Blog du Crif - Hommage à Paul Schaffer

26 Août 2020 | 29 vue(s)
Catégorie(s) :
France

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Né à Tunis en 1920, Albert Memmi, s’il a été considéré, à travers certains de ses romans, comme le chantre du judaïsme tunisien, demeure surtout, le théoricien du colonialisme

C’est l’histoire d’un mariage mixte raté. Un mariage entre une Juive et un Musulman, Julie et Sam. 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

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Paul Schaffer était un Mensch. Un homme délicieux et un Mensch. Un témoin majeur de l’histoire de la Shoah et un Mensch.

Avoir la chance et le bonheur de le connaitre, c’était avoir un aperçu de ce que le judaïsme viennois a produit de meilleur. Paul Schaffer aurait pu être un personnage de Stefan Zweig, mais pleinement positif - sans la part d’ombre qu’ont souvent les personnages de Zweig -, avec une hauteur morale incontestable et incontestée. En fait, Paul aurait pu figurer dans Le monde d’hier, le chef-d’œuvre de Zweig, si ce n’est qu’il était aussi, pleinement, un homme d’aujourd’hui. 

Paul avait connu le pire dans l’existence : la Shoah, avec l’entrée des nazis dans sa Vienne natale ; l’exil forcé en Belgique puis en France qui deviendra ensuite sa seconde patrie ; l’arrestation avec sa famille à Revel en Haute-Garonne et leur déportation par le convoi n° 28 ; la survie à Auschwitz-Birkenau, alors que sa mère et sa sœur y étaient assassinées.

Malgré toutes ces terribles épreuves, il n’a jamais perdu sa dignité, son humanité, sa courtoisie, ni même son sens de l’humour typiquement juif autrichien. Quelle belle victoire face à la barbarie des nazis, à qui ces valeurs sont totalement étrangères, que l’existence de Paul Schaffer.

Paul, c’est aussi un porteur infatigable de la mémoire de la Shoah, qui, en dépit du poids des années, disait toujours « oui » quand il s’agissait de témoigner dans une école et rencontrer des élèves. Il était très heureux de ces rencontres, sans doute parce qu’il n’avait jamais oublié l’enfant qui était en lui. En tout état de cause, il était particulièrement fier des nombreuses lettres de remerciement que lui adressaient professeurs et élèves.

C’est son souci de témoigner qui l’a conduit à écrire, puis à peaufiner, son bouleversant récit de la déportation, Le soleil voilé, dont la Fondation pour la mémoire de la Shoah a été heureuse de produire la nouvelle édition, avec les éditions le Manuscrit, il y a quelques mois.

Son combat en faveur de la mémoire de la Shoah passait aussi par son action de militant, au sein du Comité français pour Yad Vashem, dont il fut un Président énergique, ainsi qu’au sein de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, à laquelle il était très attaché et dont il fut membre du Bureau directeur et administrateur d’honneur, ainsi que membre du Comité de lecture de la collection « Témoignages de la Shoah ». Paul, du fait de ses immenses qualités humaines que sa discrétion ne parvenait pas à masquer, était unanimement apprécié au sein de la Fondation, tant par les bénévoles, en particulier l’ensemble des membres du Bureau et du Conseil d’Administration, que par l’équipe des salariés. Il  faut aussi garder à l’esprit son rôle au sein de l’Union des Déportés d’Auschwitz, où il occupait les fonctions de vice-Président.

C’est au camp de Bobrek qu’il rencontre la jeune Simone Jacob, qui deviendra plus tard Simone Veil, et dont il va devenir l’ami le plus fidèle. Avec le recul, il n’est guère étonnant que Simone Veil, qui s’y connaissait en valeur véritable des hommes et des femmes, ait tout de suite perçu les qualités humaines hors du commun de Paul Schaffer, et lui ait accordé son amitié pour toute la vie, par-delà les parcours de chacun. 

Paul était aussi un sioniste assumé, avec un attachement indéfectible à l’Etat d’Israël. Dès après la guerre, il avait milité dans des organisations de jeunesse et avait ainsi pu participer au dernier Congrès Sioniste avant la création de l’Etat d’Israël, à Bale en 1946. En la matière, la figure, méconnue à ses yeux, du Général Michel Darmon constituait un exemple. Il avait aussi une prédilection pour la langue hébraïque. Jusqu’à ces derniers mois, il prenait un plaisir non dissimulé à poursuivre ses cours d’hébreu et il lui est arrivé d’écrire de petits poèmes dans cette langue sacrée pour lui.

 

Paul Schaffer avait en lui une force de vie peu commune, comme l’ont souvent les Survivants qui ont traversé l’enfer d’Auschwitz-Birkenau. Il avait aussi une vision à la fois très lucide des faiblesses de la condition humaine, mais aussi très positive de l’existence sur cette terre. Sans doute est-ce lié à son attachement viscéral au judaïsme et aux valeurs juives. Un des petits bonheurs de sa vie était d’avoir pu conserver sa paire de Tefilines (phylactères), reçue pour sa Bar-Mitsva à Vienne. C’est cet attachement, sincère et profond, qui conduisait, en toute discrétion, le Grand Rabbin Haïm Korsia à se rendre à son domicile, la veille de Yom Kippour, lorsque la maladie empêchait Paul de rejoindre sa place à la synagogue de la rue de la Victoire,  afin de lui permettre d’entendre, malgré tout, la sonnerie du Shofar.

Mais malgré tout son courage et son énergie, il y a eu une épreuve insurmontable pour Paul. C’est la disparition de l’amour de sa vie, sa Jackie bien-aimée, malheureusement décédée en juin dernier. Paul n’a pas voulu rester trop longtemps séparé d’elle.

Toutes nos sincères condoléances à sa famille, en particulier à sa chère fille Anick, à son gendre et à son petit-fils. 

Que son souvenir soit une bénédiction pour tous.

 

Philippe Allouche, Directeur Général de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

 

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