens.

Elle s’explique quand des slogans « Morts aux juifs » fleurissent dans des cortèges de manifestants pro-Palestiniens.

Cet amalgame qui associe les juifs du monde à l’Etat d’Israël, cet amalgame contre lequel les communautés juives du monde se battent, cet amalgame, dans le meilleur des cas, blesse. Dans le pire, il tue.

Si j’écrivais « Certains soirs, quand tu n’aimes pas le foot, tu comprends mieux ce que ressens un Français juif en voyage au Liban », vous penseriez quoi ? Que les Libanais, parce que leur Etat ne reconnaît pas Israël, n’aiment pas les juifs, et qu’un Français juif n’y aurait pas sa place.

C’est bête, non ?

Au fond, je ne vous en veux pas. Il a fallu une proposition de loi votée à l’Assemblée nationale par une faible majorité pour acter que tenir les juifs du monde responsables des actions d’Israël était antisémite. Alors, je me doute que le sujet est encore à travailler.

Je vous l’ai dit, je ne vais jamais à Deauville. Mais, si un Palestinien voulait aller y faire un tour, je me ferai un plaisir d’y aller avec lui.

Au mieux, on découvrira une ville normande sympa. Au pire, je me tournerai vers lui, et lui lâcherai dans un soupir d’exaspération : « Qu’est-ce qu’ils sont bruyants ces juifs ! », et il me répondra « A qui le dis-tu ! ».

Chloé Blum

Mon image

Capture du message posté par Nicolas Bedos sur Instagram, supprimé depuis

 

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