Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Blog du Crif - Eliane Amado Lévy-Valensi : Itinéraires, par Sandrine Szwarc

20 Mai 2020 | 343 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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Le 4 février 2018, le Crif et les Amis du Crif ont organisé un voyage de mémoire dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Près de 200 personnes ont participé à cette journée exceptionnelle, qui a marqué les mémoires de chacun. Une délégation d’élus et de personnalités publiques m'a également accompagné. Nous avons aussi eu l'honneur d'être accompagnés par Ginette Kolinka, réscapée d'Auschwitz.

En fin de journée, nous avons tenu une courte cérémonie d'hommages ponctuée de plusieurs discours et de prières animées par le Rabbin Moché Lewin. En conclusion de cette intense journée, le Shofar a resonné au milieu du silence etourdissant de l'immense complexe de Birkenau.

Depuis quelques semaines, le texte épistolaire de Sholem Aleichem a investi la petite – mais non moins prestigieuse – scène du Théâtre de la Huchette, à Paris.

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

De ce 9 janvier 2015, nous voulons retenir une autre image, cette belle image. Celle de Lassana Bathily.

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Eliane Amado Lévy-Valensi. Itinéraires, par Sandrine Szwarc (*)

 

C’est une injustice flagrante que répare Sandrine Szwarc en publiant cette belle biographie d’Éliane Amado Lévy-Valensi. En effet, cette intellectuelle juive française qui participa activement en son temps à la vie culturelle du pays, est, de nos jours, peu connue. Pourtant, Éliane Amado Lévy-Valensi fut l’une des chevilles ouvrière des rencontres des intellectuels juifs d’expression française.

Pour notre bonheur et pour notre édification, l’auteure retrace le parcours de celle qui fut une grande philosophe et une psychanalyste de renom, une femme libre et engagée qui choisira un jour de vivre en Israël pour couronner son parcours personnel, ses itinéraires aussi divers que passionnants.

C’est le 11 mai 1919, dans la villa familiale « Éole » à Marseille, qu’ Éliane Nedjma Renée Juliette Lévy-Valensi voit le jour. Elle est la fille d’Abraham-Félix Lévy-Valensi, avocat et de Sofia Edma Allatini. La petite Éliane est donc, par sa mère, l’héritière d’une fameuse et riche dynastie, celle des Allatini de Salonique, originaires de Toscane, banquiers et chefs d’entreprise.

Née dans la cité phocéenne, Éliane passera son enfance au château de Célony dans les environs d’Aix-en-Provence, acquisition de sa famille. Elle n’ira pas à l’école mais recevra les enseignements de précepteurs. En 1932, elle célèbre sa bath-mitswah. Quatre ans plus tard, la famille décide de s’installer à Saint-Mandé, notamment pour permettre à Éiane qui semble très prometteuse au niveau de ses études,, de préparer son baccalauréat, examen qu’elle réussit en 1937, dans la série philosophie et avec la mention « bien ». L’année suivante, elle se lance dans des études de philosophie en Sorbonne. La Guerre va perturber le cours d’une vie jusqu’ici tranquille. La famille retourne à Célony. Éliane, elle, poursuit ses études à Toulouse. C’est là qu’elle suivra les cours de Wladimir Jankélévitch en vue de l’obtention d’une agrégation. Elle préparera conjointement un diplôme de biologie. Les lois scélérates de Vichy vont gêner quelque peu ses études mais Éliane tient bon. Elle fait la connaissance de Max-Élie Amado, désormais son fiancé. Ils se marieront le 28 novembre 1942 à Aix-en-Provence. Le mariage religieux, sera célébré par le rabbin Weil. Les années de guerre et d’occupation vont contraindre le couple à des déplacements successifs : Marseille, Grasse, le Berry, le Cantal, Figeac. Alors que l’oncle paternel d’Éliane, le professeur Joseph Lévy-Valensi, est déporté à Auschwitz où il meurt en novembre 1943, la propre mère d’Eliane est arrêtée et emprisonnée à Drancy. Elle sera assassinée à son tour en 1944 à Auschwitz.

1945. La Guerre est finie. Éliane et Max retournent à Paris. Avec toujours l’agrégation en ligne de mire, Éliane suit les cours de Gaston Bachelard, de Vladimir Jankélévitch et de Jean Wahl.

1947. Son père, profondément dépressif, s’éteint à l’âge de 65 ans. Parallèlement à ses études profanes, Éliane se lance dans l’étude de l’hébreu et de la Cabbale. 

1950. Éliane est reçue major à l’agrégation de philosophie. Elle enseigne désormais dans un lycée et à la Sorbonne.

Le 24 mai 1957, une rencontre d’intellectuels juifs de langue française est organisée à Versailles. Éliane Amado Lévy-Valensi y participe ;

En 1959, elle se sépare de Max Amado. Elle se remariera un an plus tard avec Claude-Frédéric Veil.

En octobre et novembre 1963, Éliane, qui a approfondi sa connaissance de la langue hébraïque, répond à un appel irrépressible et se rend en Israël. Elle y retournera en 1965 dans le cadre d’un Congrès International des Études Hébraïques. Une année riche en événements avec la création par la philosophe, son mari et le professeur Sivadon du Centre International de Psychanalyse, Psychiatrie, Philosophie et Sciences Humaines et la parution de son livre « Le temps dans la vie psychologique ».

Le 1er décembre 1968, c’est le grand saut : Éliane décide de faire son alyah et s’installe à Jérusalem. Peu après, elle divorce à nouveau. En décembre 1969, la voilà enseignante à l’université Bar-Ilan. Elle est la première femme à accéder au rang de professeur et de membre du conseil de gestion de l’université. Au fil des ans, elle publie de nombreux ouvrages remarqués par la critique.

En 1970 puis en 1972, vont se tenir à nouveau les Colloques des Intellectuels Juifs de Langue Française avec une participation remarquée d’Éliane Amado Lévy-Valensi. 

En 1992, Éliane prend sa retraite tout en continuant d’écrire et de donner des conférences. 

1997 : une chute malencontreuse dans son appartement entraîne une dégradation progressive de sa santé. Éliane Amado Lévy-Valensi est morte le 10 mai 2006. Elle repose au cimetière de Givat Shaul.

C’est cette très belle histoire que nous raconte, par le menu, Sandrine Szwarc.

Un ouvrage très intéressant. À découvrir.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Hermann. Mars 2019. Préface de Franklin Rausky. 362 pages. 29, 50 €.

 

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