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Publié le 13 Septembre 2021

Interview Crif - "L'objectif de la Claims est d'assurer aux survivants une vie décente", Marc Weill

L’Allemagne, via la Claims Conférence finance des aides directes aux survivants mais également des programmes de maintien à domicile. Entretien avec Marc Weill, chargé mieux faire connaître les dispositifs pour les survivants, pour le plan France de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS).

Le Crif : Qu’est-ce que la Claims Conférence ? Quels sont ses objectifs ?

Marc Weill : Lorsqu’en 1951, l’Allemagne a accepté de reconnaître sa responsabilité dans les crimes nazis, 23 organisations juives du monde entier (dont le CRIF et l’AIU pour la France) se sont rassemblées au sein de la Conference on Jewish Material Claims Against Germany pour négocier au nom des Juifs du monde entier des compensations financières et des restitutions pour les victimes des persécutions nazies. Le crime de la Shoah est immatériel et rien ne pourra jamais compenser les pertes subies par le peuple juif. Mais l’objectif de la Claims est d’obtenir une « petite mesure de justice », de faire que ceux qui ont souffert et qui ont le plus souvent tout perdu ou sont désormais dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins, puissent être compensés par des aides, autant que faire se peut, pour leur assurer une vie décente, qu’il s’agisse d’aide financière, ou d’aide humaine. Au fil des ans, la Claims a élargi le champ de ses interventions mais le cœur de son action reste centré sur les besoins des survivants. La Claims vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle allait obtenu que le gouvernement allemand finance une nouvelle pension pour les Juifs qui vivaient en France sous les persécutions mais sans être dans une clandestinité totale. Cela ne s’appliquera qu’aux personnes qui n’ont pas obtenu « l’article 2 ».

 

Le Crif : Quelles relations entretiennent la FMS et la Claims Conférence ?

Marc Weill : La Claims et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah sont partenaires car leurs objectifs sont communs. Mais alors que la FMS finance des projets, menés par des organisations au service des survivants comme Passerelles ou l’OSE, la Claims finance des aides directes ou indirectes aux personnes. Or ces aides sont méconnues. La FMS a ainsi choisi de me missionner pour mieux faire connaître les dispositifs pour les survivants, d’autant qu’ils concernent désormais tous les Juifs qui ont vécu la guerre et ont connu les persécutions, y compris les Juifs d’Algérie qui ont subi les lois antisémites du régime de collaboration de Vichy. Le « plan France » de la FMS vise ainsi à identifier les besoins des victimes de persécutions antisémites en France, en particulier les besoins d’aide à domicile, en complément des aides publiques disponibles.

 

Le Crif : L’Allemagne, via la Claims Conférence finance des aides directes aux survivants mais également des programmes de maintien à domicile. Quels sont les critères d’éligibilité ?

Marc Weill : Pour bénéficier des programmes d’aide à domicile de la Claims Conference, il faut d’abord avoir été reconnu comme victime de persécution antisémite pendant la Seconde Guerre mondiale et avoir perçu une indemnisation à ce titre, qu’il s’agisse du « Hardship Fund » pour les juifs d’Algérie, de Tunisie, et dans certains cas, du Maroc, ou, comme c’est le cas depuis longtemps, des pensions allemandes, « BEG » ou « article 2 », qui concernent les survivants des camps, les enfants cachés, les personnes qui ont vécu dans les ghettos etc, ou encore de la nouvelle indemnisation qui vient d’être annoncée. Ensuite, pour l’aide à domicile, il faut d’abord avoir sollicité les aides publiques, la Claims finançant soit des heures complémentaires d’aide, soit une participation financière sur les frais. Il y a aussi des critères de ressources, mais ils ne sont pas draconiens : on n’a pas à déclarer sa résidence principale si on est propriétaire, ni sa pension de retraite.

 

Le Crif : Comment faire une demande d’aide ?

Marc Weill : J’ai été missionné pour orienter les personnes, donc on peut m’appeler au 06 45 75 24 18. Mais si on a déjà un numéro Claims, on peut bien sûr s’adresser directement à une des trois agences agréées par la Claims en France, Adiam Solidarité (06 64 18 34 73), Casip-Cojasor (01 49 23 71 30) ou Casim Améa pour le Sud de la France (04 96 10 06 70).

Le processus pouvant être long, j’invite instamment les bénéficiaires potentiels à faire les démarches en amont, avant que la situation ne devienne urgente.

 

Le Crif : Quelles sont les autres actions menées par la Claims Conférence ?

Marc Weill : La Claims fait actuellement une campagne sur les réseaux sociaux contre l’antisémitisme : "It started with words". Elle essaie d’obtenir que l’Allemagne finance, à plus grande échelle qu’aujourd’hui,  des programmes de transmission de l’histoire et de la mémoire de la Shoah, et également de lutte contre l’antisémitisme. La Claims est également très impliquée dans les négociations sur les restitutions, pour que chaque pays mette en œuvre des politiques de réparation, comme ce qui a été fait en France avec la création de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et la CIVS (Commission d’indemnisation des victimes de spoliations antisémites) en 2000.

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