Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - Il y a 35 ans, le médecin juif libanais Elie Hallak était tué parce que juif

29 Décembre 2021 | 352 vue(s)
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Actualité

Après notre étude sur les Juifs de Finlande, voici, comme convenu et pour coller à l’actualité qui fait que le conflit russo-ukrainien est en train de s’étendre à d’autres pays, un regard sur les Juifs de Suède.

Dès le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, nous avons, le 23 février dernier, proposé à nos lecteurs, une étude sur les Juifs d’Ukraine. Depuis quelques jours, le conflit semble s’étendre à deux autres pays, la Finlande et la Suède. Nous vous proposons de découvrir les communautés juives de ces deux pays. Aujourd’hui, les Juifs de Finlande.

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Antisémitisme

Dimanche 12 janvier 2020, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. À l'issue de cette journée, je me suis exprimé devant les participants. Voici les quelques mots prononcés.

 

 

Dans cette éditorial, je m'exprime sur les nombreux actes de haines survenus en France et dans le monde en 2019. Je formule également mes voeux de sécurité et de paix pour cette nouvelle année.

 

Meyer Habib, il y a ceux qui l'aiment et ceux qui l'ont en exècre. Mais on ne peut en aucun cas tolérer un tel déferlement de haine antisémite.

Discours prononcé lors de la Plénière de clôture.

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

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Par le Docteur Bruno Halioua. Président Commission Mémoire du Crif

 

 

Le destin de celui qui était appelé le "médecin des pauvres" a basculé le 30 mars 1985. Ce jour-là, des miliciens en armés membres du Hezbollah se présentent à son domicile; rue de la Mission. Comment aurait t-il pu se méfier ?  Il n’a jamais fait de politique,  Il est aimé par son voisinage. Il soigne aussi bien les Chrétiens que les Musulmans et en particulier les Chiites. Il partage sa vie entre son domicile, son cabinet situé dans le vieux quartier juif de Wadi:Abou-Djmil, le dispensaire juif et l'hôpital des Enfants-Malade dé Fourn-el-Chebak. Il a une passion pour son métier et sa famille. Sa femme et ses trois fils vivent à Paris. Comment aurait t-il pu se réinstaller à Paris ? Ce n’est pas à la cinquantaine qu’on envisage une nouvelle installation. Qu’importe ses protestations. Qu’importe les protestations de ses voisins. Les miliciens de la milice armée se saisissent de lui. Pourquoi ? Uniquement parce qu’il est Juif. Elie Hallak est l’une des victimes des enlèvements soigneusement préparés qui ont touchés un certain nombre de Juifs restés au Liban parce qu’ils croyaient dur comme fer à l’existence d’une coexistence pacifique dans un état binational. Le commerçant en électroménager Elie Srour âgé de 50 ans est enlevé dans un magasin à 19 heures. Haim Cohen âgé de 38 ans d’être enlevé une  demi-heure plus tard, Le président de la communauté lui-même, Isaac Sasson âgé de 66 ans, est enlevé à la sortie de l'aéroport alors qu'il rentrait d'un congrès médical. Tous ces Juifs comme les huit autres membres de la communauté juive enlevés en en juillet et en août croyaient en la coexistence pacifique entre les membres des diverses religions. Qu’importe le Hezbollah, ces hommes avaient tous le tort d’être Juifs. Pour masquer son antisémitisme virulent, cette organisation a choisi de les accuser fallacieusement d’être des "Agents du Mossad". Les membres du Hezbollah ont pris prétexte de cette accusation  pour éliminer un par un les derniers survivants d’une communauté  juive ancestrale qui était arrivée au Liban aux environs de 132 après la révolte de Bar Kohba. Le Hezbollah reproche Elie Hallak d’être un chef de réseau d’espionnage et d'avoir "rencontré des agents de renseignement à Paris" à l’occasion de ses visites à ses proches. 

Parce que, de toute façon, tous les Juifs sont frères et tous les Juifs sont responsables.

