Quelle drôle de langue parliez-vous donc Madame Le Pen, lors du Grand Débat ? Par Marc Knobel

05 Mai 2017 | 74 vue(s)
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France

Au moins 128 morts à déplorer dans la vague d'attentats qui a frappé Paris vendredi 13 novembre

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09 Novembre 2015
Catégorie : France

"A vos crayons citoyens, à la politique citoyens. Si nous voulons que les choses se fassent il va falloir que certains d’entre nous se bougent."

Tel Aviv sur Seine : succès sur les berges et sur le net, opération réussie !

Portrait de Virginie Guedj-Bellaïche
Le dialogue renoué
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29 Juillet 2015
Catégorie : France

Mars 2015, je suis à Bruxelles pour présenter mon livre écrit sous le pseudo de Sefwoman, « Je suis juive mais je me soigne ». Au fond de la salle, 3 garçons se marrent. Je parle de ma grand-mère et de service 98 pièces au liseré doré, de son refus de me parler de l’Algérie, des plats typiques, je les vois acquiescer. A la fin de la présentation, ils ont tous les trois le livre en main. « La dédicace c’est pour qui ? », « Ismaël ».

Célébrer le 14 juillet à Tel-Aviv – une occasion de célébrer la double appartenance culturelle et nationale sur un mode festif et joyeux.

12 juillet 1906, Alfred Dreyfus  est réhabilité par la cour de cassation de Rennes. C’était il y a 109 ans, autant dire une éternité.  

INTERNATIONAL - Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang, parce que l'Etat juif est (toujours) considéré et traité quelque part comme le Juif des Etats.
Le boycott des produits israéliens (nous) glace le sang, parce que l'Etat juif est (toujours) considéré et traité quelque part comme le Juif des Etats. Rappelons à ce sujet qu'une campagne BDS -pour Boycott-Désinvestissement-Sanctions- tente de s'implanter en France, en incitant à boycotter les personnes et les produits provenant de ce pays. Expliquons.


Artcile publié dans le Huffinghton Post http://www.huffingtonpost.fr/marc-knobel/boycott-produits-israeliens_b_7...

Un entretien entre Marc Knobel et Michaël de Saint Cheron, philosophe des religions.

Marc Knobel livre une analyse de l'opinion publique à l'égard de l'antisémitisme et d'autres sujets (avant et après les attentats de Janvier 2015).

Franck Guillory, journaliste, auteur et réalisateur de documentaires s'est rendu à Auswithz en Avril dernier, il nous raconte son expérience et ses souvenirs dans un article publié sur son blog.

Compte-rendu d'un magnifique livre de Benjamin Stora qui raconte son enfance juive à Constantine.

 

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), dimanche 15 février 2015, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué de presse

Neuf ans après l’assassinat d’Ilan Halimi, voici la « chronique d’une barbarie et de ses conséquences médiatiques, politiques et judiciaires »,  par Marc Knobel, historien, chercheur, directeur des Études du CRIF

 

Le Hors-série de L'Express numéro 28, "Regards sur l'Histoire" consacré aux Juifs de France a mis en émoi une partie de la communauté juive, François Heilbronn, professeur des universités associé à Sciences-Po Paris et Président des Amis français de l'université de Tel-Aviv lui a adressé deux lettres ouvertes publiées dans l'Arche.
 

 

 

Retour sur les événements qui sont intervenus en juillet 2014 et les manifestations propalestiniennes qui ont dégénéré.

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Madame Le Pen, comme des millions de nos compatriotes, nous vous regardions et nous vous écoutions attentivement à la télévision, lors du Grand Débat, ce 3 mai. D’emblée, je vous ai vu utiliser votre premier temps de parole en invectivant durement Emmanuel Macron. En deux minutes, vous lanciez la charge. D’une violence inouïe vous vouliez probablement assommer votre adversaire et donner le ton. Tout au long de l’émission, vous ne parleriez pas posément, vous lanceriez la mitraille, telle était votre choix. La mitraille...

Vous oubliez que vous vous présentez pour la présidence de la République et que la fonction demande de la hauteur, de la grandeur, de la décence. Comme si, il eut été impossible que vous gardiez votre calme, de la tenue. Comme si le vieux fond de Le Pen (père) ressortait enfin et avec quelle vulgarité, avec quelle grossièreté, avec quelle méchanceté.

