Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Hommage à Claude Lanzmann, par Richard Prasquier

12 Juillet 2018 | 262 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Né à Tunis en 1920, Albert Memmi, s’il a été considéré, à travers certains de ses romans, comme le chantre du judaïsme tunisien, demeure surtout, le théoricien du colonialisme

C’est l’histoire d’un mariage mixte raté. Un mariage entre une Juive et un Musulman, Julie et Sam. 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Portrait de Stéphanie Dassa
Hommage à Claude Hampel
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14 Novembre 2016
Catégorie : France

« Il y eut un soir et il y eut un matin » Genèse1 : 5

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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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« Nous, les survivants, ne sommes pas les vrais témoins. C'est là une notion qui dérange, dont je n’ai pris conscience que récemment. Grâce à  l'habileté ou la chance, nous n’avons pas touché le fond. Ceux qui l'ont fait, qui ont vu la Gorgone, ne sont pas revenus pour raconter, mais ce sont eux, les engloutis, qui sont les témoins intégraux. Ils sont la règle, nous l'exception ».

Ce qu’écrivait Primo Levi dans son livre testament, les Naufragés et les Rescapés, paru en 1985, l’année même où Shoah sortait sur les écrans, c’était la conclusion à laquelle était arrivé Claude Lanzmann qui avait commencé son film douze ans auparavant. C’était aussi le titre du livre où il avait tout appris, la « Destruction des Juifs d’Europe », de Raul Hilberg. La vérité de l’histoire des Juifs pendant la guerre c’était l’histoire de la mort des plus nombreux et  non celle de la survie de quelques-uns.

Le regard de Méduse pétrifie celui qui le dévisage. Pour ne pas la voir en face, Persée l’a vaincue en l’observant au travers des rayons réfléchis par un miroir. Un chercheur, un historien, un survivant ne peuvent  rapporter qu’en fonction d’un prisme personnel, celui de leurs concepts, de leurs expériences ou de leurs émotions. Lanzmann s’était donné une mission impossible: représenter l’affrontement avec la Gorgone, montrer l’image du monstre. Cette image, c’est Shoah, nom  qu’il a pris à un hébreu dont il ne connaissait rien, nom qui l’avait frappé par sa brièveté et son opacité énigmatique et qui lui évitait l’usage du nom « Holocauste » aux insupportables réminiscences religieuses.

Lanzmann a dit que le film Shoah était la « chose » elle-même. Ce qui pouvait paraitre d’une insupportable outrecuidance, confondre le film avec l’événement qu’il décrit, (et quel événement!), doit se comprendre par cet effort à certains égards héroïque, de s’approcher au plus près de l’unicité pétrifiante, défiant toute explication, du crime le plus inouï de l’histoire humaine.

Pour y parvenir il ne fallait aucune complaisance; l’interrogateur Lanzmann en même temps en dedans et en dehors de cette histoire ( en dedans car il avait vécu les dangers d’être Juif, en dehors car il n’avait perdu aucun des siens), triturait ses interlocuteurs pour en faire jaillir des jets de vérité qui allaient au-delà des mots, alors qu’il ne se servait  que de mots. Il refusait en effet tout support d’archive ou tout accompagnement musical qui auraient risqué de manipuler l’émotion ou d’aplatir par le biais de la compassion la dureté insupportable de la description de la vérité. Lanzmann, qui fut dans sa jeunesse enseignant de philosophie, était un maïeuticien comme l’avait été Socrate, le fils de l’accoucheuse, qui extirpait la vérité dans l’âpreté de l’interrogation dialectique. Ce n’était pas un psychothérapeute cherchant à apaiser ses patients. Pour ceux qu’il interrogeait l’expérience était éprouvante, parfois presque inhumaine, mais le film Shoah, s’il n’a évidemment pas été un succès commercial s’est, de l’avis de tous, confirmé par sa rigueur et sa démesure même comme la représentation incontournable de ce qu’avait été l’extermination des Juifs.

