Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean-Pierre Allali - Le retour de Fanny, par Joseph Farnel

30 Septembre 2020 | 117 vue(s)
Catégorie(s) :
France

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Le retour de Fanny, par Joseph Farnel (*)

Pour son nouveau roman, Joseph Farnel a choisi de nous replonger dans l’univers tragique de l’Occupation de la France par les Allemands et de la catastrophe de la Shoah. Nous sommes en 1942. Il nous conte, avec son talent habituel, les pérégrinations d’une adolescente, Fanny Goldberg, dont les parents et le petit frère, Simon,  ont été arrêtés et déportés et qui a, notamment grâce à la concierge du 57, rue Charlot, Madame Ancelot et à la complicité de voisins patriotes, miraculeusement réussi à échapper aux griffes des démons. Après plusieurs péripéties, et grâce à Michel un passeur, elle se retrouve à La Prodélie, un lieu-dit en Corrèze, près d’Yssandon et d’Objat, recueillie par la famille  Madur, Pierre et Simone qui vont la faire passer pour une parente. Fanny, qu’on appellera désormais Fannie ou encore Fanfan, va devoir, comme ce fut le cas de nombreux enfants et adolescents à cette époque troublée, apprendre à être une petite catholique qui connaît bien ses prières et pratique avec aisance ses génuflexions. On n’est jamais assez prudent. D’autant plus que si, dans le village, les résistants sont nombreux et déterminés, la mauvaise graine est présente aussi, en embuscade. C’est le cas d’Alexandre Bounaix, neveu d’Ernest Boulanger, propriétaire foncier et résistant,  que le maire, Jules Laffont, convoqué à la Kommandantur, a surpris en bonne compagnie avec les soldats allemands. 

Joseph Farnel, qui n’hésite pas à mettre dans la bouche de ses héros, des propos en patois local, « Z’êtes madame Fanny ? », « Vous v’nez d’où, ma p’tite dame ? » «  Y me fait bader ce gagnou » « Comment va la p’tiote »…nous présente tour à tour ses personnages. Voici le vieux Louis dit Pioupiou. Et Mémé Gertrude, la mère de Pierre, quatre-vingt ans. Voici encore le maire Jules Laffont, et Huguette, sa femme, le docteur de Varetz, Marcel, le coiffeur et son épouse, Odette, Isidore Touron, le maître d’école, Jean Baril, propriétaire terrien,  son employée, Berthe, son fils, Firmin, aux armées et son neveu, Jean-Marc, Lucien, ouvrier agricole, Peaux de lapin, le marchand ambulant, Gino, l’ouvrier agricole italien, Gérard le gentleman milicien,  l’infirmière-sage-femme Henriette Martin et, bien sûr,  monsieur le curé. Et, bien plus tard, le tailleur Albert Klibaner,  le petit Pierre et la petite Danielle. Sans oublier le chien bâtard Tintin et le chiot Rigolo, le cochon et son saigneur, Émile Boulon et le cheval Margotte.

Un jour, le village accueillera un autre réfugié juif, David Blum, étudiant en deuxième année de médecine, dont la famille a aussi été capturée par les Allemands et qui rejoindra la Résistance sous les ordres du capitaine Émile Bontemps où il retrouvera d’autres Juifs : Jacques Weintraub, Félix Klibaner et sa sœur, la belle Rachel. Par la suite, une autre famille juive, les Kleijman, Isaac et Emma et leurs deux enfants sera aussi sauvée grâce au village.

David va-t-il s’éprendre de Rachel ou fera-t-il les yeux doux à Fanny ? C’est Fanny qui l’emportera. Elle et David tombent amoureux l’un de l’autre et envisagent de se marier quand des temps meilleurs reviendront. En attendant, Fanny se rend utile car ses talents de couturière sont réels. Plus tard elle deviendra même une célébrité de la mode. On parlera beaucoup des Robes de Fanny. Pour l’heure, elle réalise toutes sortes de vêtements à la demande. Même, s’il faut, le cas échéant, accepter la commande d’une prostituée Blanche Dupré dont l’amant est un officier allemand, Herman Werchen. On n’est jamais assez vigilant !

La Libération, enfin puis la création de l’État d’Israël. Les années passent et, avec elles, on assiste à des rebondissements inattendus.

Beaucoup de bonheurs dans ce récit, mais aussi, hélas, bien des drames et des peines.

Très sympathique et très agréable à lire.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions De Borée. Février 2020. 288 pages. 19,90 €.

 

 
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