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Publié le 13 Décembre 2021

France - "Sur le Coran, je vais t’égorger" : des paroissiens menacés de mort lors d’une procession religieuse à Nanterre

La messe de ce dimanche s’est déroulée sous surveillance policière à l’église Sainte-Marie-des-Fontenelles, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Lors d’une procession, mercredi 8 décembre, des catholiques ont été agressés. Une enquête judiciaire pour menaces de mort et violences en raison de l’appartenance religieuse est ouverte.

Publié le 12 décembre dans Le Parisien

C’est une messe pas comme les autres qu’a célébrée ce dimanche matin le père Aniceto Diogo, curé de la paroisse Sainte-Marie-des-Fontenelles de Nanterre (Hauts-de-Seine), devant une centaine de fidèles. L’émotion est encore vive au sein de la paroisse, quatre jours après qu’une trentaine de catholiques a été victime d’insultes et de menaces de mort. Des menaces proférées par une dizaine de personnes, lors d’une procession nocturne organisée pour la fête de l’Immaculée Conception mercredi 8 décembre, selon une information révélée par Le Figaro samedi soir. Devant l’église, ce dimanche, une patrouille de police sécurisait l’office, dans le cadre d’un dispositif de vigilance renforcé.

« Les fidèles ont été choqués par cette prise à partie », a déclaré le père Diogo à la fin de la messe, avant d’annoncer que l’évêque de Nanterre se rendrait à Sainte-Marie-des-Fontenelles dimanche prochain pour « témoigner de sa proximité et de son soutien » aux victimes. L’incident rappelle de mauvais souvenirs. « Avec ce qui s’est passé à Saint-Étienne-du-Rouvray puis à Nice l’an dernier, on ne prend pas cela à la légère, dit un paroissien. Des menaces de mort, ce n’est pas anodin, tout le monde se sent concerné. »

« On était visé parce qu’on est chrétien »

Un des coordinateurs de la procession, Alain (le prénom a été changé), raconte ce qu’il s’est passé mercredi peu après 19 heures au cœur du quartier Pablo-Picasso. « Nous sommes partis de l’église Saint-Joseph, rue Edmond-Dubuis, pour un trajet en direction de Sainte-Marie au cours duquel nous devions faire deux arrêts. Lors de la première halte, sur la pelouse, au milieu des tours, près du foyer Les jours heureux, nous commençons à prier et à chanter, et nous avons entendu des invectives venant d’un groupe d’une dizaine de personnes, des jeunes adultes d’environ 20 à 30 ans. »

Les insultes commencent à pleuvoir : « Vos mères les putes », « Vous n’êtes pas à Neuilly ou à Puteaux ici. » Alain décrit un des individus comme le « meneur », accompagné de trois autres hommes, le reste du groupe restant en retrait. « Il s’est approché du prêtre et a tenté de l’asperger avec une bouteille d’eau. On est monté en tension, et c’est là que sont venues les menaces de mort », raconte le témoin.

« Sales kouffars » (mécréants), « sur le Coran, je vais t’égorger », aurait même dit l’un des agresseurs au père Diogo. « Il est clair qu’on était visé parce qu’on est chrétien », dit Alain. Le groupe de fidèles décide donc de reprendre la marche pour quitter le secteur. Dans la confusion, Alain reçoit dans le dos un flambeau jeté par le « meneur » mais s’en tire sans blessure. « Il n’y a pas de victimes à déplorer, mais les actes étaient clairement hostiles, constate Alain. Ils ont réagi comme si on était sur leur territoire. »

Aucun suspect n’a encore été interpellé

Présente au départ de la procession avant de laisser le cortège, la police est revenue sur place au moment où les fidèles poursuivaient leur chemin vers Sainte-Marie-des-Fontenelles. Les agresseurs n’étaient plus là.

Au lendemain des faits, les victimes ont relaté les faits par écrit au commissariat, en attendant de déposer plainte ce lundi. Mais c’est suite à un message posté sur Twitter par l’un des fidèles agressés que l’affaire a pris de l’ampleur, vendredi soir. Le lendemain, la préfecture des Hauts-de-Seine publie un communiqué dans lequel elle condamne « les injures, menaces et intimidations » proférées lors de la procession. Le diocèse de Nanterre enchaîne en donnant les premiers éléments et en indiquant son intention de porter plainte. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a réagi samedi soir et dénoncé des « actes inadmissibles ».

Le parquet de Nanterre a saisi la Sûreté territoriale d’une enquête pour « menaces de mort, menaces de crime ou de délit contre des personnes et violences en réunion aggravées en raison de l’appartenance religieuse des victimes ». Ce dimanche soir, aucun suspect n’avait encore été interpellé.

 

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