L’histoire de la mémoire de ce qu’on n’appelait pas encore la Shoah avait été une suite d’esquives, comme la mise en exergue de l’héroïsme des déportés et des résistants, celles et ceux de Buchenwald et de Ravensbruck,  mais aussi de la révolte du ghetto de Varsovie, héros de peuples supposés avoir lutté unanimement pour leur liberté. Ce fut aussi le silence contraint et parfois d’ailleurs salvateur de ceux qui durent se reconstruire et dont la parole était inaudible pour leur entourage et plus encore pour le public. Ce fut la sécheresse des statistiques, ces millions de victimes dont le nombre à lui seul suscitait paradoxalement  moins de colère que l’image d’un seul enfant en pleurs. Ce fut plus tard le détournement inconscient par des auditeurs essayant de positiver les récits de survivants vers une confirmation de leur survie et donc une possibilité de conclusion heureuse, ou la surévaluation de l’action magnifique des Justes pour ne pas désespérer de l’humanité. Le livre le plus populaire, et de loin, de l’histoire de cette période est celui d’Anne Frank où la mort n’apparait qu’en filigranes très distanciés.  Enfin, si Auschwitz est devenu peu  peu le symbole de l’extermination des Juifs, c’est qu’il y a eu des survivants et qu’ils ont témoigné. Mais c’est depuis le film de Lanzmann qu’il est apparu au monde non spécialisé que les usines de mort  de Chelmno, Treblinka, Sobibor (auquel il a consacré un film), Belzec (le camp « parfait » sans révolte et en pratique sans survivant) étaient les chefs d’oeuvre de l’entreprise nazie, les trous noirs d’une humanité inhumaine qui comportait malheureusement beaucoup plus de convaincus, d’indifférents et de tolérants que les quelques criminels pendus après la guerre. Il n’y avait pas de consolation à une monstruosité pareille et Lanzmann rejetait les tentatives d’explications comme des masques à illusions. S’il était, on le sait,  intolérant, parfois injuste, il était  souvent  aussi d’une acuité d’analyse extraordinaire dans son désir d’aller à l’essentiel.

Il ne m’appartient pas de m’étendre sur l’ensemble de l’oeuvre et de la vie de Claude Lanzmann, cet homme qui aimait tant la vie qu’il continuait ses projets  jusqu’à ses derniers jours  et qui refusait de se laisser détruire par les atteintes de l’âge et les terribles douleurs familiales, dont celle de la mort de son fils Felix auquel tant de ses amis continuent  de penser avec émotion. Il ne m’appartient pas non plus de décrire sa place dans la vie intellectuelle du siècle passé dans notre pays. Mais il convient d’insister plus qu’on ne le fait d’habitude sur le lien permanent et fort à Israël de cet homme qui avait été plus que d’autres un militant actif de l’anti-impérialisme et dont toute la vie fut dominée par la volonté d’être lucide et de ne pas se plier au conformisme du politiquement correct.

Enfin s’il y avait Claude Lanzmann le lutteur, il y a eu aussi et peut-être surtout Claude Lanzmann, l’auteur non seulement de films mais aussi d’un chef d’oeuvre littéraire indiscutable, extraordinaire, sa biographie, le Lièvre de Patagonie.

Un jour qu’il était venu au Crif participer à un colloque, il est abordé par un inconnu. « M.Lanzmann, je viens de lire votre livre; il est, il est… très bien… ». La réponse fusilla évidemment le malheureux: « Très bien, c’est tout ce que vous trouvez à dire? Ça vous gêne de dire que c’est un chef d’oeuvre? ».

Claude Lanzmann n’était pas un modeste. Mais il y aurait eu de l’hypocrisie à ce qu’il le fût et il détestait l’hypocrisie plus que tout.

L'hommage à Claude Lanzmann de Richard PRASQUIER, publié dans Actualité Juive

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