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Publié le 22 Février 2022

France - Le Crif attend une "nouvelle stratégie" pour lutter contre l’antisémitisme

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) attend des pouvoirs publics une « nouvelle stratégie » pour lutter contre l’antisémitisme, à la veille de son traditionnel dîner « républicain » auquel les candidats des « extrêmes » à la présidentielle ne sont pas conviés.

Publié le 22 février dans Sud-Ouest

Après avoir été annulée deux années de suite, en raison de la crise sanitaire, cette 36ème édition du dîner du Crif réunira jeudi, comme à son habitude, politiques, ambassadeurs, religieux, syndicalistes, artistes, personnalités des médias, etc, soit au total un petit millier de personnes attendues au Caroussel du Louvre.

Les extrêmes « dangereux »

L’évènement aura l’élection présidentielle comme toile de fond. Le presque candidat Emmanuel Macron y est attendu pour un discours, mais en tant que chef de l’État. Autres prétendants à l’Élysée présents, mais qui ne s’exprimeront pas : Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, Anne Hidalgo, maire de Paris, ou encore le candidat écologiste Yannick Jadot. Fabien Roussel (PCF) a décliné pour cause de meeting.

En revanche Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête), et Jean-Luc Mélenchon (LFI) n’ont pas été conviés. « Comme traditionnellement depuis que ce dîner existe, les représentants des partis extrêmes ne sont pas invités », affirme Francis Kalifat, président du Crif, vitrine politique de la première population juive d’Europe (un demi-million de personnes). « Les extrêmes sont dangereux pour la France et dangereux pour les Juifs. L’Histoire nous l’a montré ».

Stratégie ciblée

Parmi les thèmes qui lui sont chers et qu’il entend rappeler jeudi, figure la lutte contre l’antisémitisme. « La stratégie, à travers des plans globaux de lutte contre différentes haines, n’est pas la bonne », dit-il, faisant allusion aux derniers plans triennaux de lutte contre le racisme et l’antisémitisme mis en place en 2012, en 2015, et 2018.

« Il faut passer à une stratégie ciblée, parce que chacune des haines répond à des ressorts différents », souligne-t-il. « Je sais que c’est une préoccupation des gouvernements » ces dernières années. « Mais force est de constater que l’antisémitisme progresse », estime M. Kalifat.

Il fait valoir que les actes antisémites répertoriés par le ministère de l’Intérieur à partir des dépôts de plainte « ont augmenté de 74 % », passant de 339 en 2020 à 559 en 2021. Ils ont au contraire « diminué de 14 % » par rapport à 2019 (617 actes), souligne le ministère. En 2018, 541 actes avaient été recensés, en deçà des pics de 2014 (851) et 2004 (974).

Relents antisémites

Le Crif a mis en place il y a deux ans un « observatoire de la haine antisémite en ligne », qui recense environ « 50 000 à 60 000 contenus haineux chaque année » sur la Toile.

Pour sa part, Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié, relève que la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah, qui procède notamment à de nombreux signalements de haine en ligne), « a beaucoup travaillé ». « Mais on voit bien que la crise du Covid a libéré la parole antisémite, que dans les manifestations anti vaccins réapparaissent des manifestations d’antisémitisme. Comme toujours dans l’Histoire, les crises sont l’occasion de rumeurs et de complotisme », regrette-t-il, attendant du chef de l’État qu’il « s’engage fortement » sur ces sujets.

 

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