Le mauvais procès fait à Georges Bensoussan : inculper une métaphore ne disculpe pas le réel

01 Mars 2017 | 86 vue(s)
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Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 

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Pourquoi dans cette affaire, est-ce Bensoussan qui seul est poursuivi en justice et non pas simultanément Smaïn Laacher ?

Comment l’Etat qui a été agressé par l’islamisme terroriste peut-il faire procès à un historien qui en dévoile les soubassements idéologiques ? Comment le même Etat qui combat militairement le terrorisme islamiste peut-il poursuivre en justice le combat contre son terrorisme idéologique ? Comment la justice française peut-elle poursuivre un chercheur qui révèle la profondeur des sources anti-juives présentes dans la pensée commune arabo-musulmane ? 
 
Comment ignorer que le terrorisme islamiste vient plonger ses racines dans ces stéréotypes? Comment des associations antiracistes peuvent-elles être myope au point de se porter parties civiles aux côtés d’une association qui détourne à son profit ce concept faux d’islamophobie? 
 
Depuis quand le rejet d’une religion ou d’une idéologie relève-t-il d’une attitude raciste ? Comment peut-on être aveugle, au point de ne pas percevoir cette manipulation sémantique? Quel est ce déni idéologique qui interdit de voir le réel ? Quel est ce contre-sens intellectuel qui s’est opéré le 25 janvier devant la XVIIe chambre correctionnelle du palais de justice de Paris où l’historien Georges Bensoussan était poursuivi pour incitation à la haine raciale?
 
Il faut cultiver la confusion pour avoir ainsi prêté la main au CCIF. Il faut être d’une singulière mauvaise foi pour trouver dans les mots de Bensoussan une trace de haine « essentialiste » à l’égard de tous les musulmans, quand celui ci déclare que depuis la plus tendre enfance, ceux-ci, mais pas tous, seraient imprégnés de tous les clichés culturels du mépris voire de la haine à l’égard des Juifs. 
 
Bensoussan ne dit pas que ces populations seraient antisémites par nature, structurellement antijuives, biologiquement antijuives, génétiquement antijuives. Il parle d’un antisémitisme transmis, « tété au sein de la mère ». Là serait donc la faute, la parole raciste ? 
 
Faut-il faire l’archéologie de cette métaphore alors qu’elle reprenait, avec d’autres mots, la même idée qu’énonçait le sociologue Smaïn Laacher dans cette fameuse émission d’Alain Finkielkraut sur France culture. Faut-il faire la généalogie de cette métaphore alors même que la sociologue citée comme témoin à charge par une partie civile confirmait le propos en disant que le mot « Juif » a valeur d’insulte dans la langue commune du Maghreb. 
 
Faut-il citer les bonnes blagues de Mehdi Meklat du Bondy blog sur la toile ? Faut-il considérer ces mots d’esprit comme autant de licences poétiques irrévérencieuses ? Le « double maléfique » a ici valeur de confirmation de ce que Bensoussan énonçait dans cette discussion avec Patrick Weil dans l’émission de Finkielkraut.
 
Pourquoi dans cette affaire, est-ce Bensoussan qui seul est poursuivi en justice et non pas simultanément Smaïn Laacher ?
 
Le président de la LICRA, partie civile contre Bensoussan, a écrit dans une lettre ouverte « Il n’est pas possible d’anéantir l’antisémitisme que vous dénoncez à juste titre en faisant usage d’armes de destruction racistes. » Le mot d’esprit supposé devient ici diffamatoire.
 
La LICRA, ne possède pas l’instrument arbitral en platine iridié capable de décider de ce qui doit être considéré comme raciste et de ce qui ne l’est pas. Il est des vérités qu’il faut nommer, qu’il faut affronter surtout quand elles mettent en cause les clichés confortables de la bien pensance. 
 
on peut crier « mort aux Juifs » au nom de l’antiracisme
Nous savons tous et Bensoussan y a largement contribué, que l’antisémitisme est un aliment premier, un code culturel partagé par une très grande part des populations issues de l’immigration arabo musulmane. 
 
Quelque soient les raisons de relégation, de marginalisation des « jeunes-en-difficulté-des-quartiers-difficiles », pour parler la novlangue imposée, une culture du ressentiment trouve dans la haine des Juifs l’explication magique de leur souffrance sociale ou psychique.
 
