Lu dans la presse
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Publié le 7 Juillet 2021

France - Affaire Mila : onze personnes condamnées à des peines de quatre à six mois de prison avec sursis

Treize prévenus étaient jugés à Paris pour avoir participé au cyberharcèlement de l’adolescente Mila, après sa vidéo polémique sur l’islam publiée en novembre.

Publié le 7 juillet dans Le Monde

Le tribunal de Paris a prononcé des peines allant de quatre à six mois de prison avec sursis contre onze personnes reconnues coupables d’avoir participé au harcèlement en ligne de l’adolescente Mila, mercredi 7 juillet, après une vidéo qu’elle avait mis en ligne au mois de novembre. Un non-lieu a également été prononcé pour vice de procédure et un seul des treize prévenus a été relaxé.

Sur les onze personnes reconnues coupables, l’une a été condamnée pour menaces de mort à cause d’un mail particulièrement explicite envoyée à la plaignante tandis que les dix autres, qui n’avaient envoyé qu’un seul message sur Twitter, l’ont été pour harcèlement. Dans l’ensemble, les réquisitions du ministère public ont été à peu près suivies.

A l’issue de deux jours de procès, le parquet avait en effet requis le 22 juin des peines allant jusqu’à six mois de prison avec sursis à l’encontre de douze des treize jeunes prévenus qui étaient jugés à Paris. Le procureur avait demandé envers ces « harceleurs » une « peine d’avertissement » : trois mois d’emprisonnement avec sursis pour trois d’entre eux, poursuivis pour harcèlement, et six mois de prison avec sursis pour neuf prévenus, renvoyés pour harcèlement et menaces de mort. Au bénéfice du doute, le ministère public avait réclamé la relaxe d’un treizième prévenu.

Des prévenus âgés de 18 à 29 ans

La majorité des prévenus, âgés de 18 à 29 ans, avaient reconnu à l’audience être les auteurs des messages haineux, postés en novembre 2020, en réponse à une nouvelle vidéo devenue virale, dans laquelle Mila critique l’islam. La plupart d’entre eux, originaires de toute la France, avaient contesté avoir su que Mila était la victime d’un harcèlement en ligne, un véritable « raz de marée », selon le procureur. Dans l’ensemble, ils avaient nié leur participation à un « raid » numérique.

Pour le représentant du ministère public, les prévenus ne pouvaient l’ignorer, dix mois après une première vidéo de Mila devenue virale et le déferlement de haine qui s’en était suivi, lui conférant une notoriété. L’adolescente, alors âgée de 16 ans et demi, avait en janvier 2020 répondu à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d’une vidéo véhémente sur l’islam mais « dans les strictes limites » de la liberté d’expression, avait rappelé le procureur. « Votre religion, c’est de la merde, votre dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul », disait-elle dans cette vidéo. Menacée en ligne, Mila avait été contrainte de quitter son lycée et de vivre sous protection policière.

Le 14 novembre, l’adolescente s’était attirée une nouvelle salve de menaces après la publication d’une seconde vidéo polémique dans laquelle elle lançait : « Surveillez votre pote Allah, s’il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j’les ai toujours pas sortis ». Mila a reçu selon son avocat Richard Malka « 100 000 messages » haineux.

Certains des prévenus, des jeunes « sans histoire » – dont beaucoup d’athées et des étudiants se destinant à devenir ambulancier, comptable ou agent des impôts – ont plaidé « la bêtise » d’un message posté « sans réflexion », sous le coup de la « colère ». Leurs avocats avaient sollicité des relaxes partielles ou totales, demandant de ne pas en faire « des exemples ».

La défense avait également soulevé l’absence de preuves que certains des tweets, sans hashtag ni arobase, aient été lus par la victime, estimant qu’ils devaient donc être jugés « sans effet ».

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