Olivier Rafowicz

Colonel de réserve de Tsahal - Expert militaire - Ancien porte parole de Tsahal

C’est un très bon accord… pour l’Iran

23 Juillet 2015 | 1604 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires !

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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Pour comprendre cet accord entre l’Iran et les grandes puissances sous la direction stratégique des USA, il faut essayer de comprendre la nouvelle politique internationale de l’administration américaine

Depuis la guerre du Vietnam dans laquelle les Américains ont perdu plus de 50 000 soldats, l’implication dans des conflits lointains n’est plus politiquement correcte aux États-Unis d’Amérique. Évidemment les USA, première puissance militaire du globe, premier producteur et exportateur d’armes de par le monde, continue à jouer le gendarme du monde, mais de plus en plus avec des limites et des conditions.
Au Moyen-Orient par exemple, les diffé- rentes administrations depuis toujours expriment avec des différences de style mais pas de fond leur profonde relation avec l’État d’Israël. Mais il s’avère que vu les développements dramatiques des dernières années comme le Printemps arabe, applaudi et soutenu à bras le corps par le Pré- sident Barak Obama, l’arrivée de Daesh sur le devant de la scène, la dislocation des Etats tels que l’Irak et la Syrie, les Américains essaient d’"inventer" une nouvelle politique qui convient à ces changements radicaux dans la région. Après les époques de l’administration Bush fils, avec une politique interventionniste flagrante en Iraq entre autres, les Amé- ricains en élisant Barak Obama ont également dit non à la guerre, c'est-à-dire non à la guerre au Moyen-Orient avec des jeunes soldats américains qui meurent à des milliers de kilomètres de leur maison, de leur terrain de basket-ball et de leur famille dans des guerres vues et perçues par une nouvelle école de réflexion américaine comme des guerres inutiles qui ne sont pas les leurs.
Dans ce contexte politique interne américain, il y a comme une volonté naïve en apparence de régler les problèmes à tout prix et vite même au risque de laisser tomber des alliés de toujours pour de nouveaux venus, qui sont en fait des dangers pour la région. Lorsque Hosni Moubarak, le président égyptien, pièce maîtresse et historique de la diplomatie américaine, a fait face à ces vagues d’émeutes des Frères musulmans qui sont arrivés à lui faire quitter le pouvoir, et qui ont mis à sa place le président Morsi, patron des Frères musulmans, les Américains ont soutenu Morsi sans bouger au nom de la liberté des peuples à disposer de leur destin. Ils ont montré une grande faiblesse, et surtout une extrême rapidité à changer d’allié et d’approche dans un Moyen-Orient de plus en plus instable. Les Américains aujourd’hui dans ces né- gociations avec l’Iran qui ont abouti à cet accord terrible pour Israël mais également pour tous les pays arabes modérés, sont en train d’adopter une nouvelle politique que je nommerai la politique du nouvel équilibre. Pour les Américains qui sentent que le monde a changé, qu’il n’est pas bon pour eux de ne dépendre que d’un seul allié, ils préfèrent d’un côté tenter d’éviter la guerre, mais de l’autre renforcent de manière gigantesque les arsenaux conventionnels de toutes les parties en place. Une course aux armements vient de démarrer au Moyen-Orient.
Qui plus est, une course à l’arme nucléaire, parmi les autres Etats arabes, comme l’Arabie saoudite qui est sur les rangs, si l’Iran a le droit d’avoir un jour la bombe, Riyad la veut aussi et demain Le Caire également. Les Américains, en ne voulant plus être physiquement sur le terrain sont prêts à négocier avec un régime qui continue à déclarer ouvertement qu’il veut la destruction physique et totale de l’État juif. Mais en signant un accord avec le régime des Mollah, ils obligent l’État d’Israël à adopter une politique militaire et sécuritaire presque indépendante, basée sur l’intérêt d’Israël. Quelque part, ils ont placé l’État d’Israël face à ses décisions, ses dilemmes et surtout ils disent aux Israéliens que le prix à payer dans le cas d’une action israélienne sera un prix israélien et non américain.
Aujourd’hui, les Américains cherchent à se désengager du bourbier moyen-oriental pour s’impliquer plus en Asie et dans le Pacifique. Cette nouvelle politique laisse Israël face à des défis extrêmement complexes en taille et en moyens nécessaires, qui va certainement obliger un rapprochement de facto entre l’Arabie Saoudite, l’Égypte et Israël face à cet Iran islamofasciste en recherche d’expansionnisme dans toute la région. En tout cas cet accord laisse plus de questions que de réponses dans ce MoyenOrient instable où la seule démocratie espère que son allié de toujours saura être là en temps et en heure au cas où… 

Olivier Rafowicz