Nous n’entrerons pas ici dans la psychopathologie de ceux qui se déclarent être des « Indigènes de la République ». Ils reconduisent en en inversant les termes, une vision essentiellement racialiste des rapports humains. Pour le « vivre ensemble » on ira voir ailleurs. 
 
Faire de Bensoussan un raciste (alors que par ailleurs il est en France l’un des grands historiens de la shoah) poursuit le même objectif symbolique que le négationnisme: disqualifier son travail en le destituant de son statut. Son travail d’historien ne saurait être valide puisque justement produit par un raciste et cette shoah dont on nous abreuve tant saurait-elle faire oublier d’autres souffrances nées de la colonisation ? 
 
Cet historien du sionisme (ce sioniste subliminal) dissimulerait mal son vice caché : inspiré par une haine anti-arabe il s’acharnerait en fait à cisailler tous les supposés tendres fils noués au cours des siècles entre Juifs et arabes. Ce mythe sympathique, Bensoussan l’a justement déconstruit dans une savante recherche (Juifs en pays arabes. Tallandier 2012) et dans un essai tout aussi érudit (Les Juifs du monde arabe. Odile Jacob 2016). 
 
Le black out absolu qui a entouré le premier livre donne la mesure du refus de penser en dehors d’un cadre idéologique pré pensé. Qu’y apprend-on ? Que le statut des Juifs dans le monde arabe ne fut pas aussi rose que ce que la pensée commune essaie de le faire croire et qu’au contraire la culture née de l’islam y a construit de bien néfastes alliances dont la plus célèbre fut celle du grand muphti de Jérusalem avec les nazis. 
 
La guerre d’Algérie a fait oublier les pogroms arabes, les liens du nationalisme algérien avec le nazisme, car la juste cause de l’indépendance primait sur les bavures racistes du FLN. Inscrit dans le giron progressiste du tiers-mondisme, le signifiant « arabe » éclipsait les parts d’ombre régressive de l’islamisme. 
 
Faut-il aujourd’hui s’interdire de penser la totalité de cette complexité ? Faut-il faire procès à Boualem Sansal pour avoir écrit le Village de l’allemand ? Faut-il perpétuer ces clichés aussi confortables que faux du vaillant fellagha-feddayin-révolutionnaire combattant un sioniste-para-Massu-colon ? 
 
L’effet du transfert sous nos latitudes, par images télévisées importées du conflit proche oriental entre israéliens (juifs) et palestiniens (arabo musulmans) a engendré une identification des « jeunes-des-quartiers-en difficulté » aux palestiniens lanceurs de pierre contre les soldats israéliens devenus la représentation substitutives de la police en banlieue.
 
Quand certains indignés au grand cœur ont cru malin de défiler sous des banderoles mettant un signe = entre la svastika et l’étoile juive au cours de toutes les innombrables manifestations de haine (progressiste) dénonçant les conflits entre Israël et ses voisins, la cause des causes, le drapeau de la Propalestine devenait celui des « quartiers-en-difficulté ». 
 
Trois cent mille morts arabes en Syrie tués par d’autres arabes n’ont pas ému l’ombre d’une conscience indignée, par contre la guerre à Gaza a provoqué des débuts de pogroms l’été 2014. 
 
Ce que tous les experts sociologues refusent de considérer c’est que la nazification d’Israël a simultanément permis un tour de passe –passe rédempteur des culpabilités françaises et européennes d’il y a 70 ans. Quelle aubaine de pouvoir dire que ces Juifs victimes hier soient devenus des israéliens bourreaux aujourd’hui. C’est cette double chaine d’identifications qui est à la source de la confluence idéologique présente entre islamisme et gauchisme.
 
C’est ce même écheveau idéologique passionnel qui aujourd’hui incrimine tous ceux qui essaient de comprendre ce qui nous arrive ici, en France. Comment être tombé dans le panneau de la culpabilisation pointant une France « raciste » pour avoir interdit le port du burkini sur les plages de Nice l’été dernier, alors que le sang des victimes sur la promenade des Anglais était à peine sec. 
 
Combien d’attentats terroristes seront nécessaires à madame la procureur du procès Bensoussan pour qu’elle comprenne que le projet terroriste islamiste ne se partage pas : il est dans les armes, il est dans les crimes et il est aussi dans les mots, seraient-ils affublés d’un voile victimaire. 
 
Depuis la conférence de l’ONU à Durban, l’été 2001, sur le racisme, nous savons que l’on peut crier « mort aux Juifs » au nom de l’antiracisme…cher ?