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Publié le 16 Avril 2021

France - Attentat de la rue des Rosiers: l'enquête rebondit

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a validé mercredi la procédure, ouvrant la voie à un possible procès.

Publié le 14 avril dans Le Figaro

Après bientôt quatre décennies, la décision renforce la possibilité d'un procès pour l'un des auteurs présumés de l'attentat antisémite contre le restaurant Goldenberg, rue des Rosiers à Paris, le 9 août 1982 (6 morts et 22 blessés). La cour d'appel de Paris a en effet validé mercredi l'enquête en rejetant deux possibles irrégularités. La première avait été soulevée d'office par le juge d'instruction. Elle portait sur l'absence de la signature d'un interprète sur le procès-verbal d'extradition de Norvège, le 4 décembre, du suspect Walid Abdulrahman Abou Zayed.

En saisissant d'office la cour d'appel, le magistrat instructeur permettait de trancher rapidement un point juridique qui aurait pu donner lieu à des contestations ultérieures. Par ailleurs, les avocats du suspect, Mes Romain Ruiz et Bruno Gendrin, avaient déposé une demande de nullité de la mise en examen de leur client, prononcée le 5 décembre, pour « défaut d'indices graves ou concordants ». Abou Zayed a été mis en examen pour « assassinats » et « tentatives d'assassinats » et placé en détention provisoire.

"Le juge d'instruction pourra à présent travailler de façon apaisée", Me David Père, Avocat de l'Association française des victimes du terrorisme

La chambre de l'instruction a donc rejeté la demande de la défense et validé le procès-verbal d'extradition. Une double décision diversement appréciée par les parties. Me Romain Ruiz dit « avoir tendance à penser que la justice a plus peur de priver les parties civiles d'un procès, qui n'aboutirait à rien en l'état du dossier, plutôt que de constater l'absence de preuves de la culpabilité de notre client ». La défense disait d'ailleurs jeudi se réserver le droit de se pourvoir en cassation. Du côté des parties civiles, la satisfaction l'emporte. Avocat de l'Association française des victimes du terrorisme et de deux autres parties civiles, Me David Père souligne que, « le juge d'instruction pourra à présent travailler de façon apaisée ». Quant à Me Romain Boulet, représentant quatre autres parties civiles dont une petite-fille de Jo Goldenberg, mort en 2014 à l'âge de 91 ans, il déclare « se satisfaire de deux choses. Comme citoyen, que le système judiciaire permette à un mis en examen de faire valoir ses droits. Et pour les parties civiles, que l'instruction puisse suivre son cours en espérant aboutir à un procès ».

L'extradition d'Abou Zayed, un pas décisif

La route est encore longue avant la fin de l'instruction et un éventuel procès. L'extradition de Walid Abdulrahman Abou Zayed par la Norvège, après un premier refus en 2015 et l'entrée en vigueur en 2019 d'un traité avec l'Union européenne, a certes été un pas décisif. Âgé de 62 ans, ce Palestinien naturalisé norvégien y vivait depuis 1991. Accusé d'avoir été un des membres du commando ayant mitraillé et lancé des grenades contre le restaurant Jo Goldenberg le 9 août 1982, Abou Zayed nie. Il est mis en cause par trois anciens hauts responsables du groupe terroriste d'Abou Nidal. Trois autres suspects ont été identifiés et visés par des mandats d'arrêts internationaux en 2015. Deux vivaient en Jordanie et la justice locale a définitivement refusé leur extradition en 2019. Le troisième vivrait dans les Territoires palestiniens mais se trouverait actuellement hors d'atteinte de la justice française. Pour l'heure, Paris doit recevoir les résultats de plusieurs commissions rogatoires délivrées par le magistrat instructeur. En attendant un possible procès dans quelques années.

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