Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

#BlogDuCrif #Gaza - Gaza ou l'autoroute des Fake news

24 Mai 2018 | 111 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Portrait de Gil Taïeb
Nous sommes debout
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03 Avril 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Le judaïsme indien est assez méconnu en France. Pourtant, il est d'une implantation millénaire. Il y avait environ 35 000 Juifs aux Indes lors de la création de l'État d'Israël

Johnny est malade. Oui, le grand Johnny. Lundi, la fille de Johnny Hallyday avait annoncé que son père souffrait d'un cancer avant de crier au piratage de son compte. Ce mercredi soir, c'est finalement le chanteur lui-même qui prend soin d'envoyer un mot sur Twitter pour rassurer ces fans. Si on lui a dépisté « des cellules cancéreuses » pour lesquelles il est « traité », il assure être confiant sur son suivi. "Mes jours ne sont pas aujourd'hui en danger, rappelle L’Express du 9 mars.

Cela paraîtra peut-être étrange à certains de mes lecteurs, mais j’aime Johnny, j’aime son timbre de voix, j’aime aussi certaines de ces chansons, je suis presque, presque un fan.

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"A Gaza, si le Meretz avait été au pouvoir, la réaction du gouvernement aurait été identique, c’est un consensus en Israël. Personne ne laissera des militants du Hamas forcer la barrière et commettre des attentats dans les kibboutz frontaliers". L’homme qui me fait cette déclaration sait de quoi il parle, il a été général et vice-ministre de la Défense. Dans un gouvernement travailliste...

Les réactions ont pourtant été sans appel : un génocide, a conclu Erdogan, expert sur la question. Un massacre, a dit Mahmoud Abbas, en accord avec l’ensemble des médias. Une marche pacifique à la Gandhi, manifestation spontanée d’une population à bout de privations, enfermée dans un camp à ciel ouvert, qui ne demande qu'à retourner vers les terres dont elle (ou plutôt ses arrière grands parents) a été chassée. Résultat :  60 morts palestiniens, aucun du côté israélien, un score sans appel. Personne ne signalait que dans leurs bombardements aériens en Syrie, la France et ses alliés avaient tué aussi des civils, malencontreuses "bavures" dans le cadre d’opérations légitimes d’un côté, actes odieux de l’autre…

Ce sont pourtant les dirigeants du Hamas eux-mêmes qui ont vendu la mèche :  80% au moins des tués étaient des militants dûment estampillés, et c’était insulter le mouvement que de considérer qu’il était pacifique, puisque Israël devait être détruit et non pas ramené aux frontières de 67, de 49 ou de 47. Quant au bébé Laila Al-Ghandour, probablement décédée d’une cardiopathie congénitale et utilisée post mortem comme icône de la barbarie israélienne, les médias n’ont ni enquêté, ni rectifié les informations provenant du Hamas, même quand celui-ci se déclarait plus tard incertain de la cause de sa mort. Le message était passé, il restera dans les consciences, Israël prend un plaisir particulier à tuer des enfants…

Dans le monde anglo-saxon quelques personnalités ont admis s’être trompées quand elles ont appris que les morts étaient pour la plupart des militants du Hamas. A ma connaissance il n’y eu ni rectification, ni mea culpa dans notre pays. Le Ramadan a donc commencé par une cérémonie à la Mosquée de Paris en l’honneur des victimes innocentes de Gaza, donc pour les islamistes du Hamas. Les centaines de milliers de victimes musulmanes en Syrie n’avaient pas eu cet honneur. Quand il ne s’agit pas d’Israël, la communauté des humanistes est moins réactive: Yezidis, Kurdes, Rohingyas et Burundais peuvent attendre.

Comment s’est pérennisée une situation si répétitive et si caricaturale, où quand l’information accusant Israël est démontée, cette rectification reste confinée et ne change rien à la perception initiale  négative transmise au public ? Celui -ci certes est tenu à l’écart des incertitudes méthodologiques sur les informations disparates qu’il reçoit, ce serait trop compliqué et cela détruirait le choc produit par les images. Mais les professionnels eux-mêmes ne changent pas, une fois qu’ils savent ou qu’ils devraient savoir. L’information est pourtant leur matière première, comme l’ADN pour le généticien, ou l’os pour le paléontologue. Des savants ont été bernés par de faux fossiles, cela oblige les spécialistes à une rigueur encore plus exigeante. Mais un os de dinosaure n’a pas l’impact d’une photo de bébé assassiné : si cette photo est un faux, celui qui l’a diffusée ne peut esquiver sa responsabilité dans l’écoeurement et la haine qu’elle a engendrée.

Beaucoup de ceux qui ont vilipendé Israël ne sont pas antisémites, certains ont même de ce pays une image mythifiée. Ils refusent de le voir mener une politique de puissance qu’ils acceptent chez tous les autres pays: c’est une forme philosémite d’israélophobie. Les idéalistes, Péguy l’a écrit, "ont les mains propres, mais ils n’ont pas de mains" et le peuple juif a trop connu la tragédie de l’impuissance.

Pour la majorité les motifs de critique sont plus terre à terre. Ne pas se confronter à la doxa dominante, et surtout ne pas se contredire. Qui parmi ceux qui ont admiré la Chine de Mao ou le Cambodge des Khmers rouges a admis publiquement s'être trompé ? Chaque chose, dit Spinoza, tend à persévérer dans son être.

Chez les plus militants cependant, il s’agit d’un combat : Enderlin, le responsable du mensonge  Al Dura, a déclaré que le journaliste décrit  la "réalité du contexte". Il importe donc peu que les  informations soient vraies, fabriquées, tronquées ou plus souvent encore simplement omises, quand elles organisent cette réalité plus essentielle que le journaliste bâtit en fonction de sa propre représentation du monde. Ce journalisme idéologique, c’est l’autoroute à fake news...

Richard Prasquier