Serait-ce du Français, vraiment ? Mais alors, de quelle langue s'agit-il, au juste ?

Quels sont vos mots étranges et furieux, lorsque pour protéger les plus faibles d'entre nous, dîtes-vous, vous prononcez des mots accusateurs. Ils stigmatisent, salissent, écartent, provoquent, distinguent et hiérarchisent. Quelle est donc cette langue étrange, Madame Le Pen, qui cherche à blesser, à distinguer, à détacher, à croiser le fer, et se répandre ainsi, comme une joute et pas seulement oratoire ? Comme si, de votre bouche, et au plus proche ou loin de votre personne, il ne pouvait y avoir qu'un grand règlement de compte: faire table rase du passé en un seul esprit de revanche ? Est-ce cela votre seul rêve ? Pour faire mouche, vous abusez des images effroyables. Est-ce là votre seule stratégie ?

Car, vous ne semblez voir de la France que son irréversible déclin, n'est-ce pas ? Alors, vous effrayez votre monde avec l'idée qu'il pourrait y avoir un grand remplacement. Vos mots puisent dans l'énoncé brutal, lorsque vous semblez pointer du doigt le péril qui, pourrait avoir comme seul nom l'étranger, l'immigré, le réfugié, la mort, l'Islam… ? Quoi d'autre, encore? Quoi d'autre, enfin ?

Je vois vos gestes, j'entends vos mots. Est-ce ainsi que votre langue est faîte, Madame Le Pen ?

Pour faire peur, effrayer, tétaniser, se nourrir de nos doutes, de nos peines, de la misère humaine et de la fracture sociale ? S'en gaver, jusqu'à plus soif ? Je n'entends alors de votre bouche que des mots blessants, lorsque vous parlez d' « Oligarchie », ou que vous utilisez l'expression... « Marche ou crève » ; que vous chantez « On est chez nous » et que vous prévenez: « Avec nous, avant qu'il ne soit trop tard »...

Justement, « On est chez nous », est votre leitmotiv, votre mot d'ordre préféré, comme si l'on était ailleurs. Vous l'aimez tellement, lorsque votre public se lâche enfin. Comme si, il était trop difficile que vous ne viviez le monde autrement que par le/un grand règlement de compte. Comme si, il était par trop difficile en votre langue de rêver d'une France apaisée, calme, sereine, respectueuse, tolérante, aimante, fraternelle ?

Mais, en votre monde imaginaire, vous savez chanter aussi la « France éternelle » et « mère Nature ». Vous imaginez que vous parlez au « nom du peuple » et que le peuple vous ressemble forcément, alors que le peuple vous rejettera. Vous pensez incarner alors le peuple, même si vous excluez de ce peuple tous ceux et toutes celles qui ne vous ressemble pas. Vous décrivez alors le bien, tel que vous voudriez qu'il soit, mais aussi la « famille », « l'ordre », « l'équité », la « nation », pour ne pas dire « la patrie ». Un monde imaginaire, vous le savez, fait de votre imaginaire. Mais, vous profitez de la profonde crise de sens, du doute, de la peur, du malaise, pour construire et reconstruire à votre guise, en réalité, une France mythifiée. Vous voilà enfin, telle que vous voudriez être sûrement, sorte de "cinquième fille de France", pour reprendre l'expression du paternel… Jeanne d'Arc, la sauveuse aurait pour prénom Marine.

Comme des millions de français, j’ai vu et revu le masque de l’extrême droite que vous portez, car il s’agit bien en réalité de votre famille politique, n’est-ce pas ? Celle qui crie « On est chez nous », pour vouloir dire… « La France aux Français ».  Les vieux thèmes, les vieilles rengaines ressurgissent.

Mais, dans notre Panthéon à nous Madame Le Pen, les démocrates et les républicains, il n'y a ni Clovis, ni Maurice Barrès, encore moins Charles Maurras. Mais des gens comme Aznavour, Yves Montand, Emile Zola, Joseph Kessel, Marc Chagall, Pierre Tchernia, Robert Hossein ou... Enrico Macias. Ils parlent une autre langue que la vôtre. Du Français avec des mots châtiés et de belles phrases, mais avec des mots qui chantent et aiment la France. Plus que vous ne l’aimerez jamais.

Et, au fond, la France, voyez-vous, ce n'est pas que le ramassis de vos fantasmes. La France est grande. Et, elle continuera de l'être malgré vous, après le 7 mai 2017.