Blog du Crif - Réconciliation Fatah/Hamas : le silence israélien en dit long

04 Octobre 2017 | 323 vue(s)
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Israël

Par Chloé Blum

Par Chloé Blum

Dans la Vieille Ville de Jérusalem, dissimulé au milieu des pierres millénaires, se cache un trésor tout israélien : une exposition en réalité augmentée pour retourner dans le passé et découvrir le second Temple comme on ne l'a jamais vu. Ajustez vos masques, embarquement immédiat !

Il y a 70 ans, le 29 novembre 1947, était voté par l’ONU à New York, le plan de partage de la Palestine mandataire. Cette résolution numéro 181 prévoyait la création de trois entités : un État juif, un État arabe et Jérusalem placé sous contrôle international.

Alors que le Fatah et le Hamas tentent une énième poignée de main historique, la diplomatie israélienne y répond par un silence qui mérite une attention particulière.

 

 

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Alors que le Fatah et le Hamas tentent une énième poignée de main historique, la diplomatie israélienne y répond par un silence qui mérite une attention particulière.

 

 

Lundi 2 octobre 2017, le Premier Ministre de l’Autorité Palestinienne, Rami Hamdallah, s’est rendu dans la Bande de Gaza pour y tenir sa réunion de cabinet hebdomadaire.

La Bande de Gaza est sous le contrôle du Hamas depuis 2007, date à laquelle elle a décidé de se défaire de l’autorité du Fatah, le parti politique de l’Autorité Palestinienne.

Il y a quelques mois, Rami Hamdallah déclarait qu’il n’y avait pas d’Etat palestinien sans Gaza. Mieux vaut tard que jamais. Les populations locales concernées ont dû s'en réjouir.

Dans la chaleur et la moiteur persistantes de la fin de l’été, Rami Hamdallah a roulé dans les rues de Gaza, désertées par les officiels palestiniens depuis plus de trois ans. 

Rami Hamdallah a rencontré le Chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Cette rencontre, annoncée comme le premier pas dans une réconciliation entre l’autorité en exercice dans les Territoires palestiniens et le Hamas - reconnu comme terroriste par l’Union Européenne et les États-Unis – doit se lire comme un exercice de poudre aux yeux jetée au visage de la communauté internationale.

Il n’y aura probablement pas de réconciliation entre les deux partis, pas plus qu’il n’y en a eu il y trois ans, à part sur quelques feuilles de papier intitulées « Gouvernement d'unité nationale ». Quand bien même elle verrait le jour, elle se cantonnerait à une série de négociations pour aboutir à un résultat tout à fait bancal.

Ces négociations ont d'ailleurs déjà commencé, à distance. Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité Palestinienne a annoncé que son parti politique devait tout contrôler dans la Bande de Gaza, y compris la sécurité.

Il ne veut surtout pas entraîner la création d’un deuxième « Hezbollah » - ou, disons-le clairement, d’un deuxième Hamas.

De leur côté, les dirigeants du Hamas n’ont annoncé le démantèlement ni de leur branche armée, ni des groupuscules liés au djihad islamique de la Bande de Gaza, condition principale du Fatah pour une alliance.

Le silence est d'or

Au-delà de cet événement à l’intérêt modéré – sinon du point de vue historique - du côté de Gaza, c’est à la réaction de la diplomatie israélienne qu’il faut s’intéresser.

En 2014, une initiative similaire avait été annoncée par l’Autorité Palestinienne. Avant même que la rencontre ait lieu, le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahou, s’était publiquement prononcé. Il avait notamment déclaré qu’une réconciliation entre le Fatah et le Hamas était une entrave majeure pour la paix.

Cette fois, les chefs de la diplomatie ont tenu les curieux en haleine avec de simples données factuelles à savoir que le Hamas ne reconnaissait pas l'existence de l’Etat d’Israël et qu’il ne respectait pas les accords du Quartet. Soit.

Le silence de Netanyahou est remarquable. D’abord parce qu’il rompt avec l’impulsivité du dirigeant, qui nous a habitué à prendre position très (trop?) rapidement.

Ensuite, et surtout, parce qu’il murmure à qui pourra l’entendre une version toute israélienne de l’ignorance.

« Le silence est le remède à tous les maux ». Visiblement Benjamin Netanyahou avait bien révisé cette partie du Talmud.

Il aura fallu presque 24h après la rencontre pour entendre une réaction publique du Premier Ministre israélien.

Lors d’une réunion du Likoud, tenue dans l’implantation de Maale Adumim, il a déclaré qu’Israël n’accepterait jamais « un apaisement imaginaire dans lequel les deux partis palestiniens se réconcilient aux dépens de l’existence de l'Etat hébreu ». Il a ajouté que quiconque parlait du processus de paix devait avant tout reconnaître Israël comme un Etat juif.

Habile. Le leader en place, depuis une implantation dont l’existence est régulièrement contestée, s’est contenté de commenter la rencontre palestinienne, d’un point de vue strictement israélien, dans des intérêts strictement israéliens.

Le message est clair : nous ne nous abaisserons pas à commenter les actions d’une politique palestinienne bancale, ceci n’est pas notre problème.

Désintérêt réel ou geste éminemment politique, les paroles de Netanyahou ne peuvent en tout cas pas être discutées ni par la gauche ni par la droite de la Knesset : chacun pourra y trouver son compte.

Pas de mention de la position d’Israël quant à la paix avec les Palestiniens, Netanyahou reste ouvert et certains pourront penser qu’il voit la réconciliation palestinienne d’un bon œil, dans l’intérêt d’Israël.

Ne soyons pas dupe, l’instabilité politique des Palestiniens est un argument bien trop pratique pour refuser de leur concéder un État. L’apaisement politique conduirait sans doute la communauté internationale à revoir son jugement.

D’un épisode politique entièrement palestinien, ce que l’on retient sont les silences de Netanyahou et la position d’observateur de la diplomatie israélienne. Un retournement de situation parfaitement maîtrisé.

Marie-Sarah Seeberger

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