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Publié le 19 Juillet 2021

Crif - Joseph Schwartz, rescapé du Vel d'Hiv, s'indigne des comparaisons entre étoile jaune et pass sanitaire

Avant d'entamer son témoignage émouvant, Joseph Schwartz s'est dit profondément révolté et bouleversé face aux images détournées de l'étoile jaune qui circulent dans les milieux anti-vaccins. "Cette comparaison est odieuse ! Je l’ai portée, l’étoile, moi. Je l’ai dans ma chair".

Tous les ans lors de la commémoration officielle et nationale de la rafle du Vel d’hiv, la parole est donnée à un survivant de la rafle. Ce moment de la commémoration est toujours très attendu, la parole du témoin qui va au-delà du cadre historique incarne l’évènement dans la chair.

Le souvenir du port de l’étoile jaune jusque dans sa chair, le témoin cet année, Joseph Schwartz, 94 ans, l’a déclamé dans un cri de révolte lorsqu’il a brandi avant de livrer son témoignage une image faisant référence aux antivax et représentant une étoile jaune dans laquelle est inscrite « Sans vaccin » : « Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point cela m’a ému. Cette comparaison est odieuse ! Il faut se lever tous contre cette ignominie. Les larmes me sont venues, je l’ai portée l’étoile moi, je sais ce que c’est, je l’ai encore dans ma chair. C’est le devoir de tous de ne pas laisser passer cette vague outrancière, antisémite, raciste qui rode. Je crois que c’est un devoir primordial »

Applaudi à tout rompre, Joseph Schwartz a ensuite relaté l’histoire de sa famille pulvérisée le jour de la rafle du Vel d’Hiv où toute la famille, père, mère, petit frère, est embarquée et internée. Joseph, 15 ans, s’était réfugié en banlieue parisienne. Totalement paniqué après avoir pris connaissance du sort des siens, décide de se rendre en leur domicile rue de la Vistule, ou évidemment il n’y a plus personne. Il sonne alors chez des voisins et amis, les Finkel qui cachés dans la nuit s’apprêtaient à rassembler quelques affaires avant de fuir.

Ils n’en auront pas le temps, la police française frappe à la porte avant de l’enfoncer et tout le monde est arrêté, puis amené au commissariat du 13ème arrondissement. Transféré avenue des Gobelins, Joseph apprend que son sort est scellé : bien que né en France, il est considéré comme apatride du fait de la dénaturalisation de ses parents par les lois de Vichy en 1941, il est condamné à l’internement et à rejoindre les autres juifs raflés. Hébété, il passe la nuit dans ce centre et au petit matin il s’approche du portail entr’ouvert. Et là, un garde qui faisait les cent pas lui commande « fiche le camp ! ».

Joseph « dans un sursaut animal de survie » a détalé jusqu’à l’avenue Auguste Blanqui et a arraché son étoile jaune.

Depuis ce jour-là, Joseph Schwartz est resté seul et sans famille, tous les siens ont été assassinés à Auschwitz. Il dit y penser chaque jour et à 94 ans il doit encore lutter contre ce qu’il appelle « un trou noir ». Au nom de tous les siens, il a participé aux procès des criminels nazis et est membre très actifs de l’association des Fils et Filles des déportés Juifs de France. Il espère que toutes ces actions, comme son indignation prononcée avant son témoignage rendraient fières tous les disparus.

L’assemblée tout entière à l’issue de son témoignage s’est levée l’applaudissant longtemps et chaleureusement. La presse française ne s'y est pas trompée non plus et la déclaration de Joseph Schwartz sur l’étoile jaune des antivax a eu plus d’impact que n’importe quelle autre indignation entendue jusqu’ici.

 

Témoignage de M. Joseph Schwartz, rescapé de la Rafle du Vel d'Hiv à la Cérémonie nationale d'hommage

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