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Publié le 24 Janvier 2023

Interview Crif - Entretien avec Mathieu Lefèvre, député et Président du groupe d'études sur l'antisémitisme

Mathieu Lefèvre est député du Val-de-Marne et a été récemment nommé Président du groupe d'études sur l'antisémitisme à l'Assemblée nationale. Nous l'avons interrogé à cette occasion sur le rôle de ce groupe d'études et sur ses ambitions et projets.

Le Crif : Le groupe Renaissance vous a confié la présidence du groupe d'études sur l'antisémitisme. Pouvez-vous nous préciser le rôle de ce groupe et quelles seront vos priorités ? 

Mathieu Lefèvre : C’est pour moi un grand honneur que de présider ce groupe d’études, qui a vocation à lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes et à rappeler l’attachement indéfectible de l’Assemblée nationale à ce combat auquel je compte personnellement prendre toute ma part. Dans la continuité des travaux menés par Sylvain Maillard, notamment pour mettre en œuvre la définition de l’antisémitisme au sens de l’IHRA, je veux mener un travail en faveur de l’éducation des consciences à la barbarie antisémite. Je mènerai ainsi une action déterminée pour que l’on enseigne son histoire, pour que ses terribles conséquences puissent servir de leçon aux générations qui viennent et pour qu’aucun enseignant de France n’ait peur d’enseigner l’histoire de la Shoah à ses élèves.

 

Le Crif : Quel état des lieux dressez-vous sur la situation de l’antisémitisme en France ? 

Mathieu Lefèvre : La haine antisémite continue de menacer, de violenter et de tuer dans notre pays, au 21e siècle, mais nous observons également une montée de l’antisémitisme du quotidien. Une haine qui ne dit pas toujours son nom, qui se cache derrière des idéologies et qui trop souvent s’abrite derrière le paravent de l’antiracisme ou de l’antisionisme. La proposition de résolution déposée l’été dernier par une partie de l’extrême gauche est révélatrice de cette stratégie perverse dont je veux dénoncer les ressorts. C’est la raison pour laquelle nous devons impérativement nous élever contre la moindre menace, la moindre atteinte, la moindre insulte à visée antisémite. Il faut apporter une réponse à chacun de ces actes – aussi insignifiant fût-il en apparence – afin d’empêcher les conséquences de cette haine. Il y a aujourd’hui, plus encore qu’au siècle précédent, des antisémitismes en France dont il faut arracher les racines. 

 

Le Crif : Il y a quelques mois, le Rassemblement national a tenté de prendre la présidence du groupe d'études. Quelle place sera accordée à l'extrême droite ainsi qu'aux autres partis d'extrême ? 

Mathieu Lefèvre : Disons-le clairement : il était impensable que ce groupe d’études fût présidé par un membre d’une famille politique qui a évoqué les chambres à gaz comme un « point de détail » de l’Histoire. Nous avons la mémoire politique longue et jamais la Présidente de notre Groupe, Aurore Bergé, ni mon prédécesseur n’auraient laissé faire. Les élus du Rassemblement national qui souhaitent faire partie de ce groupe d’études le pourront, c’est leur droit. Je ne tolèrerai en revanche aucun dérapage de leur part. 

 

Le Crif : Six mois après les élections, quel est votre ressenti sur le fonctionnement de cette législature, notamment dans un contexte de majorité relative et de recomposition de l'Hémicycle ? 

Mathieu Lefèvre : Les Français ont fait le choix de réélire un Président de la République en fonction et de reconduire sa majorité parlementaire, bien que relative. C’est un choix historique. Personne d’autre qu’Emmanuel Macron n’y était parvenu avant le Général de Gaulle. Et bien que cette majorité soit relative, j’observe que la totalité des projets et propositions de lois du Gouvernement et de la majorité parviennent à leur terme, au service de la protection des Français dans un contexte de crises plurielles. Voilà le signe que nos institutions fonctionnent et que nous obtenons des résultats – économiques, écologiques et régaliens – en dépit de l’absence de majorité absolue. Nous y parvenons car nous sommes prêts au compromis, dans les limites du projet républicain, humaniste et libéral du Président de la République. Je suis convaincu que de plus en plus de parlementaires raisonnables nous rejoindrons sous l’autorité de la Première ministre, car notre projet est le seul qui parvienne à des résultats concrets pour les Français, loin des outrances des deux extrêmes.