Les juifs libanais ne sont pas les seuls otages. Mais les otages des autres nationalités disposent du soutien des chancelleries qui agissent en sous main. Mais eux n’ont personne pour agir pour eux ? En France, un certain nombre de personnes vont essayer de se démener pour les sauver. L’admirable Beate Klarsfeld se rend à Beyrouth le 17 janvier 1986 pour obtenir la libération des otages juifs. Elle rencontre l'un des représentants du Hezbollah venus de Baalbek. Elle propose  de prendre leur place. En vain. Au cours de sa rencontre, elle leur demande "Pourquoi vous en prenez-vous à des innocents ?" Réponse des membres du Hezbollah : "Parce que, de toute façon, tous les Juifs sont frères et tous les Juifs sont responsables". (*Nouvel Observateur p.42, mars 1986). Ces paroles renvoient à celles tout aussi cyniques prononcées quelques décennies auparavant par les Nazis…

Ne les oublions pas

Les ravisseurs ont déjà pris leur décision. Ils vont tuer le docteur Elie Hallak. Ce dernier ne se fait d’ailleurs aucune illusion sur son sort. Comme il l’a dit à plusieurs otages. Il le sait car au cours de ses déplacements, il n’a pas les yeux bandés afin de l’empêcher de reconnaître ses geôliers. En attendant l’exécution de la sentence, le médecin va soigner des miliciens blessés mais aussi les otages. Elie Hallak soigne l’un d’eux, Michel Seurat, chercheur au CNRS, arabisant, spécialiste du Liban et de la Syrie, enlevé le 22 mai 1985, en même temps que Jean-Paul Kauffmann, journaliste à « l'Événement du jeudi ». Il a diagnostiqué un cancer du pancréas. Pendant un mois, chaque jour, il vient l'aider. Oublieux de son propre sort, Elie Hallak va chercher par tous les moyens à adoucir l'agonie de Michel Seurat. Le médecin juif dit à multiples reprises aux ravisseurs "Il n'y a qu'un moyen de guérir Michel : le libérer". En vain. La nuit du 20 décembre, le médecin juif disparaît pour toujours. Quelques jours plus tard, c'est Michel Seurat qui est extrait de sa cellule pour être tué. De façon machiavélique, le Djihad islamique n’a annoncé la mort de Elie Hallak deux mois plus tard et celle de Michel Seurat 15 jours après celle du médecin. Entre le moment, où ils ont été exécuté et celui où ils ont été tués, le Hezbollah a laissé les deux  familles dans  l’espoir. Les deux épouses Marie Seurat et Rachel Hallak ont longtemps pensé qu’ils allaient être épargnés car tous les deux croyaient par-dessus tout en la coexistence entre juifs, chrétiens et musulmans. Jusqu'à en mourir..

Le 20 février 1986, "les Opprimés sur la Terre", c’était le nom d’emprunt qu’avait choisit le Hezbollah pour masquer ses opérations de prises d’otages remettaient un communiqué faisant état que "l'espion Elie Hallak" avait été exécuté en "réponse aux opérations terroristes menées par Israël au Sud-Liban". En échange de la restitution du corps du docteur Elie Hallak, l’organisation demandait le retrait d'Israël de l’ensemble du Liban et la libération des détenus de la prison de Khiam. 25 ans ont passé, Israël a évacué le Sud Liban et la prison de Khiam n’existe plus. Et pourtant "les Opprimés sur la Terre" n’ont jamais rendu le corps du docteur Hallak à la famille. Nul ne sait les circonstances de son exécution. Nul ne sait où il est enterré.

Notre devoir est de ne pas oublier le juif libanais Elie Hallak.

Souvenons nous aussi des autres otages juifs libanais tués uniquement parce qu’ils étaient juifs

Haim Cohen, tué en décembre 1985.
Isaac Tarrab, tué en décembre 1985.
Ibrahim (Abraham) Benisti, tué en février 1986.
Elie Srour, tué le 30 décembre 1986.
Youssef (Joseph) Benisti, , tué le 30 décembre 1986.
Henri (Aharon) Mann Rivi, , tué le 30 décembre 1986.
Yehuda Benisti, tué le 12 janvier 1987. Ses fils Abraham et Joseph avaient été exécutés l’année précédente.
Isaac Sasson, tué le 20 juin 1987.
Mais aussi Moïse Yedid, Moussa Arazi, fusillé ou Edouard Sasson

Ne les oublions pas

 

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