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Publié le 17 Janvier 2023

Actu - Charles Goldstein, au cœur d’une rencontre-débat sur ses vies multiples, le sens de la peinture, sa biographie…

Le 15 janvier 2023 avait lieu une rencontre-exposition avec Charles Goldstein dans la synagogue de Melun. Michèle Fournier, touchée par les peintures de Charles Goldstein, auteure de la biographie "Charles Goldstein, l’exigence d’un peintre et ses vies multiples", paru aux Édition CG, revient sur cet évènement.

Un public d’une cinquantaine de personnes, sa famille, des amis, des connaissances, des inconnus, investissaient ce lieu habituellement consacré au culte, mais également à vocation culturelle.

Ses toiles ponctuaient de couleurs vives le grand hall de prière. « Ils » étaient là, fidèles à sa mémoire, entourant cet homme, voulant, une fois de plus, laisser une trace, transmettre, ajouter à sa peinture mémorielle, le récit de sa vie.

C’était un concert sans répétition, avec des musiciens absents, mais dont les mots du soliste allaient remplir la partition par un début de symphonie inachevée, l’évocation des siens disparus.

Laurent, orchestrait l’évasion d’un tempo effréné, hors mesure, celui qui composait la mélodie baroque de ses vies multiples, son aria passionné dont il n’eut pas été opportun de freiner l’enthousiasme.

Ainsi, telle une source trop longtemps retenue, ce fut d’abord, en pointillé, l’évocation d’une enfance amnésique, semblant ne pas lui appartenir. Puis, avec force, la revendication d’une naissance différée, une date apprivoisée comme étant la sienne, retentissant de l’accord puissant, des peurs, des cris, des tirs et enfin, le souffle, la halte, le décrescendo des soupirs, jusqu’au silence monacal d’un refuge salvateur.

Dans la salle, l’écoute était tendue, quelques cœurs battaient la chamade au rythme de souvenirs communs, des têtes opinaient, des yeux s’embuaient sur la barcarole d’étoiles mutilées.

Pourtant, la blessure, la sienne, stigmatisa soudain au fer rouge le récit de sa vie, par l’évocation de ce qui ne devait être qu’une évasion solaire « pour maintenir l’ordre » sur les rives mauresques de la méditerranée. Quinze ans après avoir été victime, devenir bourreau, fut et reste la plaie ouverte de laquelle les éclats sanglants de sa peinture rejoignent, aujourd’hui encore, ceux de l’holocauste des siens.

Suivirent ses engagements multiples, ses créations au bénéfice de la culture pour tous, ses responsabilités communautaires et les rencontres qui marquèrent sa vie…

Laurent orchestra ses rencontres dont je faisais partie pour m’inviter à inscrire sur la partition de sa vie, comme un « effet-Mozart », une tonalité plus festive, l’évocation du duo instrumental que nous formèrent pour la réalisation de sa biographie, en rappelant la genèse du livre, l’écoute fraternelle, la valeur temporelle des silences, les émotions, son besoin vital de témoigner contre l’oubli. Puis, je poursuivis par la lecture du ressenti d’un lecteur du livre, suivi de l’évocation de mes mots en résonance sur sa peinture.

Les clés de pénétration de son destin pictural occupèrent enfin l’espace, non seulement par la symphonie tourmentée des toiles présentes, mais par un changement de tonalité, l’évocation de sa peinture, l’inspiration créatrice, l’appassionata en clair-obscur, l’esthétisme des émotions, rythmes, couleurs, octaves de la démesure, les chants révélés de son âme…

C’est alors que de Jérusalem, vers laquelle les portes de verre de la synagogue sont orientées, le soleil couchant s’invita sur les visages des témoins narrateurs tout en éclairant les toiles exposées, portant ainsi l’éveil subtil de l’exposé de son art, ses vibrations, sa démesure, sur une portée lumineuse afin que ne s’éteignent jamais leur souffrance hors les mots, les rêves insensés d’un peintre qu’il convient de ne jamais oublier.

 

Michèle Fournier