Blog du Crif/Lecture - Le siècle d'Assia

15 Mai 2019 | 160 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Né à Tunis en 1920, Albert Memmi, s’il a été considéré, à travers certains de ses romans, comme le chantre du judaïsme tunisien, demeure surtout, le théoricien du colonialisme

C’est l’histoire d’un mariage mixte raté. Un mariage entre une Juive et un Musulman, Julie et Sam. 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Portrait de Stéphanie Dassa
Hommage à Claude Hampel
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14 Novembre 2016
Catégorie : France

« Il y eut un soir et il y eut un matin » Genèse1 : 5

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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

Le Crif souhaite un prompt rétablissement à Jean-Pierre Allali suite à son récent accident et espère le retrouver très vite en pleine forme.

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Le siècle d'Assia, par Marguerite Bérard*

Connaissez-vous Assia ? Probablement pas. Assia est le prénom du père de notre amie Marie-Hélène Bérard, membre du comité directeur du Crif, et le grand-père de Marguerite Bérard, major de la promotion Senghor de l’ENA, qui est l’auteure du livre. Celui-ci raconte la vie mouvementée d’Assia bat Geinstein (1903-1999), celle d’un Juif russe né à Rovno (Ukraine). Il est le quatrième des six enfants-les deux derniers sont des jumeaux- d’une famille disposant d’une modeste aisance qui, comme des centaines de milliers d’autres, est contrainte de vivre dans la « zone de résidence » imposée par le Tsar aux Juifs.

Le père, Simon, possède une tannerie et est loin des aspirations religieuses ou révolutionnaires qui dominent au sein des habitants du « Yiddischland ». C’est un homme sévère, parfaitement russophone et plutôt favorable à l’ordre établi. Son épouse, Maria, est plus traditionnaliste et s’occupe avec amour de sa nombreuse progéniture. Assia a grandi heureux dans cette petite ville, malgré quelques alertes aux pogroms lors de l’affaire Beïlis, ce Juif ukrainien accusé en 1911 de meurtre rituel mais finalement acquitté en 1913. La première guerre mondiale ne se traduit jusqu’en 1917 que par des privations matérielles, mais l’arrivée des Bolcheviks au pouvoir entraîne une sévère occupation allemande, puis des pogroms ukrainiens durant la guerre civile qui s’ensuit et auxquels la famille échappe grâce au courage du frère aîné. L’occupation polonaise, enfin, qui voit disparaître MikhaÏl, le frère préféré d’Assia, victime innocente des combats lors de la prise de la ville, scelle le destin de Rovno jusqu’en 1939. Face à toutes ces vicissitudes, Assia part rejoindre un oncle en Palestine, alors sous mandat britannique, via Varsovie et Vienne. Arrivé en « Eretz », il travaille dans un kibboutz près de Tel-Aviv, apprend les métiers du bâtiment et se lance dans la construction de maisons. Après quelques succès, les difficulté financières –et peut-être aussi un chagrin d’amour-, le conduisent en 1928 à tourner ses regards vers la France où des camarades de Rovno et les deux jumeaux, Sacha et Yasha, déjà installés, lui conseillent de les rejoindre.

À Paris, Assia trouve un travail dans une petite entreprise de maroquinerie située à Belleville que le propriétaire, sans héritier, lui vend dès 1931. L’année suivante il se marie, est heureux de la naissance de sa fille Micheline, fait venir en 1937 de Rovno ses parents et sa fratrie qui, hélas, préfèrent repartir. Assia ne les reverra plus : ils disparaîtront en 1941 dans la « Shoah par balles ».

Dès 1938, Assia et ses deux frères jumeaux s’engagent dans l’armée française, estimant que c’est bien le moins qu’ils devaient à leur nouveau pays. Mobilisés en 1939, ils participent aux combats dans lesquels Yasha gagne plusieurs citations. Après l’armistice, ils se retrouvent tous en zone occupée. Yasha et Sacha sont envoyés en 1941, en tant que Juifs étrangers au camp de Pithiviers ; si le premier réussit à quitter le camp en raison de problèmes cardiaques ( ! ), le second sera déporté à Auschwitz en juillet 1942 d’où il ne reviendra pas.

Asssia, de son côté, dispose d’un passeport palestinien car il a acquis cette nationalité lors de son séjour de 1923 à 1928. Il est donc une « British protected person » du fait du mandat anglais sur le pays. Après avoir hésité à se faire reconnaître comme citoyen français, ce à quoi ses états de service militaire pouvaient lui permettre de prétendre, il comprend que ce passeport constitue une meilleure sauvegarde, car les Allemands, soucieux de protéger leurs compatriotes tombés aux mains de l’ennemi, se servent des ressortissants anglo-saxons comme d’une monnaie d’échange. Assia est donc interné au camp de Saint-Denis, où il reste jusqu’à la libération de la ville le 25 août 1944. Son épouse et sa fille, qui obtiennent par un miracle administratif peu clair des papiers palestiniens, se sont cachés dans Paris, tandis que Yasha s’est réfugié dans le Vercors. A l’est, seul le frère aîné, devenu chirurgien dans l’Armée Rouge, a eu la vie sauve. Assia et Yasha le retrouveront à Kiev en 1960.

À la Libération, Assia reprend son travail. Marie-Hélène naît après la guerre, et la famille coule des jours tranquilles, sinon heureux, car la tristesse d’avoir perdu une grande partie des siens le marque profondément. Son épouse meurt en 1976. Il continue à travailler jusqu’à 80 ans, mais la mode des bracelets-montres en métal fait péricliter sa petite affaire. Entouré de sa famille et des quelques amis de Rovno encore vivants, il meurt seize ans plus tard, le jour de Noël 1999.

Cette vie romanesque, ici trop vite brossée, est pour une large part celle de nombreux Juifs d’Europe de l’est installés en France. Le style clair et précis de Marguerite Bérard, son humour, les nombreuses anecdotes qui parsèment l’ouvrage, sa tendresse envers son grand-père rendent ce livre très plaisant et souvent émouvant. L’itinéraire de cet enfant du XXème siècle que fut Assia mérite, grâce à sa petite- fille talentueuse, d’être lu.

Gérard Unger

*Le siècle d’Assia, de Marguerite Bérard, Flammarion, 206 pages, 18 euros.