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Publié le 7 Octobre 2022

Actualités des Régions - Crif Bordeaux-Aquitaine : Colloque "Témoigner des Juifs dans la France prémoderne"

Mercredi 28 septembre 2022, au musée d’Aquitaine à Bordeaux, s'est tenu le colloque "Une histoire d’absence ou un siècle oublié ? Témoigner des Juifs dans la France prémoderne", dans le cadre du projet SION-Digit, en partenariat avec le Crif Bordeaux Aquitaine, le campus numérique Akadem et la Sousa Mendes Foundation.

Paul Salmona (mahJ), Emma Abate (Università di Bologna/ IRHT-CNRS), Géraldine Cazals (Université de Bordeaux), Evelien Chayes (CNRS-IRHT) et Nathalie Cohen (Akadem) - de droite à gauche

 

L’événement, organisé par Evelien Chayes (chercheuse à l’Institut de recherche et d’histoire des textes, l’UPR 841 du CNRS), sera le premier d’une série. Il avait comme objectif de mettre en question l’idée selon laquelle pendant le long XVIe siècle, l’histoire des Juifs de France fut une « histoire d’absence ». En effet, s’il y eut des Juifs, ceux-ci auraient perdu, selon ce récit, leur lien avec le judaïsme et ainsi, leur identité juive. Les débats ont mis en évidence que cette conception a contribué à l’oubli – l’oubli des Juifs au sein de ce siècle français – et que bien des sources, riches d’une autre histoire, ont été délaissées par l’historiographie. Sur un plan général, la problématique avait été évoquée dans Les Juifs : une tache aveugle dans le récit national, sous la direction de Paul Salmona et Claire Soussen (Albin Michel, 2021). Il était temps de prendre le XVIe siècle comme point focal.

Le public, aussi mélangé (étudiants, universitaires, conservateurs, politiques et retraités) qu’intéressé, a eu le plaisir d’écouter des spécialistes auscultant eux-mêmes de près les évolutions dans ce domaine de recherches jusqu’à aujourd’hui et dirigeant des projets de recherches innovants. Le colloque et les tables rondes furent animés par l’historienne Nathalie Cohen, dont nous connaissons les nombreuses contributions à Akadem. Akadem était également présent pour enregistrer la rencontre, bientôt diffusée sur le Net.

Dans la première session, « Vies de l’écrit en France », intervinrent Emma Abate (Professeure à l’Université de Bologne), Géraldine Cazals (Professeure à l’Université Bordeaux), Paul Salmona (directeur du Musée de l’Art et de l’Histoire du Judaïsme à Paris) et l’organisatrice Evelien Chayes. Une première table ronde couronna cette session, qui fut suivie par une seconde, autour des « Rites et cultures franco-juifs en exil », au cours de laquelle s’exprimèrent Davide Mano, chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales, Pierre Savy, maître de conférences à l’Université Gustave Eiffel, et Hélène Jawhara-Piner, enseignante à l’Université de Tours-CESR.

Une table ronde générale clôtura cette journée sur la notion d’« absence » : comment a-t-on pu oublier la présence des Juifs de France et leur rôle durant ce siècle si crucial pour ce pays ? Dès lors, comment combler cette lacune historique ? Comme le remarquait Paul Salmona en conclusion : il ne s’agit pas seulement de manque de moyens mis à la disposition des chercheurs et enseignants mais aussi, et peut-être avant tout, de choix politiques à faire. Et donc, dirons-nous, le courage d’ouvrir des portes qui feront émerger une histoire en dehors de la norme, dans l’enseignement national, à l’université et dans sa présentation au grand public. Réflexions d’une journée qui apparut de plus en plus dans son déroulement comme inaugurale d’un chantier plus vaste portant une reconsidération de l’histoire française.

Mireille Levy